Historique. Tous les thèmes sont là mais y a encore du chemin à faire
Juste pour ajouter qu'en cette année 1967, Chang Cheh utilise encore beaucoup les thèmes importants des grandes romances dramatiques des années 50-60. Les difficiles relations entre un guerrier et une fermière font échos aux grands films de l'époque Li Han Hsiang où l'amour impossible (ou pas) entre le chevalier et la douce paysanne reste le noeud dramatique principal. Donc, pas mal de scènes bien classiques encore mais du coup un souffle chevaleresque, un relief sentimental plus important qui enchantera le nostalgique. Mais déjà le style du maître du bain de sang héroïque éclôt et révolutionne le genre, s'appuyant sur des caractéristiques propres au chambara, il s'attaque aux conflits avec une violence thématique et une hargne visuelle qui n'en sont qu'à leurs débuts. Les bons sont irréprochables et les fourbes détestables, à tel point que l'on attend impatiemment le moment où ils vont se prendre une bonne raclée. De même Wang Yu perd son bras sur un terrible concours de circonstance, une fatalité plus terrible encore que si il le perdait par honneur comme David Chiang dans
The New One armed swordsman. Des sentiments exacerbés que Jimmy Wang Yu transmet aussi plutôt bien (pour une fois). Et puis quel plaisir de découvrir ici les origines de
The Blade, son relief dramatique déjà présent, domaine où Chang Cheh débutait sa grande période, et son épée coupée identique à la version hommage de Tsui Hark. Deux films clefs du wu xia pian.
ps : subjectivement, je n'ai pas trop accroché au classicisme gnangnan mais objectivement, c'est un film qui compte.
nb : les afficonados auront reconnu le célèbre sample de Mix Master Mike pour l'intro du titre des Beastie Boys "Intergalactic Planetary". Trop pur. ;)
Naissance d'un mythe dans un certain classicisme
Si tout le monde connaît la fameuse Rage du Tigre, il ne faut pas oublier que c'est ce One armed Swordsman qui a inspiré The Blade, et le vrai premier grand film du sabreur manchot. Et si certaines qualités du film avec David Chiang sont clairement absentes ici, le film en a tout de même d'autres à faire valoir.
Le récit est assez typique, avec le sabreur devenu manchot qui souhaite mener une vie paisible, mais qui est rattrapé par son destin. Le film présente quelques longueurs, mais sans jamais verser dans l'ennui total, certains dialogues sur le destin de l'épéiste étant même assez intéressants même si un peu répétitifs. Les côtés kitsch (avec les gimmicks musicaux du générique, la musique empruntée à James Bond) et excessifs (combats à 1 contre 50) de la Rage sont ici remplacés par un classicisme qui a aussi son charme. Les décors en studio sous la neige au début du film sont superbes (et autrement plus classieux que celui du pauvre chemin dans la Rage), et globalement la réalisation de Chang Cheh est plus soignée que d'habitude, malgré quelques petits défauts assez typiques chez lui. La musique est dans le même ton, assez solennelle et jamais trop moderne.
Mais classicisme ne veut pas dire que Chang Cheh fait du King Hu. En introduisant le concept de l'épéiste handicapé, Chang Cheh commence à exprimer ses thèmes favoris, avec un récit très dramatique et violent. Ici pas de démesure comme dans la Rage et surtout Return, pas de combats à 1 contre 50, mais tout de même beaucoup de sang et quelques membres coupés. Et là où David Chiang se la joue "sad swordsman", Wang Yu tente comme toujours de se la jouer gros dur, ce qu'il ne parvient que rarement à faire, surtout épée à la main où il n'égalera jamais son successeur. Les combats sont cependant tout à fait plaisants, surtout pour l'époque. Le côté frime de Wang Yu donne naissance à quelques passages franchement drôle (la démonstration dans l'auberge), et certains passages en caméra à l'épaule surprenent par leur modernité.
Au final, si la Rage reste évidemment la référence pour l'époque, ce premier volet ne devrait pas être oublié. D'une approche plus classique, il contient pourtant tous les thèmes chers à Chang Cheh, sauf peut-être les amitiés viriles remplacées ici par un romantisme traité avec sérieux. A voir donc pour les fans du boucher.
Un classique bon ton
Pas d'émerveillement particulier devant ce film, mais pas non plus de critique majeure. Il y a quelques bonnes idées, comme les combats systèmatiquement en double entre les disciples des écoles rivales. Mais sur le fond et la forme le film fait son âge. Ceci dit, ça n'empêche pas de l'apprécier et de passer un bon moment, mais sans plus.
11 septembre 2004
par
jeffy
l'explosion du style Chang Cheh
The One Armed Swordsman peut etre considéré comme le Better Tommorow de Chang Cheh, à savoir le premier film qui développe pleinement les obsessions de la grande période seventies du cousin hongkongais de Peckinpah. Tous les éléments qu'il portera à incandescence avec son remake/relecture la Rage du Tigre sont en effet présents ici: une narration classique ici mais ayant la bonne idée de faire fi du romanesque afin de se concentrer sur le destin tragique de quelques personnages, une certaine misogynie (c'est une femme qui "castre" symboliquement le héros du film et en porte symboliquement le fardeau), un héros dont les obsessions contaminent le film, un vrai sens du mélodrame -la photographie outrée chromatiquement qui porte le coté pathétique du film- et une capacité à prendre le spectateur aux tripes. Certes, le film est moins équilibré que la Rage du Tigre et sa structure tripartite chute/expiation/vengeance où chaque partie sera traitée à part égale (ici on entre très vite dans le désir de vengeance). Mais ici contrairement à un Le Retour de l'Hirondelle d'or qui lui est supérieur cinématographiquement les acteurs sont concernés totalement par le sujet. On mesure les progrès accomplis en très peu de temps par un un Wang Yu certes pas aussi mélancolique qu'un David Chiang ou un Ti Lung mais ici véritablement porteur d'une intensité mélodramatique et d'un délire mégalomaniaque de vengeance. Les zooms du cinéaste ont enfin un univers leur permettant d'exprimer leur folie furieuse. Et si on a moins souvent l'inventivité formelle d'un Golden Swallow (on est ici plus dans une belle ampleur classique en scope) reste que certains combats du film sont saisissants: les combats au sabre dans l'obscurité, un combat dans l'auberge regorgeant de cadrages penchés et un combat final chargé de sauvagerie (fouet contre épée rien que ça) porté par des caméras portées encore présentes ici. Parmi les défauts, outre un récit un peu moins bien construit, on relève une petite longueur au milieu du film et une moins grande outrance au niveau figurants.
Mais amitiés viriles, handicap transformé en atout, sens de l'honneur dans un monde où il n'existe plus, revanche sur les brimades des jeunes années, fidélité, sacrifice, rapports intenses maitre/élève, fascination pour les torses nus, barbarie et hémoglobine au kilomètre, c'est toute une idée du wu xia pian et du cinéma qui explose ici en retournant le spectateur malgré un aboutissement artistique pas total.
Un bras vaut mieux que deux tu l'auras...
Un magnifique poème sur la vengeance et l'infirmité.
Visuellement sublime (les décors de studio de la Shaw sont toujours d'un goût raffiné), le classique de Chang Cheh se pare de combats chorégraphiés avec justesse et sincérité. L'histoire suit le schéma classique des grand wu xia avec son inévitable partie de reconstruction de soi et la vengeance dévastatrice qui s'en suit. Ultra violent, n'hésitant pas à basculer dans le gore crade le plus primitif, One armed swordman est un classique de Chang Cheh, peut-être même l'une de ses oeuvres les plus populaires en Chine et à présent dans le monde. En résulte une grande pièce de théâtre, dans l'un des plus beaux studios du Monde, donnant à Jimmy Wang l'un de ses meilleurs rôles. Un Wu xia pan de qualité, c'est une évidence.
Cling ! Clung ! Tchac ! Aaaaargh...
Cette première version des mésaventures du sabreur manchot souffre sans doute d'un certain manque de rythme et d'une durée excessive (près de deux heures) par rapport à son potentiel dramatique, sans compter que la chorégraphie très fantaisiste des séquences de combat lui a fait prendre avec les années un indéniable coup de vieux. Mais le charisme de Jimmy Wang, l'élégance de la photo (cinémascope power), la somptuosité des décors et la splendeur de la BO (assurément l'une des plus belles jamais composées dans une production Shaw) rattrapent ces faiblesses et nous font au bout du compte passer un fort agréable moment. D'autre part – accessoirement –, n'oublions pas que ce film-là reste l'avènement d'un mythe qui occasionna l'existence d'un chef-d'œuvre inégalé du wu xia pian:
The Blade de Tsui Hark.
Un seul bras...pour écrire une belle histoire !
Je ne suis pas très Old School, et je suis loin d'apprécier tous les films de la SB.
J'avais donc pas mal d'à priori avant de regarder ce film, que j'ai mis de côté...et heureusement, sinon, je n'aurais peut être jamais vu cet excellent film !
On est loin d'avoir une succession de combat, ou une volonté de faire un film violent, ici, l'histoire est mise en avant, et surtout le personnage principal !
Je ne trouve pas Jimmy Wang Yu charismatique, c'est dommage, mais le film le met bien en valeur, la réalisation est l'une des meilleures que j'ai vu des SB de cette époque.
Un film intelligement filmé, servi par un scénario de qualité bien utilisé.
A voir absolument !
Le danseur cul-de-jatte
Je me doute bien que ce film a du être fondateur d'une manière ou d'une autre. Je ne m'interrogerai même pas sur la raison, puisque j'imagine l'écho qu'a pu avoir ce film à une époque où Tsui Hark n'avait encore réalisé aucun film, ni même n'avait le droit de boire. Reste qu'au dela de tout intérêt historique et autre culture cinéphile, on est en droit de trouver le film bien mollement mis en scène, les acteurs pas concernés pour trois yuan et les combats executés avec une négligence tenant plus de la danse classique ou de la gymnastique rythmique à ruban que du kung-fu.
Pas mal, mais souffre d'un manque d'action
Une bonne ambiance, une bonne histoire, de bons personnages, une bande son caractéristique... ce film est attirant à bien des égards. Mais il est dommage que les combats de sabres soient très anecdotiques.
Concept
Naissance d'un style qui fera beaucoup d'émules. Le concept finalement très ludique sans esbrouffe manichéenne offre une nouvelle vision au film de chevalerie.
La violence se fait de plus en plus visuelle.
le meilleur role de Wang Yu
il est inévitable de vouloir comparer ce film ci avec "the new one armed swordsman" (pas encore vu "return of....) mais le résultat est que ces 2 films sont tout a fait différent, ce film ci est plus tourné vers le mélo-dramme, de jalousie entre élèves d'une école (c'est ce qui coute le bras de wang Yu) d'une histoire d'amour qui naît entre Wang Yu et la fille qui l'a guérri. Les combats sont inférieurs à "la rage du tigre" (normal ce film est tourné 4 ans avant et il s'en est passé des choses en 4 ans) mais on trouve quand même une certaine créativité dans les armes , et une violence rarement atteinte pour l'époque. On reconnaît Liu Chia Liang en assassin sanguinaire. L'interprétation de Wang yu est au top, et il signe ici ni plus ni moins sont meilleur rôle. Même si on atteint pas la perfection au niveau des combats ce "one armed swordsman" m'a bien plu de par son éfficacité, le travail des acteurs, et Wang Yu dans son rôle de manchot qui lui va comme ...1gant...ben oui 1 gant puisqu'il n'a qu'un bras l'autre gant il n'a pas besoin....:o( !
11 septembre 2004
par
jeff
Un film culte, que tout fan de la Rage du Tigre et surtout de The Blade se doit de posséder afin de pouvoir comparer les remake à l'original.
Vieux !!
Cela doit faire trop longtemps que je n'ai pas vu de vieux film HK, car celui-ci m'a paru assez risible. Les acteurs sont mauvais à tous les niveaux, presque aucun acteur ne sais se battre et leur jeu est trop poussif et ressemble à du mauvais théatre. Quand à l'histoire elle est trop manichéenne et pas très crédible : le clan des méchants ont inventé une arme secrète qui permet de tuer le clan des gentils, franchement si avec leur arme minable ils arrivent à tuer les meilleurs élèves du clan gentil, alors le clan gentil a toute les raisons de se faire exterminer.
Je me suis un peu emporté dans ma critique, mais il y a quand même un point positif, c'est les décors. Il sont vraiment impressionnant pour des décors en studio. En regardant ce film je m'attendais à être nostolgique de l'époque où je regardais des vieux film hk (doublé en vietnamien) en cassette vidéo avec une image pourri et allongé; et bien j'ai été déçu.
Un classique donc
Premier film de la serie avec le sabreur manchot. Interessant mais quelques longueurs avec un personnage feminin qui prend beaucoup de place comparé aux autres films ce Chang Cheh. L'acteur Jimmy WANG Yu (que j'aime moyen) est convaicant en sabreur manchot. En tout cas le film est plus maitrisé et beaucoup mieux que
Le Trio Magnifique précendent film de Chang Cheh.
Bon
Excepté "La Rage du Tigre", je n'avais jamais vu les deux opus qui composent la trilogie du sabreur manchot . J'ai trouvé le film plutôt bon pour un film qui a 40 ans ; "One armed swordsman" n'a pas encore trop vieilli et se laisse regarder . On trouve les prémices de ce qui sera le style Chang Cheh, les combats ne sont pas nombreux et pas aussi violent que ce qui suivra . Pour contrebalancer le peu de combats du film, le réalisateur a élaboré un scénario assez suptil et développé . Les acteurs sont bons, Jimmy Wang Yu compose ici un de ses meilleurs rôles ; les personnages feminins sont toujours aussi insignifiants, à part peu être l'actrice qui joue la fille du maître . One armed swordsman n'est pas aussi culte que "La Rage du Tigre" mais restera dans l'histoire car sans lui il n'y aurait pas eu cette "trilogie du sabreur manchot" où même le mythique "The Blade" de Tsui Hark même si ce dernier est plus influencé par "The New One armed Swordsman" aka "La Rage du Tigre" .