Type | Livre | |
Editeur | Cahiers du Cinéma | |
Date de Sortie | 02/11/2006 | |
Prix constaté | 8,5 euros | |
Plus d'info | Présentation de l'éditeur: C'est à travers l'importation d'un genre populaire, le film de kung-fu, et d'une star internationale, Bruce Lee, que les spectateurs occidentaux ont fait connaissance avec le cinéma chinois dans les années 70. Au cours des 15 dernières années, les films chinois ont gagné toutes les grandes récompenses internationales, conquis le grand public, et transformé de manière irréversible le cinéma d'action, à Hollywood comme partout ailleurs. S'il est légitime aujourd'hui de parler d'" un " cinéma chinois - il existe un monde chinois, une culture chinoise, reflétés par le cinéma qui en est issu - il va bien, en fait, quatre cinémas chinois : ceux de Chine continentale, de Hong-Kong, de Taiwan et de la diaspora chinoise, dotés chacun d'une identité spécifique. L'ouvrage retrace un siècle d'histoire jalonné d'œuvres exceptionnelles incarnées par des figures marquantes. On peut citer en Chine Le Roi des enfants de Chen Kaige, Epouses et concubines de Zhang Yimou, The World de Jia Zhangke ; à Hong Kong : L'Hirondelle d'or de King Hu, The Killer de John Woo, In the Mood for love de Wong Kar-wai ; à Taiwan Le Maître de marionnettes de Hou Hsiao-hsien, Yi Yi de Edward Yang. Jean-Michel Frodon met en évidence les principaux traits stylistiques du cinéma chinois, leurs relations avec la culture de cette région du monde, les multiples apports spécifiques de la Chine au langage cinématographique. Biographie de l'auteur Jean-Michel Frodon est directeur des Cahiers du cinéma. Il enseigne à Paris I Sorbonne. Il est notamment l'auteur de La Projection nationale (Odile Jacob), Hou Hsiao-hsien (dir. Cahiers du cinéma), Horizon cinéma (Cahiers du cinéma). |
S'ouvrant par un rappel du caractère récent de l'explosion du cinéma chinois en Occident, ce livre d'introduction à l'ensemble du cinéma chinois se compose de deux parties:
-une prermière offrant des historiques des cinémas de Chine continentale, Hong Kong et Taiwan, un chapitre sur les expatriés chinois à Hollywood, un chapitre sur ce que ce cinéma contient de la culture chinoise pour conclure en évoquant les liens du cinéma chinois avec l'histoire du cinéma occidental.
-une seconde regroupant analyses de séquences, interviews et articles en lien avec le sujet.
Il se conclut par des bibliographies et filmographies sélectives du cinéma chinois et une liste de sites spécialisés (contenant notre site:)).
La partie la plus instructive du livre est celle de l'historique du cinéma chinois continental. Y sont évoquées l'histoire de ce cinéma de ses débuts jusqu'à la reconnaissance internationale des Yimou et Kaige et la récente explosion du cinéma indépendant. Rapport des auteurs chinois à la tradition artistique chinoise et lien entre cinéma et un riche contexte politique sont évoqués dans un chapitre reprenant volontairement la partition des cinéastes chinois continentaux en "générations".
Malgré sa mise en évidence du caractère constant du continent comme point de référence pour le cinéma de Hong Kong, l'historique hongkongais convainc moins. Outre que l'on y évoque pas un John Woo (ce sera fait plus loin) et un Chu Yuan, cette partie souffre d'une approche bien trop auteurisante. L'auteur insiste surtout sur King Hu, Chang Cheh, Tsui Hark et Wong Kar Wai. Et dans l'après-1997 un Johnnie To n'a droit qu'à une seule ligne.
La partie sur Taiwan souffre de limites identiques. Le cinéma taiwanais d'avant la Nouvelle Vague des années 80 n'est pas vraiment évoqué et le chapitre insiste sur le certes génial Hou Hsiao Hsien au détriment de Tsai Ming Liang et Edward Yang.
Le chapitre sur les Expatriés évoque l'exode hollywoodien des artistes chinois et ses conséquences pour le cinéma local et n'aura d'intéret que pour le néophyte.
Le chapitre Ce qui est chinois dans le cinéma chinois souffre lui de trop privilégier la sinité dans un cinéma d'auteur exigeant par rapport à celle présente dans le cinéma de genre. En quoi le ballet des corps du cinéma de Hong Kong serait-il forcément moins chinois que le rapport au temps chez Hou Hsiao-Hsien? Malgré la reconnaissance artistique du cinéma de genre asiatique des années 90 en France, les réflexes de politique des auteurs biaisent encore le livre.
La première partie se conclut sur une réflexion sur les liens entre le cinéma chinois le plus exigeant et la modernité cinématographique occidentale et la possibilité de l'Asie comme alternative aux codes cinématographiques hollywoodiens.
La seconde partie comporte des analyses de séquences de La 36ème Chambre de Shaolin, Terre Jaune, Platform et Millenium Mambo. Les extraits de texte sur la pensée chinoise sont trop courts pour en donner un vrai aperçu. Plus intéréssants sont le rappel historique sur le Temple de Shaolin et les films en rapport avec ce dernier signé Assayas et extrait du désormais culte Cahiers du Cinéma spécial Hong Kong de 1984, l'évocation de l'émergence de la 5ème Génération du cinéma chinois continental et celle du Manifeste de la Nouvelle Vague taiwanaise. Enfin, on pourra lire une version abrégée de l'interview de John Woo extraite du livre L'Asie à Hollywood.
Enfin, si l'on a rien à signaler concernant les choix bibliographiques, il n'en est pas de meme des filmographies sélectives. Choisir des auteurs chinois peu connus en festival et mentionner Ann Hui et Stanley Kwan est louable mais Ringo Lam et John Woo manquent à l'appel. Qu'ils soient plus connus du grand public et mentionnés ailleurs dans le livre n'excuse rien, surtout au vu de l'influence du second...
Grace à son chapitre sur la Chine continentale et ses textes annexes, le livre offrira aussi quelques informations intéréssantes au non-néophyte en cinéma asiatique. Trop marqué par les limites de la politique des auteurs, le reste du livre a trop souvent du mal à maintenir l'équilibre entre concision et approfondissement de son sujet. Une introduction correcte mais pas exhaustive au cinéma chinois.
Ordell Robbie
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