Tango sous la mitraille à Macau
Attention, il y’a du Nick Cheung dedans, ce qui, d’emblée, va à l’encontre des bonnes intentions du métrage puisqu’il plombe l’ambiance « les copains d’abord » de son jeu trop froid, peu aidé qu’il est par sa tronche de hamster antipathique et la mise en place des plus expéditives de son personnage. Ce qui ne sera pas le cas de sa fin d'ailleurs, à l'inverse beaucoup trop étirée. La mise en scène de To frôle souvent le bâclage indigent, elle recycle trop et sans génie son style habituel. Les scènes de flingue en deviennent nettement moins abouties que celles de The Mission et les chorégraphies beaucoup plus aléatoires. Le professionnalisme de nos gangsters en prend un coup sévère. Ajoutons que Hui Siu-Hung débarque once again en Henry Guybet local, comique troupier récurrent dans la filmographie de To, et que les femmes sont toutes vénales ou d’une naïveté à pleurer dans cet opus d’une misogynie navrante…
Alors, un mauvais film Exiled ? Certainement pas, on n’en fait plus des comme ça ! Ca roule des mécaniques, ça fume le cigare au ralenti, ça porte des lunettes noires, ça marche à quatre de front dans une ruelle, ça flingue, ça joue le destin à pile ou face et ça rigole face à la mort. Il est franchement jubilatoire de voir cette famille d’acteurs s’en donner à cœur joie dans le cabotinage à outrance, des haussements de sourcil d’Antony Wong aux mimiques exaspérées de Francis Ng, en passant par le personnage toujours pataud de Lam Suet et les enfantillages de celui de Roy Cheung, renforcés qu’ils sont par l’arrivée euphorisante du flic joué par Richie Ren, la "cool attitude" incarnée l’espace d’un gunfight décalé – et franchement gratuit - au fusil sniper. A Simon Yam de venir compléter le tableau de ses quelques gestes salvateurs dont il a le secret.
La BO est orientée western, la photo jaunâtre appuie cette proximité virtuelle avec le désert mexicain, aidée par Macau et son architecture évoquant de typiques haciendas, décor tout trouvé pour accueillir le climax fait de feu et de sang. De voir nos héros débarquer dans le repaire de leur boss revanchard en meuglant, complètement pintés, « Bah alors, elle est où cette embuscade ? », ça a quelque chose de formidablement libérateur. Qu’on se rassure, la poudre est bien là. De la poudre aux yeux ? Un peu. Du cinéma d’épate ? Certainement, c’est ce que Johnnie To sait faire le mieux, et comme il est l'un des seuls à encore le faire, oublions les quelques scories et apprécions ce spectacle, un show rare et généreux sentant bon la douille encore chaude, vidée et épanouie, comme moi après le film.
C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleurs To.
Excelllllllente surprise que cette sorte de séquelle de l'excelllent "The Mission" (le seul To qui me revient je le rappelle). Bien qu'un peu plus tranquille formellement, Exiled réunit le même cast parfait pour une sorte de spin off à la fois étonnamment drôle et dramatiquement intéressant, ce qui n'est pas une mince affaire pour un To. Intéressant et pourtant simple et direct, To se fait plaisir et semble ne jamais être plus à l'aise que quand il connait la chanson. Et celle d'Exiled, il la connait sans conteste par coeur. Débarrassé de la frime formelle gratuite et plombante qui cannibalise une grosse partie de sa filmo, To nous livre un film brut évidemment ultra frimeur mais entier, à l'ancienne, dépouillé et crasseux à souhait, typiquement HK, typiquement désabusé, sans jamais se reposer sur un fond accessoire ou au contraire trop costaud, qu'il digère ou cuisine mal le plus souvent. :p
Ici, à l'aide de toutes les clefs classiques du genre qu'il a lui-même porté dans les 90's, une certaine subtilité supplémentaire, notamment grâce au glissement harmonieux et constant entre l'humour omniprésent et le drame, voit le jour. Un joli portrait de famille emballé avec un cast aux petits oignons permet à Exiled de superbement se tenir dans son ensemble et d'offrir quasiment l'ôde mafieuse décrépie ultime et la meilleure démonstration du savoir faire de To dans son style chéri qu'est l'action dans l'inaction. Et même si les gunfights ne sont pas les plus classes, la bonne vieille recette de la bande ultra rôdée qui s'approche de son baroude d'honneur avec l'humour et la tranquillité du killer over the top ultime forme clairement ce que To peut offrir de meilleur : un film de triades classe, sombre, efficace, porteur, surprenant de relief et par moment hilarant de surcroit, avec un Anthony Wong magistral, un Simon Yam croustillant tout comme le reste du cast, et (pour une fois) une BO superbe qui ne sonne pas toc. Un To qui fait bien plaisir, je l'aurais attendu celui-là.
Song of the Exiled: I'm a poor lonesone kow boi
Faire une suite à
The Mission, ça c'est pas dans les habitudes à Johnnie To. Rare sont les suites dans sa carrière, mis à part le
Running out of Time 2 et bien sûr les
Elections. Mais
Exiled est-il une vraie suite? Oui et non, le quatuor principal est de retour, mais certains détails ne collent pas.
Exiled est une fausse vraie suite, un plaisir de cinéma pur que s'offre Johnnie To après une série de films privilégiant plus le fond que la forme, comme si le réalisateur Hong Kongais était nostalgique du premier âge d'or de la Milkyway et avait passé une commande à ses scénaristes "allez, on fait une suite à Mission, vous embarassez pas des détails, on va aller à Macau tiens, à l'Occidentale".
Exiled est donc un pur film de genre comme l'étaient
Hero Never DIes,
The Longest Nite ou encore
The Mission. Plus de fond ici, plus de message, plus de contenu philosophie ou culturel. To se fait l'économie de l'introduction des personnages en reprenant son équipe fétiche et déroule tranquillement ce qu'il sait faire de mieux. On sent bien le petit plaisir coupable ici, le film peinant à égaler son grand frère au niveau visuel.
The Mission avait énormément impressionné avec son côté statique complètement à l'opposé des mouvements de caméra en vigueur dans le genre. Ici la réalisation est plus classique, mais réserve tout de même quelques jolis moments de cinéma comme To sait en distiller dans chaque film.
Reste ensuite la trame et surtout le style, qui s'ils n'ont rien de bien originaux se veulent très joueurs et centrés sur l'amitié entre les personnages, à la façon d'un
Heroic Bloodshed mais en plus léger, avec quelques accents de western spaghetti. Les personnages assez froids de
Mission le sont ici beaucoup moins, certains seconds rôles sont même là pour amuser la galerie (Hui Sui-Hung comme toujours), le côté plus européen de Macao finissant d'assoir le film entre l'Asie et l'Occident.
Le casting est également dans le même ton, les acteurs ne font pas d'étincelles avec des rôles plus légers que dans le film précédent, mais amusent la galerie. Le Bontempi a également sauté pour laisser la place à une bande son plus classique et western, mais toujours un minimum soigné comme dans tout To qui se respecte.
Au final si
Exiled ne rejoindra pas les sommets de la filmo de To, c'est un film de genre qui tient sacrément bien la route. To n'a plus besoin de se forcer pour faire de bons films, chaque production apporte son lot de bonnes choses maintenant que la Milkyway a ralenti la cadence. Routine, presque, mais entre deux films plus sérieux,
Exiled est un intermède plus que sympathique.
Héros désabusés, spectacle terne et néant thématique
De bonnes idées :
- Faire une suite à
The Mission, polar atypique basé notamment sur l’immobilisme de ses scènes d’action, en appuyant sur la dimension nostalgique et en évitant l'écueil de la redite.
- Tourner à Macao, dont on sent réellement l’influence portugaise dans les constructions et l’atmosphère méditerranéenne.
De moins bonnes idées :
- Avoir abusé du clair-obscur qui plonge le visage de chaque personnage, à chaque plan, dans la pénombre. Cela devient rapidement pénible, d’autant qu’on a parfois du mal à distinguer qui est qui dans certaines scènes…
- Jouer – en pire – avec l’immobilisme, la lenteur de l’action, jusqu’à l’excès comme cette scène d’ouverture insupportable où l’on attend pendant 10 minutes qu’un truand rentre chez lui. L’ennui gagne rapidement, et Johnnie To semble se complaire dans ce choix.
- Mettre en scène des héros désinvoltes et désabusés qui se fichent de tout, état d’esprit communicatif pour le spectateur. Témoin cette scène de règlement de compte qui se termine en un repas à la bonne franquette en frôlant le ridicule.
Cigare pour tout le monde
Les cigares que grillent parfois les personnages et les exçès cabotins de Simon Yam nous le signalent très vite, Exiled est le Johnnie To le plus frimeur depuis A Hero Never Dies. Il n'est finalement qu'un film prétexte, prétexte à faire revenir sur grand écran le casting de The Mission, prétexte pour donner aux sélectionneurs festivaliers (le signé Johnnie To) comme au fan de cinéma de Hong Kong (du gunfight, de l'élégance stylistique, de la gueule d’acteur sachant bien rouler des mécaniques) ce que le peuple cinéphile demande, prétexte pour To à hommage à ses maîtres (Leone, Peckinpah) et ses pairs (Woo), prétexte pour To à s'autociter. Il semble ne pas se soucier de faire une vraie suite de The Mission et penser que le spectateur aussi. Il a peut être raison... Dommage que le film s'essouffle un peu sur la fin à force de répétitions comiques devenant répétitives et de dispersion narrative avant qu'un dernier plan ironique ne rattrappe le tout. Pour un film se résumant finalement (et c'est déjà beaucoup) à faire ce que la jeune garde HK ne sait plus faire et le voisin coréen pas assez : bien digérer l'influence des grands maniéristes vénérés par tous les cinéphiles de genre de la planète. Johnnie To se fait plaisir et accessoirement nous fait plaisir. On s'en contentera pour cette fois...
Photo de famille.
Dernier film en date de Johnnie To,
Exiled marque une nouvelle fois une étape importante dans la filmographie du cinéaste et plus particulièrement dans le cinéma HK actuel. Le brillant cinéaste de
Running On Karma et
Election nous livre tout son savoir faire acquis définitivement depuis cinq ans avec ce sublime polar aux accents nostalgiques, toujours optimiste malgré le contexte difficile et les mésaventures que vivent ses personnages. "La bande des quatre", qui a fait fantasmé plus d'un avec
The Mission reprend du service, bien que les deux films n'aient rien en commun d'un point de vue scénaristique. Longtemps
Exiled a souffert de ce rapprochement trop rapide sous prétexte que Johnnie To reprenne le casting 3 étoiles et réutilise à nouveau les codes du polar classieux et esthétique, à l'image de
The Mission. Heureusement la donne est tout autre, permettant ainsi à To de magnifier son style acquis depuis
PTU en proposant toujours cette sidérante variété scénique, cadrant minutieusement ce quatuor fantastique composé d'Anthony Wong, Francis NG, Roy Cheung et Lam Suet, défiant les limites du raisonnable en grossissant tant qu'est plus la moindre des confrontations aux pistolets.
A l'image des grands cinéastes qui s'approprient les codes du genre pour leur insuffler une nouvelle jeunesse, Johnnie To cite sans pour autant tomber dans le copycat des cinéastes prestigieux comme Sam Peckinpah ou encore Sergio Leone. L'introduction, subtile et classe, renvoie immédiatement à celle d'Il était une fois dans l'Ouest sauf que cette fois-ci Woody Strode et Jack Elam sont remplacés par Wong et NG. Et cette séquence où Roy Cheung tire sur l'arme d'un policier à chaque fois que celui-ci tente de la reprendre, ne vous fait-elle pas penser à celle du chapeau de Lee Van Cliff dans ...Et pour quelques dollars de plus? Et ce même policier jouant de l'harmonica? Pure coïncidence, j'en doute. La violence des affrontements (aux préliminaires Leoniens) s'inscrit dans la brutalité et la sauvagerie de celle de La Horde sauvage, sublimée par l'ajout d'éléments presque novateurs dans le genre (la porte qui danse à mesure que les balles l'atteignent, la canette virevoltante...).
Dans cette constante recherche du soucis esthétique ultime, Johnnie To déballe son artillerie lourde en offrant à Anthony Wong l'un de ses meilleurs rôles. Composition pleine de nuance où l'homme effrayé et inquiet qui se cache derrière ses lunettes peut très bien laisser place à un autre, déconneur et furieux à l'image de ses collègues malgré leur interprétation vraiment en déca de celle de Wong. Ils ont une vraie classe, c'est évident, mais leur participation n'apporte pas grand chose au récit, à défaut de celle de Simon Yam en salopard de première. Exiled aurait même pu s'appeler Blaze VS Fay (respectivement Wong et Yam) tant ils s'avèrent au centre des débats. On appréciera les séquences les mettant en scène, particulièrement celle où Simon Yam, poursuivi par Wong et sa clique, se fait opérer des parties génitales entre deux coups de feux. Enorme. Exiled est donc une parfaite lettre d'amour au western crépusculaire, emmenée par une équipe absolument talentueuse. Ce ne sont pas les quelques passages d'errance un poil fatigants qui m'empêcheront de penser que le dernier To mérite d'être vu par quiconque apprécie d'une part le cinéma particulier de son auteur, et par quiconque prenant son pied devant une production Milkyway calibrée et incroyablement classe. Ajoutez à cela cinq dernières minutes belles à en chialer et vous obtenez le meilleur film HK du moment.
Last Woman Standing
Ou "2200 Pound Beauty" ou "Guns and no talks" ou "Poudre dans les yeux" ou "La femme est le destin de l'homme"
L'évolution de To est claire et nette: style amorcé par "The Mission", continué par "PTU" et assis avec "Election" (en s'amusant à expérimenter certains aspects dans "Breaking News" et "Throw Down"), "Exiled" est sa nouvelle prolongation dans ce qui va à coup sûr rester comme la vraie signature de son cinéaste au-delà de sa mort.
Des films foncièrement virils (les hommes fument des cigares, se chamaillent comme des gosses et sont prêts à mourir les uns pour les autres; tandis que le rôle de la femme est – une fois n'est pas coutume – relégué à celui de "reproductrice", prostituée et vénale ou celle qui précipite le destin des hommes), aux emprunts de westerns, de Melville et du cinéma hongkongais (impossible de ne pas penser à Chang Cheh par ces amitiés viriles et la fin et…John Woo!) et aux cadrages incroyablement poseurs. To perpétue également la photographie particulière, les hommes plongés dans une obscurité quasi-totale, exigeant des conditions optimales de visionnage (un délice en salles!).
La trame est ultrabasique; mais To ne perpétue là que l'idée du cinéma comme un média du visuel et de l'émotion à l'instar du "Samurai" de Melville ou des western de Leone. N'atteignant pas encore la classe de ses illustres prédécesseurs (il manque l'implication émotionnelle et la rapidité d'exécution de ses projets lui cause très certainement du tort à ne pas bâcler certaines séquences), il n'en demeure pas moins un fier représentant, qui se bonifie à chacun de ses nouveaux films (dédiés).
Il est également intéressant de constater à quel point, To prend finalement le contre-pied de ses prédécesseurs hongkongais. Avec les mêmes formules (amitiés, trahisons, vengeance), il prend l'action à contre-pied au contraire des séquences martiales endiablées d'un Cheh ou les ballets virevoltants d'un Woo.
Amusant également de voir à quel point son futur "Triangle" puise finalement dans cet "Exiled" et plus particulièrement toute la partie au "Buddha Mountain". Faut d'ailleurs croire, que les réalisateurs hongkongais aient redécouvert les hautes herbes de la campagne, puisque après "Election 2" et "Throw Down", To y réalise une nouvelle fois une séquence (et avant celle, centrale, dans "Triangle"), tandis que Wilson Yip s'en sert également dans son "Flash Point"…
Sans aucun doute pas le meilleur To, mais le plus abouti dans ce qui s'annonce comme une évolution à venir encore plus passionnante!!!
Révision de note après une seconde vision en salles + quelques réflexions:
ATTENTION SPOILERS:
- Les cigares sont évidemment un clin d'oeil à sa propre passion pour les cigares de To
- Dès le départ, les hommes sont condamnés par "l'image": ils partent dans une camionnette bleue, dont l'arrière partie est une sorte de cage. To filme ses personnages comme des prisonniers dans cette cage, alors que la femme - elle - les regarde partir à sa fenêtre grande ouverte (= signe de liberté).
En revanche, les personnages ne sont pas "prisonniers de leur destin": ils vont pouvoir sortir de leur cage pour pousser la voiture pour la faire avancer, avant de se remettre dans la voiture et de refermer la cage derrière eux. Ils sont donc libres de leur destination et de choisir leur propre destin.
- Lorsqu'ils vont changer de voiture, ils vont se rabattre sur un véhicule ROUGE; or la couleur rouge est signe du sang et/ou de la mort au cinéma
Le destin des hommes est évidemment étroitement lié à Dieu / Bouddha / une entité divine qui régit leur vie. Johnnie To croit à quelque puissance supérieure, au karma et à la vie prédestinée, comme plusieurs fois explorée au cours de ses précédents films (dont "Running of Karma"). Le destin des hommes est guidé par les pièces, que le personnage d'Anthony Wong jette en l'air. Leurs pas vont les mener tous droits vers la "Montagne au Bouddha" (...). Alors qu'ils vont devoir décider de leur sort au moment de s'embarquer, Wong fait fi du destin en jetant la pièce à l'eau: ils ont décidé de leur propre sort!
- Une nouvelle fois, la rétrocession est au coeur du film; sauf que cette fois, To évoque celle de Macao. Outre les allusions directes dans le dialogue, il y en a beaucoup d'autres, plus indirectes, dont la "résurrection" de Wo, qui crie qu'il veut "rentrer à la maison" avant de mourir. Il avait auparavant dit avoir "vadrouillé" beaucoup et d'avoir voulu se caser une fois pour toutes avec sa femme et son enfant en s'installant sur l'île. Il emménage donc à Macao, ancienne île chinoise (appartement vide) passée sous occupation portugaise (les meubles vont venir dans un appartement dévasté, mais réparé par un effort en commun). A sa mort, on va le ramener à sa "maison", qui n'en est pas une. Sa femme ne sait pas quoi faire, tente de flinguer le bébé (l'avenir), puis abandonne (elle garde l'espoir dans les générations futures). En revanche, elle brûle "la maison" (le passé) et re-part en vadrouille.
Et une dernière pour la route: l'un des derniers plans semble vouloir dire, que "Red Bull", c'est "de l'or en barre"!!! ; )
Un buddy movie aux allures de western mexicain réjouissant!
Voilà donc le fameux to dont tout le monde parle! Et bien force est de reconnaître que sa réputation est justifié. Trsè stylisé comme à l'accoutumée, et finalement peu rempli pour un film d'une heure cinquante, "exiled" ne provoque pourtant pas le moindre ennui et se laisse regarder avec plaisir.
La maestra de To, la photographie magnifique et la bande son jamais trop appuyée mais qui accompagne toujours bien y sont pour beaucoup. Mais il est indéniable qu'on a plaisir à suivre les péripéties de ce groupe d'amis, qu'on a l'impression de connaître depuis longtemps. Pas besoin de longue scène d'introduction pour nous assener le passé de ces hommes, le fait que ce ne soit peut être pas les mêmes que dans "the mission" n'enlevant rien à leur complicité. (Fancis Ng précisant au ébut du film qu'ils ont été élevés ensemble parle-t-il juste d'anthony, nick et lui, ou bien également des autres?)
Et cette alchimie, sur laquelle reposent la dramaturgie et la dynamique, est bien la principale réussite du récit. Si les scènes de jeu de "the mission", censées démontrer l'amitié des protagonistes peinaient à convaincre réellement, le jeu des regards, les blagues partagées qui n'amusent qu'eux et l'amitié indéfectible remportent largement l'adhésion ici. On a en ce sens, un film plus attachant que "the mission" pour moi. Plus long, et tout autant contemplatif, mais plus intéressant et prenant.
Plus dramatique également, ce qui apporte une intensité bienvenue qui donne aux scènes d'action une profondeur incroyable. Les fusillades, plutôt courtes, sont exceptionnelles. Extrêmement inventives et d'une efficacité incroyable, elles ne ressemblent à aucune autre scène d'action vue avant. Parfois exagérées, elles restent plus réalistes que la plupart de celles qu'on a pu voir à HK, et sont d'une fulgurance redoutable. Le final est à ce titre incroybale et inoubliable. Loin des ballets d'une demi-heure chersà John Woo, il est sec, brutal et finalement plutôt réaliste. Même le son des tirs est beaucoup plus proche de la réalité que ce qu'on a l'habitude d'entendre.
Ce final d'anthologie se termine de façon logique, et c'est avec beaucoup d'émotion que l'on quitte cette bande d'amis qu'on a eu plaisir à retrouver. "Exiled" est une belle réussite et vient nous rappeler qu'aujourd'hui, Hong Kong existe toujours dans le paysage cinématographique grâce à des réalisateurs comme Johnnie To, qui enchaîne les films, mais toujours avec un souci d'honnêteté. Désir de plaire à son public, mais sans céder à des films empilés sans talent. To se fait plaisir, mais n'oublie jamais son spectateur contraîrement à d'autres auteurs qui se veulent élitistes...
The Mission: Revival
En conjuguant l'esthétique léchée d'un
PTU et le minimalisme quasi-robotique de son chef-d'œuvre absolu,
The Mission, Johnnie To ne retrouve qu'à moitié le souffle de ses meilleurs thrillers. L'identité visuelle comme la thématique d'
Exilé dégagent une certaine odeur de déjà-vu, pour ne pas dire qu'ils paraissent désormais un brin éculés. Même les gunfights, autrefois diablement efficaces, lassent ici rapidement. Mais avec un tel casting (Anthony Wong, Francis Ng, Roy Cheung et Lam Suet forment une sacrée équipe, et en ce qui concerne Simon Yam, il crève tout bonnement l'écran dans son rôle de pourriture déjantée à souhait), on pardonnera plus ou moins l'aspect poussif de l'ensemble.
sans surprise
évidemment le dernier Johnnie TO ne pouvait pas être une daube, mais ne dépasse pas non plus le stade de bon film de la milkyway, et ne surpasse pas à mon gout le premier THE MISSION. (à part la bande son)
le niveau global est très bon, mais les gunfights ne sont pas tous très convaincants, surtout avec l'utilisation de poudre rouge lors des impacts.
le casting est au poil, la technique est très soignée comme d'habitude, le ryhtme n'est pas trépidant, en bref on retrouve les qualités d'un bon Johnnie TO, plus la petite touche originale car EXILED se passe à Macao, chose assez rare.
pas la grosse tuerie mais un film qui à sa place parmi les réussites du réalisateur, même si j'ai une petite préférence pour les récents Election 1 et 2.
Fulltime mission
Dans sa série ô combien réjouissante de derniers films (qui commence à The mission pour arriver au présent Exiled en passant par PTU et Election), To s'est présenté comme un des derniers maniéristes de HK qui réussit à ne pas verser dans l'auto-parodie... il suffit de penser au soporifique My Blueberry nights ou au minable Paycheck pour s'en rendre compte (difficile de dire dans l'état actuel des choses en ce qui concene Tsui).... Mais avoir du style à HK c'est toujours flirter avec le ridicule parce que dans le fond, c'est un cinéma qui s'est bati intégralement sur le Too-much, le y'en-a-un-peu-plus-je-vous-le-mets-quand-même? Que ce soit à partir de King Hu et sa filiation tsuienne ou de Chang Cheh et des ses héritiers hard-boiled urbains, tout a toujours été fait pour une orgie du spectacle. Le tout c'est d'en @!#$ plein la vue. Le reste... Johnnie To l'a bien compris et ne déroge pas à ce style: il agit plus en bon père de famille qu'en véritable esthète. Mais de toute évidence il agit avec à la fois une grande intelligence et un talent à la hauteur de ses ambitions. Alors oui le film flirte plus d'une fois avec le grand-guignol. Oui on a l'impression d'avoir déjà vu ça mille fois. Oui on reconnait papa To dès la première note de guitare du générique. Et alors? Dans le fond, c'est cette impression de déjà-vu qui fait l'intégralité du style de Johnny To. Quand ce n'est pas assumé et exposé (Fulltime Killer), c'est sur le mode du clin d'oeil (PTU et son pitch kurosawaien). Le tout est de le faire avec assez de décontraction et de talent que pour que ca ne sombre pas dans le ridicule. S'il y a un mot que caractérise le To que l'on voit progresser à présent, c'est sans doute possible: maitrise. La maitrise, dans le fond, ce n'est pas autre chose que l'art du maitre. Petit maitre, peut-être, mais qui par sa modestie (qui n'est que l'envers de la frime avoué de l'embalage) réussit à marcher dans les pas des plus grands.
Il Etait une fois à Macao
Johnnie To fait une sorte de The Mission 2, mais ici de façon plus basé sur un style Western qui ne cache pas ses références, par exemple rien que le choix de Macao n'est pas anodin, et le film a globalement quand même une ambiance différente. Premier problème le film est trop lent d'autant que le scénario ne suit pas forcément. Sinon, c'est un grand best-of du réalisateur : esthétique à fond, du suspense, de l'action, des caméras lentes ou statiques, des situations humouristiques (la séquence chez le mèdecin est une des plus jouissives de toute sa filmo),... Niveau acteurs c'est donc une sacrée brochette masculine HK où tout le monde reprend plus ou moins son personnage.
Le film comporte un lot de très belle scènes (la séquence où Nick Cheung... euh, je ne peux rien dire, mais c'est sublime!) mais bon ça traîne franchement en longueur (sans parler d'un léger mauvais goût esthétique par moment et d'une photographie bonne mais un peu trop chaude). Ce n'est pas le meilleur film de son auteur même si c'est pas mal (dans le même registre
The Mission est meilleur à mon goût, film qui ne possède pas du tout la lourdeur que l'on peux ressentir dans la mise en scène de
Exiled.). Pour moi Exiled est un très bon film mais un brin surestimé et un peu trop désincarné.
edit:
J'approuve pas mal ce qu'en dit Manolo: dans
The Mission les scènes d'attentes sont géniales et fascinantes, dans
Exiled on attend les gunfights tant on se fait chier dans les scènes "intimistes". Ca paraît vraiment désincarné et artificiel là où
The Mission a l'avantage d'être novateur. (et mine de rien ça me fait halluciner de dire ça car ça reste un film très recommandable et qu'un réalisateur lambda est incapable de réaliser... ;))
18 janvier 2008
par
Hotsu
Un véritable western moderne et abstrait, sublimé par la mise en scène de Johnnie To et par son casting charismatique.
Les limites de la frime
Beaucoup de critiques ont déjà relevé tous les bons aspects de ce film, qui est assez réussit. On atteint malheureusement pas le chef d'oeuvre car TO se regarde un peu trop filmer. Autant les scènes "d'attente" de The Mission étaient les plus réussies et intéressantes du film, autant celles d'Exilé sont les plus ratées et pénibles. L'humour tombe souvent à plat. Les gros plans à répétition faisant à chaque fois le tour des 5 visages (ou 4, selon les scènes) est vraiment pénible, car arrivé au 3e visage, ont attend de passer à autre chose, tout en sachant le nombre de visages (dont les expressions ne sont pas terribles soit dit en passant) restant à défiler. Enfin voilà, je lâche tout ça brutalement, un peu sous le coup de l'énervement, même si j'ai beaucoup apprécié ce film, que je suis heureux de l'avoir vu sur grand écran, que je serai heureux de le revoir. Mais pour moi, gros Johnnie a un peu plombé son film en se concentrant plus sur ses caprices d'orfèvres de la caméra que sur son histoire et son rythme. Or la grosse marque de fabrique de The Mission était justement de passionner en reposant sur l'attente. Donc je considère The Mission comme plus réussit qu'Exilé et j'aimerais bien que Jojo se recentre un peu plus sur ses récits et abandonne la frime qui sied si bien à Michael Mann.
J'entends plus le gunfight
L'un des des plus beaux films de Garrel, par Johnnie To.
Toute la nouvelle vague est là.
Tout l'art contemporain est là.
Tout Homère est là.
La classe ultime, le film ultime.
Amor forever Johnnie. Que je t'aime ! Que je t'aime ! Que je t'aime !
the second mission
Même si pour moi Exiled ne fait pas partis des meilleurs films du réalisateur le nouveau To n'est pas un nanar cinématographique.
Il y a de bonnes scènes de gun fight, surréalistes certes mais ça passe plutôt bien,sauf dans une scène assez sombre(celle du resto) ou l'ont du mal à savoir qui tire sur qui et qui est avec qui.(oui ça fait beaucoup de qui)
Au niveau du casting ont retrouve des acteurs déjà vu dans les précédents film du réalisateur et il sont plutôt bon.
Pour finir sans être un très bon film Exiled en demeure un bon film.
Bonne surprise
Le réalisateur Johnnie To ne cessera donc jamais de me surprendre. Son dernier film
Exilé est une véritable surprise.
Avant d'être un polar,
Exilé est un vrai film noir. A mi chemin entre le western et la bande déssinée. D'ailleurs le début du film fait beaucoup penser à l'intro de
Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Leone.
La solidarité et la manipulation semblent être les thèmes favoris de Johnnie To. Et encore une fois, les femmes ont le mauvais rôle. Il suffit de voir ses autres films.
Cette histoire de tueurs à gages est filmée avec beaucoup de classe et les acteurs sont vraiment excellents. Surtout Antony Wong qui tient là un de ses plus beau rôle.
Personnellement, ça faisait longtemps que je n'avais pas pris un réel pied au cinéma.
Johnnie To murrit bien !
Je viens de visionner ce film que j'attendais avec impatience depuis de longs mois. Déjà c'est clair que je retournerai en salle quand il sortira.
Le film est plus sombre que The Mission, les rebondissements plus nombreux mais l'ambiance est toujours là et la patte du maître bien visible. Certes les combats ne sont pas très lisibles, voire c'est un peu le basar (au restau ou dans l'hotel). Mais la grande force de ces films qui ne sont pas parfaits est que, même quand on connaît le dénouement de l'intrigue, on peut les revoir à loisir car ils savent créer une relation entre le spectateur et les personnages. Et quels plaisir de retrouver toute la bande habituelle (breaking News, The Mission, etc).
En tous cas Johnnie To a beaucoup changé et muri son style. Impressionnant.
Bref, j'ai adoré :)
du pur To
Prenez un casting de rêve (genre ocean's 13) sous la direction d'un réalisateur inspiré (genre pas Soderbergh!) et vous obtenez "Exilé", un polar viril, classe et stylisé dans la lignée de "The mission" et"PTU".
"Exilé" nous propose donc de suivre un groupe de tueurs pas bavards mené par Anthony Wong, poursuivi par leur ancien chef rancunier joué par Simon Yam dans un Macao désertique. Ils vont donc inévitablement se mettre sur la tronche en bombant le torse dans de nombreux gunfights, peut être trop complexes et donc parfois brouillon, mais indéniablement puissants et novateurs.
Ajoutez à ça une musique simple et efficace qui colle parfaitement à l'ambiance très western du film (To ne se cache pas de s'être inspiré des classiques du genre), ainsi que des traits d'humour jamais lourds et vous obtenez une petite perle que Master To décrit comme un petit film qu'il a fait comme ça, sur un coup de tête pour se détendre!
Alors au choix soit il est humble soit c'est un petit enfoiré, mais en tout cas avec la Milkyway il est devenu le nouveau maître de HK. Il ne lui reste plus qu'à se trouver un prénom un peu moins stupide pour accéder au statut de légende. Je propose O To, ou alors Tray To, ou encore Mar To…. ;)