Le Cinéma Japonais

Info sur l'article

Type Livre
Editeur Editions du Rocher
Date de Sortie 02/06/2005
Prix constaté 26 euros

Notre Avis

Un livre qui représente un très bon compromis pour connaître en profondeur le cinéma japonais sans trop investir budgétairement. Il est écrit par Donald Richie, la référence américaine sur le sujet : il arrive en 1947 au Japon comme journaliste pour Pacific Stars and Stripes puis commence à chroniquer des films pour ce journal. En 1959, son livre The Japanese Film : Art and Industry est un des facteurs majeurs de l'intérêt outre atlantique pour le cinéma japonais (Paul Schrader, scénariste de Taxi Driver mais aussi de Yakuza, le décrit comme un choc dans son excellente préface). Donald Richie passera les décennies suivantes à non pas actualiser mais réinventer sa vision du cinéma japonais : Japanese Cinema : Film Style and National Character (1971) décrit la lutte des cinéastes pour préserver l'identité japonaise dans un art occidental. Japanese Cinema : An Introduction (1990) se concentre sur les conditions de production dans le cinéma japonais. Ses livres sur Ozu et Kurosawa sont également des références en la matière. L'approche de Richie est très différente de celle de la cinéphilie européenne fondée sur le cinéaste/artiste/auteur. Ici, il montre comment les conditions de tournage peuvent engendrer certains choix esthétiques (même si le cinéaste est conscient de leur portée culturelle). Même si elle est contestable, sa méthode qui consiste à essayer de voir la communauté d'esthétique et de choix de mise en scène du cinéma japonais du muet à nos jours a l'avantage de permettre de mettre en évidence les codes esthétiques et narratifs de cette cinématographie. Le livre raconte l'histoire du cinéma japonais du muet à nos jours (y sont d'ailleurs évoqués sans condescendance Harada, Iwai, Tsukamoto et le nouveau cinéma d'auteur ainsi que l'Anime, preuve que Richie ne prend pas une pose nostalgique malgré son age). Pour chaque période artistique, les réalisations de cinéastes marquants sont commentées de façon exhaustive ce qui permet de replacer les films visibles en Occident dans une œuvre globale.

Des Kurosawa moins connus (Ceux qui marchent sur la Queue du Tigre) y auront droit à autant de commentaire que Ran. Celui qui recherche des renseignements sur les valeurs sures (Kurosawa, Mizoguchi, Naruse, Ozu, Kobayashi) comme sur des cinéastes moins connus (Gosha, Suzuki, Inagaki, Fukasaku, Itami entre autres) y trouvera son compte. Outre de très attendus récapitulatifs des périodes historiques du Japon, bibliographies du cinéma japonais et un glossaire, la très bonne idée du livre est de récapituler les films japonais marquants d'hier et d'aujourd'hui disponibles en dvd zone 1 et vhs ntsc américaines et japonaises (avec l'indication de présence ou pas de sous-titres anglais) accompagnés d'un petit commentaire sur les films ainsi que la liste de sites internets permettant d'acheter des imports japonais. Une très bonne idée vu la difficulté d'accès de ce cinéma hors ses auteurs consacrés. Une des qualités de l'approche américaine du cinéma japonais reflétée par ce livre est qu'elle rend compte de ce cinéma de façon assez exhaustive (sauf pour le roman porno qui est survolé de même que les années 70) contrairement à la politique des auteurs française qui sacralisa certains très grands au détriment de cinéastes de talent.

Ordell Robbie
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