Junta | 2 | Moi aussi je veux être un auteur... |
Xavier Chanoine | 1 | Esbroufe et intrigue vraiment trop passable. |
Ce qu'on aime chez l'ami Miike c'est qu'on ne sait jamais sur quoi on va tomber lorsqu'on regarde un de ses films. Bien qu'il ne soit pas une boîte de chocolats, la surprise est souvent au rendez-vous, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Ancien stakhanoviste de la caméra, il a touché à beaucoup de genres présents sur l'archipel : films de yak, d'enfants, d'horreur, adaptation live de manga... Cependant il lui en manquait encore un, le film d'auteur auteurisant ch.iant à mourir/dormir. Alors certes le bonhomme arrive à bien tenir son récit, maîtrise la forme en puisant ses idées dans diverses oeuvres re/connues mais son histoire de prison, d'homosexuels et de meurtre aux symbolismes lourdingues (vol vers la fusée en évitant le barrage électrique, petit papillon libre...) et son esthétisme m'as-tu vu finissent par lasser le spectateur.
Le fait de voir Miike s'éloigner des oeuvres qui l'on fait connaître sur le plan international (films et séquences déviantes) est plus que compréhensible et salutaire, c'est juste dommage qu'il ait voulu péter plus haut que son séant...
Avec un budget libre et des idées visuelles farfelues, tout était réuni pour livrer un métrage dans la veine habituelle du réalisateur, à savoir déjanté et féroce. Féroce, Big bang love l'est assurément, violent sans pour autant être dégueulasse, il l'est aussi. Univers carcéral doublé d'un parallèle sur l'homosexualité évident, Miike met en scène une pseudo enquête sans queue ni tête sur les bases d'un basique "qui a tué qui" ou "qui a tué qui et comment", allez à la ligne, ouvrez les guillemets. On n'ira hélas guère plus loin tant l'oeuvre de Miike pue la suffisance et l'esthétique clinquante, à peine note t-on des fantaisies ou solutions visuelles que l'on trouvait dans le cinéma de Suzuki avec entre autre ces sièges de forme carrée dispatchés sur un chemin éclairé par des spots, rappelant les délires baroques et abstraits d'un vagabond de Tokyo ou les senteurs évidentes du cinéma Lynchien que l'on retrouve parsemées tout au long du métrage, de manière bien trop aléatoire pour convaincre ou captiver.
Du cinéma artificiel bien que techniquement l'un des plus abouti de son auteur, mais tellement vain car desservi par un fond plus que suspect et dénué de cohérence. Tout ce qui passe par la tête du cinéaste se retrouve sur pellicule, jusqu'à créer un personnage animé, sans éviter de piocher allègrement chez Oshima pour l'utilisation récurrente et obsessionnelle de phrases à l'écran indiquant les questions posées au criminel (ou la victime), balourdes car bien trop présentes, alors qu'elles paraissaient d'avantage expérimentales dans le Journal d'un voleur de Shinjuku. Mais Miike s'en fiche car c'est SON film, financé allègrement par la Toho. Sélectionné pour la compétition à Deauville 2007, cette petite boule de cinéma impertinent et hautain ne mérite pas que l'on s'y intéresse puisqu'elle n'est tout simplement pas intéressante. Vraiment. N'allons pas chercher plus loin et repensons aux premiers essais culottés du cinéaste à la fin des années 90.