Kumite n°31

Info sur l'article

Type Revue
Editeur Seven Sept
Date de Sortie 28/02/2007
Prix constaté 12,99 €
Plus d'info Accompagné du DVD du film Rush Hour.

Notre Avis

Alors que Mad Asia et Asia Pulp ont cessé de paraître, le 31ème numéro de Kumite arrivera quant à lui en kiosques et maisons de la presse dès mercredi. Toujours accompagné d’un DVD, le magazine trimestriel édité par Seven Sept se retrouve maintenant seul sur le créneau de l’actualité du cinéma asiatique.

Kumite, c’est avant tout un magazine où la proportion de comptes-rendus de festivals et d’interviews peut étonner. Sans surprise, on retrouve en effet l’infatigable Frédéric Ambroisine (ainsi qu’Olivier Lehmann et les autres habitués), dont les nombreuses pérégrinations permettent d’apporter au magazine un contenu qui correspond finalement à une nécessité. L’achat du magazine se justifie en effet en grande partie par un contenu que l’on ne saurait trouver ailleurs.

Une fois sorti du blister, le magazine peut enfin être manipulé. Force est de constater que la présentation est toujours aussi agréable. Dans un format proche du A4, Kumite bénéficie d’une mise en page moderne et claire, permettant de distinguer très clairement les différentes rubriques. La lecture est toujours aisée, malgré une quantité de texte parfois impressionnante. Détail très important pour certains, le papier est ici toujours d’aussi bonne qualité, malgré une légère transparence. La couverture, elle aussi glacée, est assez épaisse et saura protéger le magazine lors des transports au fond du sac.

Une fois le magazine ouvert, on tombe tout d’abord sur un éditorial évoquant la disparition de Mad Asia et d’Asia Pulp, soulevant finalement la difficulté à trouver son lectorat aujourd’hui dans le domaine de l’actualité du cinéma asiatique. Internet rendant l’information accessible à tous, gratuitement, les publications doivent tenter de s’adapter pour pouvoir espérer survivre sur un marché finalement extrêmement réduit. Et de conclure finalement que Kumite, magazine accompagné d’un DVD pour certains, DVD accompagné d’un magazine pour d’autres, ne sera pas remplacé de sitôt par un magazine seul. Nous reviendrons plus bas sur cette question.

Après un sommaire plus que concis, neuf pages sont tout d’abord consacrées à l’actualité. La Corée occupe une grande place, sans trop de surprise. Il s’agit presque exclusivement d’annonces de films en pré-production, en cours de tournage ou en post-production. Comme d’habitude, la surprise vient du fait que nombre de news ont un caractère inédit ou apportent des précisions que l’on ne peut pas toujours trouver sur Internet à la date de publication du magazine. C’est un bon point dans la mesure où c’est précisément ce genre de contenu que l’on peut imaginer contraint à disparaître avec les modifications de nos habitudes en termes d’information. Les délais de publication et d’actualisation dans la presse, surtout dans un magazine trimestriel, peuvent laisser penser à juste titre que des sites spécialisés tels que ceux que l’on connaît peuvent fortement redessiner le contenu de telles publications. Ces neuf pages sont toutefois la preuve que des relations privilégiées avec certains distributeurs permettent aujourd’hui encore de proposer un contenu inédit sur un support papier, même dans un domaine où l’information circule pourtant très vite.

Vient ensuite le film « à l’affiche ». Il s’agit cette fois-ci du dernier film de Zhang Yimou, La Cité Interdite. La critique est étonnamment courte et donc assez légère. De manière générale, même si les films à l’affiche bénéficient parfois de chroniques plus consistantes (deux pages pour Perhaps Love dans le numéro précédent, quatre pages pour le Maître d’Armes dans celui d’avant), Kumite n’a jamais été caractérisé par des critiques qui s’étendent. Les films sont généralement présentés en une page, laissant la place à une ou plusieurs interviews de personnes liées au projet, comme nous allons le voir par la suite.

Arrivent ensuite les « previews ». Ca commence avec The Banquet, critiqué en une petite page et suivi… d’une interview de Daniel Wu sur cinq pages ! Pas de doute, c’est bien Kumite que l’on a entre les mains. Cela continue avec Exilés et son interview de Roy Cheung (deux pages), puis avec The Pye-Dog et l’interview de son réalisateur, Derek Kwok (deux pages également).

C’est ensuite le tour de la rubrique « Kumite Report », traditionnellement consacrée aux comptes-rendus des derniers festivals. Sur les vingt pages qu’occupe cette rubrique, on ne trouvera pas moins de quatorze pages d’interviews ! Si le Festival tout à fait Thaï, qui s’est tenu en septembre à la cinémathèque, prend six pages (deux interviews), le reste de la rubrique est exclusivement consacré au festival de Pusan 2006. Deux pages ont tout d’abord le mérite de faire le point sur les films les plus attendus, l’article distribuant bons points et mauvais points sur un ton très personnel assez agréable, manquant peut-être toutefois un tantinet de retenue par moments (l’auteur n’hésitant par exemple pas à qualifier de « désastreux » les deux films de Hong Sang-soo produits par mk2). Les films A Dirty Carnival (qui fait la couverture de ce numéro) et Driving with my Wife’s Lover sont ensuite tous deux chroniqués en une page et suivis d’une interview de leur réalisateur respectif. Ce ne sont finalement pas moins de huit interviews que l’on trouvera dans cette rubrique.

La rubrique « Focus » revient ensuite sur Le Maître d’Armes, film qui faisait d’ailleurs la couverture de Kumite n°29. Ce « Focus » est en fait constitué de deux interviews, de Ronny Yu et de sa scénariste. Quatre pages où il est question des inspirations et de la conception du film, mais aussi bien entendu des nombreuses coupes ayant remodelé le long-métrage.

La traditionnelle rubrique « Flashback » revient tout d’abord sur quatre films de Kurosawa en deux articles. Le premier revient sur L’Ange Ivre, Chien Enragé et Entre le Ciel et l’Enfer. Le second est consacré à Vivre dans la Peur. Ces quatre films bénéficient d’une nouvelle édition chez Wild Side. L’éditeur Carlotta n’étant pas en reste, on trouve également un article consacré à Masaki Kobayashi, dont les films Hara-Kiri et La Condition de l’Homme viennent d’être édités en DVD. Cette rubrique se termine sur un article consacré à la Film Workshop et aux films sortis de cette maison de production ici qualifiée de laboratoire d’expérimentations. L’auteur revient justement sur les expérimentations et les processus créatifs qui ont conduit à la réalisation de « films brouillons » auxquels il n’hésite d’ailleurs pas à associer Green Snake (au passage qualifié de « film mineur »). Intéressant.

Huit pages sont enfin consacrées aux sorties vidéo, la dernière page du magazine chroniquant quant à elle deux livres sortis récemment.

Avec ses comptes-rendus de festivals et ses trente pages d’interviews, Kumite reste fidèle à la ligne éditoriale adoptée depuis maintenant plusieurs années. Le magazine semble avoir trouvé un certain équilibre depuis son lifting de 2005 et parvient à proposer tous les trois mois un contenu riche et en grande partie inédit. Avec quatorze interviews dans cet unique numéro, Kumite se positionne comme source complémentaire d’informations relatives au cinéma asiatique. Si le magazine ne pourra vraisemblablement pas lutter avec les sites spécialisés sur le créneau de l’actualité pure, il parvient toutefois à apporter des informations inédites et a clairement le potentiel pour séduire le cinéphile qui souhaite mieux comprendre le cinéma asiatique grâce à des articles de fond et des entretiens avec les acteurs de cet univers qu’il affectionne.

Dommage pourtant que son prix le rende peu accessible. Le magazine comptant 68 pages, il est difficile de justifier les 12,99 € qu’il convient de débourser pour le lire autrement que par la présence du film qui l’accompagne. Et c’est là que se pose la question de savoir si Kumite ne gagnerait finalement pas à être proposé également sans DVD. Il va de soi que le film constitue un attrait pour le lecteur potentiel qui ne se serait peut-être pas penché sur la revue seule. Mais que fera le lecteur habitué qui se retrouve face à un magazine accompagné d’un film qu’il ne souhaite pas voir ou qu’il possède déjà ? De même, combien de personnes n’ont jamais eu l’occasion de feuilleter le magazine, naturellement vendu sous blister ? Au final, Kumite parvient à s’assurer une certaine sécurité en raison de son format de vente, mais c’est certainement au détriment de la fidélisation d’une partie son lectorat. Ce qui est bien dommage.

Pour ce qui est de la publicité, elle se fait toujours aussi discrète, avec seulement six pages, toutes en rapport avec le cinéma. Pas de concours dans ce numéro-ci toutefois.

Au rayon des critiques, précisons enfin que le dernier numéro contient de trop nombreuses fautes d’orthographe, difficilement excusables. Un participe passé à la place d’un infinitif ne fait jamais très sérieux. Encore moins quand on trouve la faute répétée cinq fois. Espérons que la relecture sera plus soignée pour les prochains numéros.

Quoi qu’il en soit, au vu de ses qualités, Kumite est bel et bien un magazine accompagné d’un DVD plutôt qu’un DVD accompagné d’un magazine. Même si le public auquel il se destine est assez réduit, Kumite a clairement sa place sur le marché réduit qu’il cible.

Kumite n°31 sera disponible à partir du mercredi 28 février 2007 et restera en vente trois mois. Il est accompagné du DVD du film Rush Hour et est vendu 12,99 € en kiosques et maisons de la presse.

Site du magazine (avec présentation vidéo) : cliquer ici.
Aurélien
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