Drame panzer
On commence à connaître les qualités et les défauts des frères Pang. Un savoir faire technique indéniable, mais souvent mal utilisé par des scénarios manquant clairement de profondeur.
Diary vient hélas une nouvelle fois confirmer ces observations, mais de manière bien plus appuyée en raison du style même du film. Quand il s'agit de faire des films d'épouvantes tels que
The Eye, ou des comédies d'action telle que
Leave me Alone, le style visuel très travaillé comble en partie les lacunes du scénario. Sur un film beaucoup moins spectaculaire comme
Diary, c'est le drame humain qui est au coeur du film et qui devrait lui donner toute sa force. Au lieu de ça, on se retrouve devant un drame tourné comme un film d'épouvante, ce qui en désamorce tout l'impact humain.
Bien sûr, techniquement le film est très soigné. La photo est très travaillée, dans des tons très froids et désaturés, la réalisation multiplie les cadrages. On obtient alors un bel objet, mais un objet froid, qui ne permet jamais vraiment de saisir l'enjeu humain. La musique très film d'horreur est également un gros problème, avec ses gros effets sonores qui sont eux aussi en décalage total avec le style attendu pour ce genre d'histoire. Bien sûr, on peut aussi argumenter que les frères Pang ont délibérément choisi une approche thriller plutôt que dramatique. Mais même celle-ci ne convaint pas pleinement.
On se retrouve en effet avec la mode actuel des twists à répétition, effet certes amusant parfois, mais qui ne dépasse que très rarement le status de gadget valable seulement à la première vision du film. C'est parfois virtuose, souvent tiré par les cheveux. Diary relève hélas plus du second cas, on se doute assez rapidement que certains personnages n'existent pas, et le twist final est de trop et surtout sans aucun intérêt dramatique.
Reste hélas peu de choses à mettre au crédit du film. Il faut saluer la performance assez intéressante d'une Charlene Choi utilisée complètement à contre emploi. Elle se débrouille finalement très correctement dans le rôle principal, même si la mise en scène ne fait rien pour mettre en valeur le drame de son personnage. On aurait plutôt attendu une réalisation minimaliste pour mettre le personnage et son interprète au coeur du film. Ca ne sera pas pour cette fois. Isabella Leong et Shawn Yue viennent compléter le casting avec des rôles très succints et sans gros intérêt.
Cette incursion des frères Pang dans le drame vient donc confirmer qu'ils doivent être bien cadrés pour s'exprimer de manière efficace. Leurs tentatives de donner un peu de fond à leurs films sont le plus souvent des échecs. On oubliera rapidement les poncifs sur l'homosexualité de
Leave me Alone, le virage du pourtant intéressant
Abnormal Beauty en thriller vide de sens, et maintenant ce
Diary qui sacrifie le drame humain sur le sacro-saint autel du style visuel. Décevant donc, mais hélas pas moins prévisible.
Diearay
Je l'avoue tout de suite: j'éprouve une réelle tendresse envers les films des frères Pang. Je suis tout à fait conscient de l'esbroufe visuelle, du manque du travail des scénarii et de la répétition de leurs formules éprouvées. Les réalisateurs sont eux-mêmes humainement hyper arrogants, ce qui ne ferait que renforcer leur côté antipathique…mais quand même…
Depuis l'incroyable sursaut, que j'ai pu avoir lors de la scène de l'hôpital dans le premier "Eye", je suis constamment sur leurs gardes dans leurs films. Je trouve que tous deux ont un talent incroyable à créer une atmosphère d'insécurité, où le Mal rôderait dans chaque coin de plan et serait prêt à n'importe quel moment. Dans la foultitude de tics visuels, il y a toujours des magnifiques plans à sauver et des réelles innovations visuelles. Sans parler de l'excellent traitement de l'image (du son et du montage), toujours d'une incroyable inventivité.
J'ai donc serré mes poings à l'apparition de la marionnette géante ou de la fumée noire menaçante et j'adore le traitement de la scène, où Charlene Choi pète un câble en montrant son journal intime après avoir dit, que Seth est mort d'un cancer. Charlene, horripilante moitié des "Twins", que je ne su-pporte pas dans aucun de ses autres films et qui compose ici un rôle à parfait contre-emploi, qui me fait réévaluer ses performances d'actrice.
Seulement voilà, la formule des frères Pang est également de faire beaucoup de bruit pour pas grand-chose et de se contenter de construire un long-métrage autour d'une idée qui peine à tenir la durée d'un court-métrage. "Diary" est donc particulièrement LENT dans le déroulement de son intrigue. Les bases sont rapidement posées, on sait devoir s'attendre à un twist final, les dialogues (rares) sont longs et creux, et els acteurs tournent rapidement en rond. Arrive donc a révélation tant attendue au bout d'une heure pile (avec une jolie idée de générique) avant de rebondir tout plein de fois pour en mettre "plein la vue" et en donner pour son argent…Sauf que le scénario n'est pas aussi transcendant, limite ridicule et que le manque d'épaisseur des personnages se fait s'en @!#$ royalement de leur devenir.
Reste donc le plaisir des yeux et – un peu – des sens avec une foultitude d'idées visuelles et de plans à repiquer pour des futurs films. Ce qui n'est déjà pas mal.