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Made in Hong Kong

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les avis de Cinemasie

10 critiques: 4.1/5

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30 critiques: 3.72/5



Alain 4
Anel 4.5
Arno Ching-wan 2.5 Fini à l'agonie... à bout de souffle ?
Elise 4.25 Magnifique tragédie sur la jeunesse
François 4.5 Portrait désabusé d'une jeunesse perdue.
jeffy 4.5 Film marquant
Junta 4.5 Le premier opus d'une belle trilogie.
MLF 4
Ordell Robbie 3.75 Bricolage
Sonatine 4.5 Un portrait limpide et touchant
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Fini à l'agonie... à bout de souffle ?

Celui-là aussi j'ai mis du temps à le voir. Toujours croire son petit doigt. Il me disait que le titre en faisait trop, que la BA me vendait un truc entre de la french nouvelle vague et du WKW, et que la présence de Sam Lee me donnerait juste envie de revoir Beast Cops. Dans lequel il joue et qui est plus pertinent. Et nettement moins ennuyeux. Beast Cops, encore inédit chez nous sur tous les supports, est à la croisée de tout ce qu'on a pu voir au port aux parfums (qui commencent à tourner sévère). Il est brillant sur  tous les points et porté par un Anthony Wong qui, lui, incarne mieux HK que quiconque parce que, tenez vous bien :  il est métisse. C'est ce métissage, visuel, mental, culturel, économique, qu'on veut négationner en ce moment là-bas. Alors si vous voulez faire les malins en causant post-rétrocession HK comme un journaleux jouerait son pro sur l'Afghanistan, causez plutôt Anthony Wong (dont acte). Surtout que, eh : son porté de lunette est nettement plus classe que celui de Sam Lee, non ? J'imagine sa monture cerclée en 4K, mmm. 

29 août 2021
par Arno Ching-wan




Portrait désabusé d'une jeunesse perdue.

Made in Hong-Kong, ce n'est pas tant le portrait de Moon (Mi-Août dans la version française). C'est plutôt celui de toute une génération au travers de son regard. S'inscrivant dans la trilogie des générations et de la rétrocession de Fruit Chan, ce portrait très pessimiste de l'âge adolescent laisse des traces. Le film débute pourtant comme un énième film de triades. Puis la voix-off élève le débat, met les doutes de Moon en avant, oppose le discours de la génération perdue à la situation de la vie réelle. 1997, année de l'inconnue, inspire à Fruit Chan ce portrait cruel de réalisme et débordant d'émotion.

On peine pourtant à comprendre vraiment où il veut en venir. On démarre comme un Young and Dangerous, on bifurque vers un C'est la Vie Mon Chéri, on devient nous aussi hantés par cette jeune fille suicidée qui perturbe le récit. Puis lors des dernières vingt minutes, tout s'éclaire, les évènements s'enchaînent et font voler en éclat les conclusions qu'on s'était imaginées. La voix off de Sam Lee finit de nous assommer, le déphasage entre la société qu'on a observé depuis une heure et demi et les idéaux de la génération ado devient criants. Ce final réussit le tour de force d'avoir un effet important sur le spectateur sans jamais dramatiser les évènements ou les révélations, les laissant au contraire arriver sans aucun effet superflu. Superbe tout simplement, et une re-vision du film n'enlève rien à la force de l'ensemble et surtout de ce final déchirant.

Fruit Chan démontre un vrai sens de l'image, saisit au vol des plans superbes, et ne met jamais sa réalisation au service d'une dramatisation mais s'attache plutôt à mettre en scène ce qui a besoin d'être stylisé. Quant à ses acteurs, leur anonymat leur confère un authenticité troublante, qui plus est doublée d'une fraîcheur qu'on croit capable de vaincre toutes les épreuves. Sam Lee a depuis perdu toute l'innocence de son personnage, et s'est rabattu sur des personnages de cinéma également Made in HK, mais d'autant plus éloignés de la justesse de son interprétation ici. Bref, Fruit Chan réussit le tour de force qu'il n'a jamais réussi à renouveler pleinement de monter un film quasi-documentaire sur Hong-Kong, tout en lui conférant un style qui en fait une vraie oeuvre de cinéma. Très impressionnant.

Evidemment comme souvent avec Fruit Chan, le rythme oblige à regarder le film dans un état de fraîcheur minimum. Les amoureux de la ville y retrouveront son brouhaha bien caractéristique, ses rues et ses couloirs, ses habitants surtout, pour une fois bien loin des caricatures de nombreux films. Fruit Chan est probablement le cinéaste Hong-Kongais le plus fidèle à sa ville. Il la restitue avec un souci de réalisme assez confondant, alors que son mentor, Wong Kar-Wai, l'habille et la déforme au travers de sa caméra. Les deux à leur manière aboutissent au même constat. Les jeunes hong-kongais sont des anges déchus, des victimes naïves et innocentes d'une société qui ne l'est plus depuis longtemps. Evitant tous les clichés, Fruit Chan livre ici son film le plus fort et assurément une des oeuvres Hong-Kongaises les plus marquants des années 90.



15 mai 2003
par François




Film marquant

Impossible de faire l'impasse sur ce film. Il y a là une interrogation à la fois intemporelle et pourtant tellement ancrée dans le HK fin de siècle. La ville est filmée de l'interieur et nous est restituée à travers les yeux du personnage principal. N'attendez pas ici le sens de la distance onirique que l'on retrouve chez WKF, c'est du direct-live. Live or dead, vivre à quel prix et mourrir au nom de quoi, question universelle. Fruit Chan sait faire endosser par ses personnages toute l'ambiguité de leur condition, le rejet social et familial aussi bien que leur rêve d'un monde meilleur, leur désir sincère de rédemption aussi bien que leurs faiblesses et leur résignation. Au final, il reste un film émouvant, sensible et suffisamment rare pour être incontournable.

19 janvier 2004
par jeffy




Le premier opus d'une belle trilogie.

À Hong Kong il n’y a pas que du cinéma commercial, il y a également des réalisateurs qui s’intéressent à autre chose que de savoir quelle star sera dans son casting, d’ailleurs Fruit CHAN Goh préfère tourner avec des acteurs amateurs, plus vrais, plus authentiques à ses yeux.

Ce long métrage est le premier de la trilogie de Chan sur l’état d’HK au moment de la rétrocession, les deux autres étant The Longest Summer et Little Cheung. Made In HK s’intéresse aux jeunes dans l’ex-colonie. Mi-août (Sam LEE Chan-Sam) collecte les dettes que diverses personnes doivent à son « patron » ; il le fait en compagnie de Sylvester, un autre jeune de son âge, plutôt simplet, qu’il a pris sous son aile. Pour les accompagner il y a aussi Ping, une jeune fille malade qui attend une greffe d’un rein sinon elle ne pourra pas voir de quoi l’avenir sera fait. Notre trio est accompagné par l’esprit d’une lycéenne qui s’est suicidée et dont Sylvester (qui se promenait vers le lieu du drame) a récupéré les deux lettres d’adieux. Même si nous ne la voyons jamais, cette lycéenne (tout du moins son esprit) sera omniprésente.

L’ensemble est très pessimiste, il montre la dérive de la jeunesse hong-kongaise, attirée par l’argent et à qui la violence devient un acte quotidien et banal. Dans cette société, les adultes, normalement points de repère, sont à l’origine des problèmes. La mère de Mi-août quitte l’appartement familial, suite aux nombreuses disputes qu’elle a eues avec son fils et son père a fondé une famille avec une autre femme (qu’il délaisse aussi…). Leur patron ne pense qu’à l’argent, gagné par n’importe quel moyen (notamment exploiter les plus jeunes, facilement influençables) ; et même les organismes sociaux où la seule personne à se démener corps et âme pour les aider est une femme (Ms Lee) plus proche de leur âge que de celui de leurs parents.

Cette jeunesse est complètement perdue dans cette société où ils n’ont aucun point d’attache, et si on n’a rien auquel se rattacher, pourquoi ne pas se laisser tomber dans le vide comme cette lycéenne désabusée. Une fois qu’on est mort, tous les problèmes qui nous empêchent de bien vivre n’auront-ils pas disparus ? C’est le genre d’interrogation qui traverse l’esprit des protagonistes, tous ces doutes sur l’envie de vivre sont dus au profond malaise social qui ronge tout le monde, petits comme grands, cependant lorsqu’on est sur le point de rentrer dans l’âge adulte, on est encore plus en proie à ces doutes.

La réalisation est très bonne, avec quelques effets stylisés jamais tape à l’œil qui s’intègrent parfaitement au reste. Certains plans sont superbes et Fruit Chan nous montre HK sous toutes ses facettes et tous ses décors, qu’ils soient crasseux ou oniriques. La musique accompagne comme il le faut l’ensemble, sachant être discrète ou inexistante par moment, et être présente au moment opportun.

Les acteurs sont excellents, c’est le premier et surtout meilleur rôle que Sam Lee ait interprété jusqu’à aujourd’hui (de toute façon je doute qu’il fasse mieux un jour). Il est tellement naturel, vrai, pas comme les excès auquel il s’adonne maintenant. Le reste du casting est également très bon.

Pour un premier film, Fruit Chan frappe très fort et montre un portrait sans concession d’HK par une étude de mœurs de la jeunesse. Une totale réussite.



15 mai 2003
par Junta




Bricolage

Made in Hong Kong est une illustration de plus du fameux "esprit série B", cette capacité des conditions indigentes d'élaboration d'une oeuvre à donner parfois naissance à des films marquants: un film tel que Bob le Flambeur dont le tournage fut long et morcelé dans le temps faute de moyens et du fait des contraintes professionnelles de ses acteurs prouve que cet "esprit" peut parfois aboutir à des chefs d'oeuvre. Si le coup d'essai/coup d'éclat de Fruit Chan n'en est pas un, reste que ce film atypique dans un contexte d'industrie de divertissement réussissait à compenser ses imperfections par une urgence et une inventivité de tous les instants. Le coté parfois approximatif des cadrages, bien loin de couler le film, lui donne au contraire un certain cachet d'authenticité et renvoie à la hargne déployée par le cinéaste pour achever difficilement son oeuvre. Si certains choix (les filtres monochromatiques, les ralentis) évoquent du Wong Kar Wai mal digéré, l'alternance entre style documentaire et travellings plus amples et classiques reflète des personnages tiraillés entre le désespoir (les pulsions suicidaires qui irriguent le film) et la volonté de bruler toute leur énergie dans un dernier baroud d'honneur (on est en 1997 et le film porte avec d'autres films de cette année-là -Happy Together entre autres- les stigmates de l'approche de la rétrocession et des incertitudes qu'elle suscite).

On pourrait également ajouter que le film s'inscrit dans une volonté d'offrir des portraits moins héroisés et plus réalistes du gangstérisme, volonté qui trouvera d'autres manifestations dans la tendance néopolar (la Milkyway, Gordon Chan, Wilson Yip) qui dominera le cinéma de genre hongkongais de l'après-rétrocession. Mais si son personnage de petite frappe n'est pas héroisé, Mi-Aout va progressivement révéler sa part d'humanité au contact de celles dont il collecte les dettes et se révéler capable sur un coup de tete de remplir un papier pour un don d'organes et ce au milieu d'un monde cynique, sans repères, du règne du racket et de la loi du plus fort. Puisqu'on en est au chapitre des gangsters, le coté grotesque de leur allure et de leurs personnages permet à Fruit Chan de parsemer son film de traits d'humour noir du point de vue des dialogues comme des situations qui tempèrent ce portrait d'une jeunesse dans une impasse. Ce dernier aspect est d'ailleurs rarement mentionné lorsque le film est évoqué. Parmi les quelques défauts du film, on a aussi l'incapacité de Fruit Chan à filmer dignement les mongoliens (problème récurrent du cinéma d'auteur asiatique à quelques exceptions près) ainsi que la difficulté du film à se conclure, défaut que l'on retrouvera amplifié dans les films suivants du cinéaste.

Néanmoins, c'est au final la fougue du cinéaste, ses audaces visuelles, l'implication des acteurs et le coté réellement poignant de certaines scènes (la fin, les cris dans le cimmetière, la scène d'hopital concernant le don d'organes) qui permettent au film d'emporter le morceau et de s'imposer comme un film qui compte dans le cinéma d'auteur asiatique des années 90. Si les autres films du cinéaste ont leurs qualités, il ne retrouvera pas la beauté accidentelle de ce film par la suite.



15 mai 2003
par Ordell Robbie




Un portrait limpide et touchant

Peu avant la rétrocession, l'industrie du film à Hong Kong se permettait de produire plus de deux cents films par ans. Pour la plupart 1997 était perçue comme une date fatidique qui entraînerait avec elle l'avenir du cinéma local. A cette peur, s'ajoute la crise économique qui frappe l'Asie de plein fouet et l'éternel problème du piratage qui gangrène le marché du film. Dans ce gouffre général, surgit un film au titre intrigant, son metteur en scène Fruit Chan l'a nommé Made in Hong Kong. Produit par la vedette locale Andy LAU Tak-Wah, il met en scène un tout jeune acteur : Sam Lee. Le film à sa sortie provoque l'engouement général, tant chez les spectateurs que chez les critiques. Pourtant rien ne pouvait assurer un tel succès, sauf le sujet du film.

Que raconte ce Made in Hong Kong ? A première vue, rien de très original. En effet l'histoire s'ouvre sur un groupe de jeunes garçons en pleine partie de Basket Ball, on nous présente un personnage Autumn Moon ( Sam Lee) par le biais d'une voix-off , celle du personnage. Le début du récit tend à s'orienter vers un film sur la triade juvénile (genre très apprécié à Hong Kong, notamment depuis la série des Young and Dangerous)

Mais c'est alors qu'apparaît une jeune fille au dernier étage d'un immeuble, elle marche sur le rebord du mur (magnfique plan), au bord du vide, on devine alors qu'elle s'apprête à se suicider, ce qu'elle fera peu après. Fruit Chan bâtît son film autour de cet unique événement dont toute la portée va se transmettre aux deux personnages centraux du film, à savoir Moon et Ping (une jeune fille malade dont il tombe amoureux). La jeune fille qui s'est suicidée laisse derrière elle deux lettres, une sorte de testaments que récupère Moon sans qu'il soit conscient de son geste et de ses conséquences.

En effet, ses nuits de sommeils sont alors troublées par des cauchemars, ou il aperçoit dans une mare de sang, le cadavre de la jeune défint. Or ces cauchemar répétitifs ne sont que la réflection de sa propre condition de vie. Moon ne vit pas, il survit tout au long du film dans un univers qui le dépasse et dont il ne comprend finalement pas le fonctionnement. Entre les leçons moralisatrices de son patron, la haine acharnée d'une bande d'étudiants à l'égard de son amis attardé mental, les médisances qu'il endure venant de la mère de Ping, ou encore sa mésentente totale avec sa propre mère.

Tel le rêveur idéaliste de Tokyo Eyes, Moon est seul dans son propre univers, un univers qu'il forge à partir de longues heures passées devant des jeux vidéo et d'écoute intensive de musiques techno. Un personnage sous anesthésie qui réalise que tardivement l'incohérence de son existence. Même s'il parvient à trouver son bonheur avec Ping, celle-ci est condamnée à mourir. Made in Hong Kong est le constat d'échec de toute une génération, ce constat, c'est ce testament collectif dans lequel chacun des protagonistes (La jeune fille, Moon et Ping) écrivent un dernier mot d'adieux. Pas dans le but de condamner autrui, mais plutôt pour réaliser (avec amertume sans doute) que leurs vie n'a finalement plus vraiment de sens.

Teinté d'une poésie plus qu'appréciable, Fruit Chan dépeint avec une grande subtilité la faiblesse d'une certaine jeunesse à s'intégrer dans un système social donné. Thème plusieurs fois traités mais rarement avec une aussi nette limpidité. Dans Made in Hong Kong on suit les personnages dans leurs quotidiens, leurs vie seul suffit à insuffler toute une vitalité au film qui s'avère au final très efficace. L'année qui suit, le réalisateur japonais Shinya Tsukamoto réalise Bullet Ballet, si le style diffère, ce film partage le même objectif que celui-ci : décrire un profond désarrois ressentis par tout une jeunesse.

Un film remarquable.

25 février 2001
par Sonatine


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