Avant même d'avoir définitivement bouclé son projet Nu Ren Bu Huai (littéralement Les femmes ne sont pas mauvaises), Tsui Hark sort Missing, un thriller fantastique mêlant un peu tout et n'importe quoi, présenté à Cannes cette année au Marché du film. On peut se demander après la vision de la bête ce qui s'est passé dans la tête de Tsui Hark. Le film, embrouillé, est une accumulation de flash-back dans l'optique de comprendre l'étrange décès de Dave Chen, un photographe spécialisé dans la photo sous-marine découvert décapité après une exploration dans la cité de Yonaguni. Gao Jin s'est soudainement sentie concernée par l'affaire après avoir visité l'exposition de photos de Dave lors d'une soirée hype. Invitée par sa patiente, Xiao Kai, qui n'est autre que la soeur de Dave, elle est une des dernières personnes à l'avoir vu avant que celui-ci ne soit retrouvé décapité. Gao Jin organisera les funérailles de Dave avant que sa soeur ne débarque pour lui crier son mécontentement. A la cérémonie, un psychologue adepte de l'hypnose décide de rencontrer Gao Jin pour une thérapie particulière. C'est aussi là que les choses fâchent, pour le spectateur, Tsui Hark délaissant complètement sa trame pour partir dans tous les sens et embrouiller son spectateur comme jamais par l'accumulation de flash-back flous qui seront contredis aux trois-quarts du film. Grossière erreur de style, comme si le cinéaste se moquait de son spectateur en lui faisant bien comprendre qu'il a été mené en bateau depuis une heure. Pour déboucher à quoi, finalement? A rien. Ou si, à quelque chose une nouvelle fois incompréhensible, les personnages que l'on pensait possédés ne découlent que de l'imaginaire de Gao Jin. Tous ces fantômes, à quoi ont-ils servi? A étirer le film et à permettre à son cinéaste une incursion complètement ratée du thriller fantastique? A copier les mêmes qualités et défauts de ses collègues Pang? Dommage, car avant que le film ne subisse un revirement de situation complet, Tsui Hark instaure une ambiance travaillée, plombée de temps en temps par des aberrations idiotes à peine dignes d'un faux pas de jeune cinéaste (le poisson qui explose l'aquarium, le maquillage grotesque de Isabella Leong) mais dont l'idiotie paraît touchante.
Tsui Hark y croit dur comme fer, tandis que le spectateur est déjà perdu entre les personnages qui apparaissent et disparaissent à vitesse grand V (la palme revenant à un Tony Leung Ka-Fai dont la mort n'a rarement été aussi injustifiée) sans que l'on s'y attende pour autant. Le traitement de ces derniers laisse aussi à désirer, notamment le personnage de Simon interprété par Chang Chen, sorte d'autiste cabotin capable de voir les morts. La séquence où il se débat avec une femme fantôme est tellement outrancière dans l'interprétation que l'on se prend à douter des talents d'acteur du bonhomme. Grotesque, la narration étale les contradictions comme on enfile des perles. Tsui Hark perd le fil de son scénario en passant plus qu'il n'en faut du coq à l'âne aussi bien dans le fond que la forme : intrigue embrouillée (ça, on l'a déjà dit), tentative de créer une ambiance vraiment dark souvent contredite par l'apparition d'une chanson en mandarin atroce à peine digne des romances Hongkongaises du début des années 90, véritable enquête posée et étudiée d'une Gao Jin qui alterne thérapies et cabrioles au dessus d'un balcon. Démentiel car complètement incohérent, Tsui Hark déstructure ses fondations car la narration lui échappe. Et quoi de mieux lorsqu'on ne sait plus quoi faire à mi-film? Faire disparaître les personnages, essayer de donner un semblant d'empathie à l'encontre du docteur Gao qui se retrouve malgré elle patiente (et au spectateur d'avaler de travers), oublier toutes ces histoires de fantôme qui versaient dans le mélodrame insupportable comme les retrouvailles entre Dave Chen/Guo Dong et Gao Jin littéralement tout feux tout flammes, filmer la mer et délaisser le message "sauvons nos océans" évoqué en début de métrage pour faire joli et concerné. Le film marche par étapes, par séquences, et si chacune n'a rien à voir avec l'autre rien n'est grave, c'est Tsui Hark, le maître du cinéma HK, donc c'est hype. Bien qu'atroce à la première approche, Missing arrive à se faire apprécié si on le prend au second degré. Les ultimes séquences au bord de la mer avec Isabella Leong sont tellement ringardes et hors propos qu'elles feraient passer Linger pour un classique instantané du mélodrame poignant. Et cette horrible chanson qui revient régulièrement...
Comment Tsui Hark a pu laisser passer cela, lui, le cinéaste de l'inégal mais furieux Seven Swords bourré de qualités au niveau narratif et formel? Pas grand chose ici ne laisse penser que l'on à affaire à un film du maître, à peine quelques focales sur des objets (un verre d'eau, un livre...), des travellings avants et arrières pour dynamiser un ensemble très plat et exempt de toutes recherches formelles. On n'a pas non plus l'ampleur du scope qu'il maîtrise tant, la photo de Sakamoto Zensho alterne banalité hors du commun (les séquences d'appartement) et ambiance plus chaude (le cabanon en face de la mer en fin de métrage, là où la belle Angelica Lee finira ses jours...). Reste que cette série B du thriller flirte trop avec le nanar pour paraître définitivement sincère. Missing est même un vrai mensonge, un truc pas net sorti de l'esprit d'un cinéaste qui donna ses lettres de noblesse au cinéma Hongkongais et qui fonctionne ici par une ou deux scènes sympathiquement exécutées (le camion fantôme qui démolit l'appartement de Gao Jin, SOS Fantômes powa!). Reste que, complètement perdu, le spectateur aura intérêt à bien s'accrocher pour donner une signification au dernier quart d'heure qui ne sert tout simplement à rien. Attachant mais complètement raté et inutile, Missing est le paradoxe du cinéma actuel de Tsui Hark : des fulgurances minimes mais un traitement affligeant faisant de la narration qu'un élément second à la réussite d'un film.
Annoncé à grands renforts de teasers publicitaires au Marché de Cannes 2007, Tsui Hark tentait de faire les yeux doux aux possibles investisseurs en projetant quelques images de plongée sous-marine parallèlement à la diffusion de son "Triangle". Le film à six mains permettait d'ailleurs d'effacer momentanément l'échec (un peu injustifié) de son ambitieux "Seven Swords".
Le teaser montrait deux plongeurs, explorant un relief rocheux rappelant vaguement les terrasses d'une ville ancestrale enfouie. La tension monte, la respiration des plongeurs s'accélérait, puis on voyait des longs cheveux BLANCS faire leur apparition derrière un rocher avant que le teaser s'interrompait brutalement. Suspense. Rage. On voulait en voir plus, pas sûr tout de même de vouloir investir son propre argent dans une production de Tsui, toujours à risque. "Missing" en est une nouvelle preuve de quoi le réalisateur est capable…dans le PIRE.
Il avait vanté son projet d'être dans la lignée de "Abyss" de Cameron (échec coûteux à l'époque; œuvre réévaluée depuis); "Missing" n'arrive même pas au petit orteil du film américain.
Qu'est-ce qui se passe donc à l'écran…ben, on ne sait pas trop. Ca démarre sur des images assez bien emballées, mais déjà vides de tout sens. Angelica Lee fait la connaissance de Tony Leung (Ka Fai) au cours d'une expo branchée et branchouille sur fond du front de mer de Hong Kong. Apparemment, Tsui s'est fait plaisir et témoigne d'un certain monde mondain dans lequel il semble désormais évoluer. Ca parlotte, ça prend des poses – on s'ennuie ferme, mais on attend.
Le nouveau couple décide d'entreprendre une plongée dans des supposées ruines de 10.000 ans d'âge. Les images sous-marines en elle-même ne sont déjà pas bien passionnantes (peu de faune et de flore ou alors semblant reprises de documentaires pour faire joli), ça dure longtemps, puis il se passe un tout petit truc et HOP on passe à une scène de funérailles. Ce n'est que plus tard, que l'on comprend que Tony Leung est MORT, le con ! Ben ouais, il n'est venu que cachetonner (bien lui en a pris; j'avais déjà oublié, qu'il jouait dans le naufrage). Scènes d'un vide intersidéral, où Isabella (Leung) reproche des choses à Angelica, sans que l'on comprenne très bien pourquoi, tandis que dans le fond de l'image, il y a une bébête assez ridicule, qui fait son apparition et provoque la crise d'épilepsie de l'un des moines veillant sur le défunt.
C'est d'ailleurs à partir de ce moment, que le film bascule dans une sorte de brouillon préparatoire au futur "The Eye 3", signé…TSUI Hark. Soit Angelica, qui se met à voir des fantômes, ce qui donne lieu à des scènes assez cocasses, du genre d'un poisson en vilain CGI, qui s'énerve contre la vitre de l'aquarium ou (excellent !) l'apparition d'êtres ressemblant très fortement aux Dieux de la Mort de "Death Note". Si, ces gens là sont assez poilants. Entre deux, Chang Cheng vient cachetonner à son tour; mais le pauvre semble sous l'emprise de fortes drogues…sans doute pour tenir son rythme effréné de tournage d'un peu partout dans le monde. Il ne sait donc plus vraiment comment interpréter son personnage et cabotine au-delà de la mort (ça tombe bien, car il en est entouré…des morts !).
On ne sait plus trop ce qui se passe, alors on se raccroche à des bouts de scènes totalement décousues, comme cette attaque surprise d'Isabella sur Angelica, qui lui fait un retourné / grand écart pour passer par-dessus la balustrade de son balcon…c'est tout simplement indescriptible, mais ça vaut le meilleur des pires scènes d'action des sous-produits HK des années 1980/1990.
Donc beaucoup de choses à se passer…sauf que là, on en est seulement à 45 minutes de films et qu'il reste encore 1h15 de métrage…Tsui Hark remplit la mission haut la main en rallongeant ses scènes, en sautillant d'un genre à l'autre sans jamais se prendre le temps de développer quoi que ce soit, en intégrant des scènes d'amour mielleuses à des scènes supposées faire peur à un thriller d'action (sans d'action) à du psychologique…pour finir sur une scène digne d'un clip réalisé pour des compils karaoké…cambodgiens (le must dans le sirupeux).
On pourrait parler d'un OFNI (objet filmique non identifié); mais il est beaucoup plus juste de mettre les futurs spectateurs en garde devant l'absolue nullité de ce navet.
Incroyable, comment des "grands" réalisateurs enchaînent les navets en cette année 2008: après le catastrophique "Linger" de Johnnie To (tout de même un chef-d'œuvre à côté de ce "Missing), après le "L change the world" de Nakata, voici donc "Missing", sans aucun doute le film le plus catastrophique de Tsui Hark depuis le début de sa carrière.
Tout de même, les critiques ont plus que la dent dure envers ce film qui appelle pourtant à une vision multi-angle pas ininterressante.
Il ne s'agit pas de s'exciter le bulbe parceque ce serait un produit super complexe du père Tsui mais plutot se laisser entrainer dans les thèmes Harkiens en toute simplicité.
Sur l'intrigue on peut effectivement vite lacher l'affaire vu les differentes possibilités explorées pour finalement arriver à une formule bien pratique.On peut se dire, "mazette, tout ça pour ça!!!". Et bien oui parceque pendant tout ce temps, bien des axes de "réflexion" ont défilés qui peuvent éventuellement illustrer les angoisses, les idées ou les questions que le réalisateur se pose.La solitude, la perte d'un être cher, "refaire surface" après la disparition de cet être cher, l'amour, les femmes, les fantasmes ou ce que l'on veut croire....
Mais c'est bien connu, Hark est un grand insensible...
C'est vrai que c'est un foutoir et qu'on peut y perdre le fil mais ces effets de projection des personnages(sont-ils ce que l'on croit qu'ils sont?) offre au moins une issue au film.
Et c'est surement là que ça pêche.C'est comme si il n'avait pas voulu donner de fin définitive mais quasiment nous laisser choisir une des fins proposées afin que tout le monde soit content.Bon, à priori, il n'y a pas grand monde de satisfait vu l'éxécution sommaire du film un peu partout.
Soit. J'assume de ne pas détester Missing
Angelica Lee ne manque pas d'arguments et fait tout ce qu'elle peut pour être plausible, je trouve qu'elle s'en sort tres bien.
Le film est également musical à souhait et donne lieu à des séquences sensées faire avancer l'histoire mais là aussi, l'impact est tres faible bien que très beau.Vous me direz que c'est le minimum syndical! Oui mais c'est toujours agréable.
Encore une fois je ne veux en aucun cas intellectualiser quoi que ce soit sous pretexte que c'est Tsui Hark.Je ne regarde pas des films pour me faire mal à la tête et je ne prétends pas "comprendre" le message de Missing.D'ailleurs qui pourrait capter quelque message que ce soit puisque qu'il n'y en a aucun.
Je dis juste ça parceque j'ai passé un bon moment en le regardant.
Certes j'ai énormément de respect pour cet immense réalisateur ! Cela dit - quand bien même l'amour rendrait aveugle^^ - cela ne m'empêche de rester lucide sur la qualité de ses œuvres. Et, en l'état, Missing est une catastrophe ni plus ni moins. Très brièvement, Missing oscille entre ces trois caractéristiques : le convenu, le pathétique et son lot de bons sentiments exacerbés "limite vomitif". Et au final ce n'est certainement pas l'esthétique - certaines images touchent au sublime - qui sauvera le film hélas. Tsui Hark a très certainement voulu signer une très belle histoire d'amour. Je n'ai aucun doute sur sa sincérité, sauf que... Sauf qu'il se plante en beauté pour le coup.
Tsui Hark, par pitié, reprend toi !
PS : franchement, avant de découvrir le film, j'avais jeté un rapide coup d'œil sur toutes vos critiques (pour le moins négatives). Mais je ne voulais pas vous croire. Je ne pouvais me résoudre à croire que monsieur Tsui Hark puisse un jour proposer au spectateur un film aussi raté. Donc il fallait que je vérifies par moi-même. Néanmoins je ne le regrette pas. Au moins, maintenant, je sais.
Et bein jamais j'aurais pensé dire du mal d'un film du meilleur realisteur au monde et pourtant.
J'aurais voulu aimé ce film, mais là c'est vraiment pas possible, premier film de Tsui Hark que je trouve mauvais ( oui j'ai vu Black Mask 2 et The Master ). Au moins quand Tsui Hark fait un truc mauvais y fait pas semblant, y donne tout ce qu'il a, y a juste le generique du debut qui réussit, pour le reste c'est un grand chelem dans la mediocrité.
Scenario : entre les trucs incomprehensible ( y en a plein ) d'ailleurs au final j'ai pas compris grand chose du film et une histoire aussi chiante que le dernier Burton c'est vraiment pas la joie. Putain on se croirait chez les freres Pang tellement c'est pourri l'histoire, deja que je suis pas fan des trucs de fantomes, là j'ai été servit.
Acteur : Y a des scenes c'est juste honteux de voir ça, même Tony Leung est mauvais c'est dire.
Realisation : c'est pas possible c'est pas Tsui Hark qui a fait le film mis a part 2 ou 3 travellings avants et arrières qui nous reveille, y a rien a sauver, la palme au camion dans l'appart et la scene de fight entre les 2 femmes. A mon avis c'est un stagiaire qui a filmé, c'est pas possible autrement.
Le pire c'est que ça dure 2h.
Bon j'espere que Tsui Hark va vite se ressaisir et nous sortir soit un ptit WXP soit un ptit polar qui defouraille histoire d'oublier ce truc immonde.
Une fois de plus Tsui Hark aura réussi à surprendre son monde mais dans le mauvais sens du terme.
Rarement le bonhomme nous aura fait subir un tel supplice tant Missing est une punition pour le spectateur. Et encore, ça aurait pû être drôle mais non.
Quelques beaux plans, une Angelica Lee (à croquer) qui semble y croire mais le scénario est beaucoup trop abracadabrant pour qu'on s'y interesse. Résultat le film est long, très long.
Dommage. Vraiment dommage.
J'ai lu ici et là que " Missing " était incompréhensible, inintelligible, abscons.
Eh bah en fait non.
Du coup j'écris ces quelques lignes en réaction à la critique de Carth sur ce site :
Missing est un film très facile à comprendre, assez inspiré par moment, et surtout très beau.
Le fin mot de l'histoire ?
Il faut être FOU pour penser que les fantomes agissent en notre monde et peuvent retrouver la joie de vivre aupres des leurs.
L'au delà agit sans doute, de façon plus discrète, détournée, désinterressée...
La seule vraie maladresse de Tsui Hark sur ce postulat, c'est que son exces de talent ne nous permet pas de remettre en question
les éléments de la premiere partie: du coup, quand intervient le twist et la derniere demie-heure, on se dit : " Ah merde quelle arnaque ! "
Mais il ne faut pas perdre de vue que Tsui Hark fait ses films souvent en réaction à ce qui l'entoure.
Donc on a :
La premiere heure, plutot premier degres qui lorgne effectivement du coté des frêres Pang, des Tomie, et consorts, fonctionne plutot bien, et je dois avouer avoir tremblé lors de la scene ou une horde de fantômes arrivent en même temps...
Ensuite, il fait effectivement un détour par la case mélo qui marche ( la scene des retrouvailles en feu, croyez-le ou non, est authentiquement très belle. ) pour ensuite tout saloper : " La reincarnation en poisson, quelle idée ridicule, eh mais dites-voir, il avait pas pété l'aquarium ce poisson ? "
Du coup on se dit : ça va pas s'arreter là, et effectivement, il s'en suit une dixaine de minurtes d'explications trop didactives, et c'est là pour moi l'erreur : il aurait mieux valu distiller ces informations tout au long du metrage, pour que le spectateur se disent : " aah y'a un truc... mais lequel ? ", du moins pour s'accorder la participation du spectateur au processus narratif.
Là on est plus ou moins obligés d'accepter completement un autre film.
Mais au final, dans toutes ses élucubrations et son manque apparent de clareté, la thématique film tient la route.
Et comme la photo est sompteuse, ne boudez pas votre plaisir, voyez ce petit film sans faire de chichi et vous passerez deux bonnes heures.