Interview johnnie to

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28/05/02 10:54 

par Medvedkine
Du site sur le dvd du film, pour ceux qui aurait la flemme.

ENTRETIEN AVEC JOHNNIE TO
> Comment vous êtes-vous intéressé au cinéma?
C'était naturel. Regarder des films était le divertissement principal de notre génération. C'était regarder des films, aller à l'opéra chinois ou jouer au football. Les gens disent qu'aller au cinéma à cette époque n'était pas cher, mais pour nous enfants, 20 cents c'était beaucoup d'argent. Je devais travailler une journée entière à confectionner des fleurs en plastique pour gagner de quoi voir un film. Et les gens faisaient la queue pour aller au cinéma. Je parle ici des séances du matin et de fin d'après midi. Les séances du matin étaient pour les films en cantonais, et celles de fin d'après midi pour les films occidentaux. J'allais toujours voir les films occidentaux, j'en avais plus pour mon argent.
Des westerns, des films d'action, des comédies dramatiques : Burt Lancaster, Stewart Granger, Franck Sinatra, Yul Brynner... Je ne m'embêtais pas à me souvenir des noms des réalisateurs. Un jour mon père a trouvé du travail dans un cinéma et j'ai pu regarder les films sans payer, bien que je dusse les regarder de derrière l'écran et donc les images étaient inversées. Puis je me suis mis à regarder les films en mandarin, principalement les films d'arts martiaux de Zhang Che. Et j'ai voulu faire des films. Je fus engagé à la TVB en 1972 comme assistant administratif et j'ai suivi leurs cours de comédie.
Je ne voulais pas être acteur. Je voulais juste travailler derrière la caméra, de préférence en tant que réalisateur. Mais il n'y avait pas de cours de réalisation sauf a l'université Baptiste et donc ce cours de comédie à la TVB était le seul choix. J'allais voir tous les films à l'affiche pendant les week-ends, parfois en courant d'un cinéma a l'autre. J'aimais Alain Delon, Dustin Hoffman et Jean-Paul Belmondo. Je me souviens encore du Lauréat et de l'Aventure du Poséidon. Puis je me suis mis à porter un intérêt aux réalisateurs. J'ai vu Taxi Driver de Scorsese, je n'ai pas vraiment compris, mais j'ai bien aimé. De nos jours je regarde moins de films. Je finissais le travail à 17h et j'allais en cours à 19h juste à côté. Je passais donc deux heures soit à la cantine soit dans la salle de mixage à regarder les techniciens travailler sur les films. J'ai eu de la chance, deux mois après la fin du cours, je suis devenu assistant de production, puis producteur en moins de deux ans (note: à la télévision hongkongaise, le producteur est appelé "scriptwriter/director " en chinois et joue le rôle de réalisateur). Etrangement j'ai eu la possibilité rapidement de faire un film pour le cinéma, et ce fut The Enigmatic Case. Je n'aurais pas eu la possibilité de finir ce film, si mes acteurs Damian Lau, Chung Chi-man, Ting Leung, et Kong Hon ne m'avaient pas autant encouragé.
J'ai donc appris que faire des films n'était pas facile. C'est très différent de la télévision, bien que les deux soient des médias audiovisuels. J'étais débutant non seulement au cinéma mais aussi a la télévision. Après cette expérience difficile dans le cinéma avec un tournage en Chine continentale, je décidai de retourner à la télévision pour m'améliorer, mais mon cœur était dans le cinéma. Pendant les sept années entre The Enigmatic Case et mon second long-métrage, Happy Ghost 3, travailler à la télévision était comme aller à l'école. Il y avait moins de pressions avec les séries télé, nous pouvions nous permettre de faire des erreurs. Bien que nous devions penser à l'audimat, TVB était si puissante que cela importait peu. La première chose que j'ai faite, fut de m'imposer comme réalisateur en qui la TVB pouvait faire confiance. Pas seulement atteindre un certain standard, mais le dépasser, si bien que la TVB me confia les budgets pour faire de grosses séries qui coûtaient trois à quatre fois plus chère que les autres. J'ai atteint le point où je n'avais plus qu'à suivre le scénario à la lettre.
Habituellement, les réalisateurs formés à la télévision n'écrivent pas leurs scénarios, mais je n'étais pas satisfait de seulement critiquer les scénarios des autres, j'ai donc commencé à travailler dessus. En sept ans j'ai fait tous les genres de séries : comédies, tragédies, actions... vraiment tout. De nos jours la masse de travail demandée a un réalisateur de télé n'a rien à voir avec ce que nous avons connu.
> Parlons de The Mission, pouvez vous nous dire comment Akira Kurosawa vous a influencé pour ce film?
Ce film n'existe que grâce à Kurosawa. L'influence principale a été Les Sept Samouraïs, la sorte d'immobilité dans ce film, qu'aucun réalisateur jusqu'ici n'avait réussi à capturer, en particulier le mouvement dans l'immobilité. Il pouvait le capturer en ayant juste ses acteurs debout dans le cadre, tellement d'énergie juste en étant immobile… Sans les films de Kurosawa, je n'aurais pas pu faire The Mission.
> D'où vient votre style détaché?
Le scénario n'était pas important. Ce qui était important était l'aspect visuel et ce que vous faites avec. Une fois que j'avais imaginé que faire avec l'aspect visuel, je suis retourné vers le scénario. En terme d'expressivité visuelle, je suis plus satisfait avec The Mission qu'avec mes autres films, car avec ces derniers je me sentais restreint par le scénario. C'est la grande différence. Nous avons écrit le scénario avec des images, mais ce n'est pas une méthode que je conseille aux jeunes réalisateurs, à moins que vous soyez sur de vous.
> Les images que vous évoquez, sont-elles une sensation, une vision ou quelque chose de plus concret?
Comme cette scène où les personnages jouent avec une balle en papier. Dans le récit vous avez besoin d'une scène comme celle-ci. Quand je travaillais sur le script avec mon scénariste Yau Nai-hoi, nous étions d'accord, mais comment exprimer ces sensations, cette ambiance? Il y a beaucoup de scènes où vous devez capturez ces sensations, cette ambiance.
> Dans des termes plus pratiques, comment cela fonctionne t-il? Est-ce que le scénariste ou le réalisateur arrive avec tous les détails et les répète avec les acteurs ou est-ce que les acteurs ont une marge de manœuvre, est-ce qu'ils improvisent?
Peut-être peut-on l'annoncer comme cela : les acteurs ne devraient pas savoir ce qu'il viennent de faire même après avoir fini la scène. Pendant un tournage, il m'est difficile d'expliquer ce que je veux. Quand je peux expliquer ce que je veux, bien sûr ils suivent mes instructions. Les acteurs de The Mission avaient tous beaucoup d'expérience. Si j'avais utilisé de nouveaux acteurs, je pense que toutes ces choses qui font le film n'auraient pas été là. Mes acteurs ont pu très vite digérer ce que je voulais et même s'ils ne comprenaient pas l'histoire dans son ensemble, ils pouvaient atteindre les besoins de chaque scène.
> N'aviez vous pas d'autres acteurs en tête dans un premier temps? Que pensez vous des effets que vous avez atteints avec ce casting?
C'est une question sur ce qui est idéal? Même si j'avais eu les deux Tony Leung, Lau Ching-wan ensemble dans le casting, j'aurais fait la même chose. La question est : qui a le meilleur look? L'idée originale, si elle avait été réalisée, aurait fait du film une sorte de classique. Lau Ching-wan, les deux Tony Leung, plus Francis Ng et Anthony Wong, cela aurait été le casting du siècle ! Dix ans plus tard, le public en le regardant aurait dit que le film rassemble les meilleurs acteurs de l'époque. L'idée originale était de créer une sorte de légende avec un casting historique, mais cela ne fut pas possible pour des raisons de budget.
> Est-il vrai que les acteurs ne connaissaient pas la fin du film?
Ils n'en savaient rien réellement. Nous, nous savions bien sûr. De cette manière les acteurs s'impliquent plus dans les scènes finales et font ressortir les détails. En fait nous avons discuté de l'histoire tout au long du tournage. Pour moi, les changements et les variations sont aussi importants que le scénario.
> La musique de Chung Chi-wing joue un rôle important dans le film.
Le film tout entier est comme un ballet, donc la musique se devait d'être toujours importante. Nous avons fait plusieurs essais, et le cinquième fut le bon. Je voulais donner une atmosphère rétro à la vie de ces gangsters. Les acteurs ont découvert la musique seulement quand ils ont vu le film.
> Est-ce que la fin optimiste ressemble à votre propre mentalité, ou bien est-ce une sorte d'allégorie sur vos sentiments sur l'industrie (du cinéma de Hong Kong)?
J'ai déclaré qu'en 1999, mes films ne seraient pas tragiques, et c'est pourquoi je ne voulais pas d'un tas de corps criblés de balles a la fin. Pourquoi aurais-je besoin d'une fin ou tout le monde meurt? Je ne voulais pas la même sorte de fin que dans The Longest Night ou Expect the Unexpected. L'industrie du film était à terre, j'avais besoin d'une touche d'espoir, de renouveau. J'en avais besoin moi-même. Ne pensez vous pas que le public en avait besoin également?



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28/05/02 12:12 RE: Interview johnnie to

merci !


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28/05/02 18:37 RE: Interview johnnie to

par belegur

cest une interview paru ds hkvideo ?



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29/05/02 00:58 RE: Interview johnnie to

par Medvedkine
Non, une interview paru sur le site fait par ocean films (ou une filliale). Le lien du site est dans un autre forum sur la sortie du film en dvd le 4 juillet si tu veux voir à quoi ça ressemble, et le dvd à venir par extension. Plutôt pas mal d'ailleurs.


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