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The Housemaid

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 0.5/5

vos avis

19 critiques: 2.54/5



Aurélien 0.5
Ordell Robbie 0.5 Revisite l'original à coup d'esthétisme clinquant.
Xavier Chanoine 0.5 Bête et vraiment méchant
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Bête et vraiment méchant

Bande annonce

A croire que les nombreuses variantes autour du thème de « La Servante » n’étaient pas suffisantes, le cinéaste Im Sang-Soo nous sert sa propre version, présentée à Cannes cette année. On se demande bien ce qui est passé par la tête des sélectionneurs pour amener cette sulfureuse histoire dans le dernier carré tant cette prétentieuse version 2010 s’avère être plus bête et méchante que réussite cinématographique. Euny (Jeon Do-Yeon) quitte son petit boulot pour devenir servante d’une richissime famille. Très vite séduite par le mari, elle se retrouvera rapidement enceinte. Epiée par sa supérieure, cette dernière confiera à la mère de l’épouse la liaison entre le mari et Euny. Cette dernière ne tardera pas à faire les frais d’actes bien malveillants…

Censée être une critique du milieu bourgeois et plus particulièrement des inégalités entre riches et pauvres, dans une société de plus en plus américanisée –voir l’ultime séquence, The Housemaid brille par son absence de projet de mise en scène, faisant de chaque scène, chaque plan, un immense calque vidé de toute substance, sans la moindre once de vie, d’humanité. D’accord le film est inhumain, villa-musée dont le moindre recoin semble être une salle d’exposition sans vie, être riche c’est chiant et prétentieux –lorsque le mari ne joue pas l’œnologue de service ou le pianiste hors-pairs, il se prend pour une star du porno, mais faire passer le message par un filmage tout aussi prétentieux, étalant les artifices sont aucun lien entre eux pour simplement épater la galerie reste à ce stade une hérésie. Comme si Im Sang-Soo était littéralement entrain de « baiser » en se regardant dans une immense glace, à l’image de l’attitude ridicule du mari lorsque ses bas instincts prennent le dessus. L’original ne se perdait pas dans cet apanage de luxe et de mépris pour les petites gens, mais se concentrait surtout sur le dynamitage d’une famille entière par le vampirisme d’une paumée, sorte de veuve noire troublante amusée face au désordre qu’elle crée autour d’elle suite à l’adultère du mari. Et surtout, c’est le personnage féminin étranger à la famille qui manipule les rennes à sa guise, Im Sang-Soo préférant quant à lui provoquer l’explosion avec les biceps du mari bien désireux de faire claquer du cuissot de servante dès leur première rencontre. L’autre problème du remake est l’absence de véritable psychologie des personnages. Euny change de comportement le temps d’un raccord, et pas n’importe quel comportement puisque ses pulsions oscilleront entre le désir, la vengeance et le suicide, l’épouse tient son rôle de manipulatrice méprisante tout comme sa mère arrivée comme un cheveu sur la soupe, tandis que le mari semble avoir été oublié le temps d’une bonne partie, enfermé dans son rôle d’amateur de vin et d’éjaculations faciales, jeune papa à ses heures perdues. Reste la supérieure d’Euny, servante expérimentée et personnage mystérieux. Chez Kim Ki-Young, l’énorme plus-value revient à l’importance accordée au rôle des enfants. Si chez Im Sang-Soo la petite fille n’a aucun intérêt si ce n’est d’éprouver un peu de compassion face au malheur d’Euny, les deux enfants du film original participent, un peu à leur manière, à la protection de leur cocon familial. Certaines séquences les mettant en scène sont ainsi particulièrement impressionnantes.

Malheureusement, le fait de régler tous les problèmes dans la villa par l’argent vire au procédé répétitif et quelque peu facile, une liberté de plus par rapport à l’œuvre originale. Très bien, les riches sont pourris par l’argent qu’il nous dit Im Sang-Soo (Kim Ki-Young s’en fiche, la maison des riches est même infestée de rats), mais tout de même, cette manière de dépeindre une certaine forme de corruption sociale empêche le film de proposer de véritables conséquences face aux actes des protagonistes, contrairement à l’original qui enchaînait chantage, emprise et menaces simplement suite à l’adultère. La peur d’une quelconque répercussion négative sur la famille recouvrait l’original à chaque plan. Im Sang-Soo préfère tenir le discours suivant : tu as pourris notre famille et a couché avec mon mari ? Très bien, prends ce cheque et avorte. Je t’ai fait tomber d’un étage ? Excuse-moi ce n’était qu’un accident, acceptes cette somme. The Housemaid se résume à ça, entre deux travelings et deux plans en plongée qui ne signifient rien, pas même ce flou artistique entourant l’image des plans pris à l’arrachée dans l’introduction nocturne. Malheureusement le film vire à la crétinerie la plus sordide lors de son dernier acte imprégné de vengeance. Le personnage de Jeon Do-Yeon, manipulé et écrasé par l’épouse et sa mère, pète les plombs de manière incompréhensible pour aboutir à un final grand guignol que l’on pense être un mauvais rêve. Incohérence du scénario avec sa supérieure qui pense qu’il y a encore un espoir avant de paraître indifférente face au sort réservé à sa « protégée ». Définitivement incompréhensible. Mais tout n’est pas à jeter, et heureusement. Jeon Do-Yeon se retrouve être impliquée dans deux trois séquences gentiment sulfureuses et provocantes, un plaisir pour les sens et les mirettes, et le film jouit parfois d’une hystérie et d’un humour communicatifs à condition d’arriver à faire le tri des poubelles. En se réappropriant La Servante de Kim Ki-Young, Im Sang-Soo davantage du côté des bourgeois que des petites gens, malgré le message qu’il tente de passer, rate le coche et se fourvoie avec panache dans un catalogue d’effets stylistiques plutôt que dans un vrai film de cinéma.



28 juillet 2010
par Xavier Chanoine


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