Interview Miki Tori

Comment avez-vous été amené à travailler sur un projet aussi important ?

Masami Yuki qui a écrit l’œuvre originale des Mangas Patlabor et Monsieur Shibuchi sont des amis depuis une vingtaine années, et c'est eux qui m'ont demandé d'écrire le scénario en 1994. Lorsqu'ils m'ont contacté la première fois, c'était plutôt une proposition pour écrire le scénario d'un épisode de la série et par la suite ça s'est transformé en projet de long métrage pour le cinéma. Comme je savais que Patlabor avait une bonne réputation auprès des fans, on m'avait donc proposé d'écrire le scénario tout de suite, mais sur le coup j'ai hésité vu l'ampleur du projet. J'ai pensé amener un aspect différent à la série qui était plutôt centrée sur la comédie, la science fiction, j'ai donc fini par accepter. Donc en 1995, quand j'ai vraiment commencé à écrire le scénario, le projet s'est orienté vers un long métrage et j'étais plutôt effrayé, mais j'ai quand même essayé de garder l'esprit de Patlabor 1 et 2 pour le troisième épisode. J'ai donc gonflé le scénario pour en faire un long métrage et ce n'est qu'en 1996 qu'il a commencé à prendre forme.

L’idée du monstre venez de vous ?

C'était plutôt Monsieur Izubuchi qui a eu l'idée d'introduire le monstre qui se trouve dans le manga.

On sent une nette différence entre Patlabor WXIII et les deux précédents épisodes, pourquoi avez-vous utilisé de nouveaux personnages ?

En réalité c'est Monsieur Mamuro Oshii qui a dit que l'histoire avec l'unité spéciale 2 était déjà suffisamment raconté dans les deux premiers films et qu'il valait mieux prendre une autre direction pour le l'épisode trois. On a donc décidé de désorienter l'axe du sujet. Dans Patlabor II, on remarque que l'unité spécial 2 vont à l'encontre des avis de leurs supérieurs, ils manifestent une espèce de rebellions. De ce fait, poursuivre l'histoire avec ces personnages ne semblaient plus avoir d'intérêt et c'est ainsi que le choix s'est porté sur de nouveaux personnages.

Comment définiriez-vous les deux personnages principaux du film Kusumi et Hata ? De quel personnage vous-sentez vous le plus proche ?

Le personnage de Kusumi est typique des séries policières japonaise. C'est un détective qui travaille avec son intuition et se sent totalement éloigné des nouvelles technologies comme Internet ou autres. Il a du mal à communiquer avec les gens, et ne paraît pas du tout sympathique. Par contre Hata, c'est le jeune homme typiquement japonais de notre époque, qui sait utiliser les moyens informatiques, il n'hésite pas à parler aux jeunes filles, il représente vraiment cette nouvelle génération. Il y a donc une opposition entre les deux. Quant à moi, je me trouve au milieu des deux, j'utilise Internet tout en écoutant des vieux vinyles comme Kusumi. Ayant 44 ans, je dois faire partie de la génération qui se trouve au centre.

Avez-vous travaillez avec M.Takuji Endo pendant l’écriture du scénario ?

Lorsque j'écrivais le scénario, j'étais plutôt en relation avec Monsieur Takayama et c'est donc avec lui qu'on a défini les détails de l'histoire. Avec Monsieur Endo, on a plus travaillé ensemble quand on a mis en place le story-board, il n'est jamais intervenu lors de l'écriture du scénario.

Y a t-il eu des coupes dans votre scénario ?

Oui il y a eu des coupures et c'est vrai que sur le coup ça me plaisait pas vraiment, mais au final, lorsque j'ai vu le film, je trouvais que le réalisateur avait fait des choix judicieux. Et de toute façon, pendant la réalisation du film, je restais régulièrement en contact avec Takuji Endo. Je suis vraiment satisfait du résultat final.

Votre film traite du suicide comme c’est souvent le cas dans le cinéma japonais, pourquoi avoir traité ce thème ?

Dans la première version du scénario, le personnage de Saeko ne devait pas mourir. Elle tentait effectivement de se suicider, mais ratait son coup. Elle perdait alors la mémoire et ne se souvenait plus de son passé. Mais c'est Monsieur Takayama qui a voulu tuer Saeko, c'est cruel comme décision (rire). Je pense que si on avait gardé la première version, le spectateur n'aurait pas pu sortir de la salle tranquillement, il se serait posé des question quant à l'avenir de Saeko et de Hata. Le suicide permettait donc de mettre un terme à l'histoire, même si effectivement cela est dramatique.

Pourquoi avoir décidé d’introduire un élément fantastique représenté par le monstre, alors que ce n’était pas le cas dans les deux précédents film ?

Je fais partie de la génération qui a été bercée par le cinéma fantastique, notamment le Kaiju Eiga (Film de monstre NDLR). Donc on avait avec le réalisateur, il y avait ce désir de créer notre vision de ce genre de film avec des monstres. Les séries télévisées que l'on regardait durant les années 70 mettaient en scène des monstres assez Kitch et on était fascinés par ça. Pour Patlabor WXIII, on a donc décidé d'associer ce monstre à un univers très réaliste et contemporain ce qui permet d'aborder un axe à la fois sociologique et fantastique. J'ai donc vraiment accentué le réalisme du comportement des personnages pour faire en sorte que l'élément fantastique qu'illustre le monstre ne paraisse pas ridicule.

Pourquoi avoir introduit des personnages américain dans l’histoire ?

J'ai voulu transcrire les problèmes que rencontrait notre pays à l'heure actuelle. La présence militaire américaine au japon en fait partie. Il faut savoir qu'au japon, il y a beaucoup de bases militaires et cette présence est de plus en plus mal vécue par les japonais. Outre ça on peut constater par exemple la présence de corbeaux dans la ville ce qui est une réalité de nos jours. Bref, j'ai voulu transcrire cette vie citadine qui devient de plus en plus pesante et angoissante.

Quels sont vos futurs projets dans le cinéma ?

Pour l'instant je n'ai pas de projets pour le cinéma. A la base je suis dessinateur de Manga et ça me prend beaucoup de temps, surtout qu'au japon, on a sans cesse des délais et ça me laisse peu de temps pour d'autres projets.

date
  • août 2002
crédits
Interviews