Ils sont nombreux, les films chinois qui décrivent les conditions de vie misérables des habitants de la campagne, ces oubliés du développement économique victimes de l’idéologie centralisatrice et monolythique de Pékin, qui leur refuse par exemple d’être propriétaires à part entière de leurs terres agricoles afin de pouvoir en vivre.
The Shaft en fait partie. En focalisant son propos sur une famille lambda qui va peu à peu se déchirer et se séparer devant l’absence totale de perspectives au village, Zhang Chi fait preuve ici d’un talent certain pour installer une histoire et susciter la réflexion, magnifiée par cette image finale incroyable qui suggère que la route vers le bonheur est encore longue. Malgré tout, le rythme fort lent, l’abus de fondus au noir et la présence de quelques clichés déplaisants en limitent forcément l’intérêt et la portée.
Je suis assez sévère avec ce film mais pour moi il le mérite. Autant BLIND SHAFT était une réussite totale, dans un style quasi documentaire aussi, autant THE SHAFT est d'une platitude soporifique. (tous deux ont pour contexte la mine et l'univers ouvrier). On pourra arguer que le film s'attache à retranscrire la vie réelle de ces familles dans un village minier de la campagne chinoise, et qu'en effet le réalisme est au rendez vous, mais le propos n'apporte strictement rien de nouveau: des enfants de mineurs voulant s'expatrier à la ville et changer de vie, ça ne date pas d'aujourd'hui, l'exode rural a déjà bien commencé.
Voilà donc le problème: l'aspect documentaire est vain, d'autres ont bien mieux réussi à faire passer les sentiment de frustration ou d'impuissance face au destin, je pense entre autre à l'oeuvre dantesque de WANG Bing, à l'Ouest des rails, et l'aspect dramatique n'est franchement pas très prenant. Pour moi ZHANG Chi commence sa carrière avec un mauvais film, avec un train de retard, un peu à l'image de ses protagonistes. Le résultat est aussi passionnant qu'un très surestimé JIA Zhang Ke. La Chine nous fournit beaucoup d'oeuvres supérieures à ce SHAFT qui manque singulièrement d'intensité, il serait dommage de perdre son temps avec ce film.