Espions et génies: à voir !
Read or Die est une série d’OAV tirée d’un manga de Hideyuki Kurata (publié dans le magazine Ultra Jump) et ayant bénéficiée de moyens de production conséquents, comme l’atteste le niveau de son animation. Cette série surprend donc agréablement par une réalisation soignée et une intrigue rétro fantastique mâtinée d’une ambiance assez british, dans le genre de la série télé The Avengers (Chapeau melon...), toutes proportions gardées. Aussi dès le début le générique donne le ton : design léché et musique jazzy avec réminiscences d’un style « jamesbondien ». Voilà qui fleure bon le mystère, l’aventure et les agents secrets..
La scène d’introduction ne manque pas d’humour tout en plongeant directement le spectateur dans le bain : Washington, la nuit, un homme qui se présente comme un génie (Djinn) et manipule la foudre s’attaque par erreur au Président des Etats-Unis (ce dernier en mouille son pantalon). Croyant se trouver dans la bibliothèque du Congrès il détruit en fait, totalement, la Maison Blanche ! Une façon de nous dire que dans le monde de Read or Die, les enjeux de pouvoir ne sont pas là où nous en avons l’habitude. Ainsi se sont les livres qui fournissent la principale substance de l’intrigue. Mais pas n’importe lesquels, de préférence des livres rares et anciens renfermant des savoirs énigmatiques... Pas de doutes, en plus de ses qualité artistique et technique, voilà un des points forts de cet OAV : utiliser le caractère mystérieux des vieux « bouquins » et des bibliothèques (« arcanes du savoir ») pour nous plonger dans une histoire empreinte d’une dimension steampunk (histoires de SF se situant dans un 19ème siècle européen fantaisiste). Même si ROD se déroule dans une époque contemporaine, nombre des ses ingrédients s’inscrivent dans une optique steampunk et en premier lieu les technologies, proches de l’Alchimie, dont usent certains « génies ». Enfin, que les personnages principaux agissent au sein de la « Division des Opérations Spéciale de la Royal British Library », nous rapproche encore un peu plus de cette imagerie en s’inscrivant, comme la majorité des histoires steampunk, dans un registre anglo-saxon (l’Angleterre du 19ème fut le terreau de la révolution industrielle). Entre espionnage et fantastique à la mode « vieille Europe » (avec références typiquement asiatiques en « sus »), l’univers proposé ne manque finalement pas de richesse et d’intérêt.
Il est en de même avec les personnages, au chara design soigné, quasiment tous dotés de pouvoirs particuliers. Si les différents génies (tous se présentant sous l’identité de personnages historiques réels ou mythologiques) qui apparaissent au cours de la série se situent dans une veine plutôt rétro fantastique, les agents de la British Library font penser, les collants en moins, à un mixe entre super héros comics et agents secrets british : ainsi Yomiko Readman commande t-elle au papier tandis que Miss Deep est aussi bien une émanation d’Emma Peel, l’égérie de Steed dans The Avengers, qu’elle fait penser à Kitty Pride (Etincelle des X-Men) pour son pouvoir de dématérialisation. Quant aux autres membres du groupe, Drake Anderson, le Joker et Gentleman (l’énigmatique chef), s’il ne semblent pas être dotés de pouvoirs particuliers, ils renforcent tout de même le côté « au service de sa majesté » de la série : Drake, avec son look de commando britannique, incarne le baroudeur de service pendant que le Joker évoque le Lord anglais. De tous les personnages c’est Miss Deep et l’aura de mystère l’entourant qui suscite le plus d’intérêt. Bien que Yomiko soient celle à travers qui on suit l’histoire, elle est surtout intéressante pour sa relation avec Miss Deep.
Paradoxalement, c’est ce foisonnement d’idées et de personnages intéressants qui sont, indirectement, à la base d’une des rares faiblesses de la série. Le format utilisé, à savoir un OAV de 3 épisodes d’une trentaine de minutes chacuns, ne permet pas vraiment d’exploiter à fond le riche background de l’histoire. Bien que l’intrigue principale trouve son aboutissement, on reste avec le sentiment de n’avoir fait qu’effleurer l’univers de ROD. Mais c’est un défaut qui ne risque pas de durer puisque une suite devrait bientôt voir le jour. Et la matière ne manque franchement pas. Une très bonne série pas « prise de tête », avec la bonne dose d’action, de sentiment et de mystère.
Très efficace
Dès les premières minutes, Read or Die se révèle assez surprenant. L'héroïne se shoote aux livres et passe tout son salaire à dévaliser les librairies desquelles elle extrait des œuvres dont la lecture lui procure des sensations quasi-orgasmiques. Heureusement que l’action ne tarde pas à surgir et à embarquer le spectateur dans un tourbillon d’aventures. Sinon on aurait presque pu se demander sur quoi on était tombé. Pourtant à partir de là, il devient difficile de s’arrêter et les 3 OAV s’enchaînent à toute allure.
Les raisons en vrac. Parce que le chara-design est réussi et soigné (malgré quelques poitrines un peu trop opulentes). Parce que les décors sont travaillés dans les moindres détails et que ça saute aux yeux dès les premières scènes. Parce que les agents spéciaux portent très très bien leur qualificatif avec leurs pouvoirs pas forcément si originaux mais très bien mis en valeur. Parce que les ennemis sortent complètement de l’ordinaire. Parce que citer des auteurs et des musiciens à bon escient, c’est un plus non négligeable. Parce que le rythme est impeccablement dosé. Parce qu’il y a pas mal de retournements de situations bien amenés. Parce que Miss Deep a la classe mais qu'elle n'a pas que ça pour elle. Parce que la scène en haut de la Statue de la liberté est aussi hallucinante que la scène où Tôru doit rattraper Yuki dans un déluge de beignets (<em>Fruits Basket</em>). Parce que la BO est entraînante au possible et que le générique de début en particulier est une vraie réussite, y compris visuellement. Parce qu’il y a de l’humour qui fait mouche. Parce qu’Astec le dit bien mieux que moi dans sa critique mais que le répéter ça ne fait pas de mal. Parce que même après 2 visionnages ça passe toujours aussi bien. Parce que ça serait dommage de bouder son plaisir. Parce que voilà !