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Out of the Wind

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 3.25/5

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4 critiques: 3/5



Astec 3 Un film inégal et trop propre sur lui, mais plaisant
Xavier Chanoine 3.5 Une bonne réussite d'un cinéaste qui confirme
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Une bonne réussite d'un cinéaste qui confirme

Après son succès remarqué avec Une Adolescente et plus récemment A Long Walk, beau road-movie où un vieil homme sauve in extremis une petite fille de sa famille de junkies, Okuda Eiji continue son petit bonhomme de chemin en s'attaquant cette fois-ci à son Japon, où les yakuza continuent d'avoir la main mise sur les affaires d'argent et de racket et creuse par l'intermédiaire d'un récit policier bien ficelé les préjugés et le racisme envers la minorité coréenne p résente dans le pays. Mariko est une jeune écolière tout ce qu'il y a de plus banale, portant la tenue traditionnelle de son école (et ce durant tout le film) et évoluant dans le milieu du chant. Fille d'un riche industriel coréen naturalisé japonais, elle se retrouve draguée par un inconnu sur le ferry la menant à son école jusque sur les quais, lequel la pousse à faire tomber ses affaires scolaires à l'eau. Un homme sort alors à son tour du ferry et marche tranquillement jusqu'à tomber dans l'eau pour récupérer les précieuses affaires de Mariko qui le remercie et le laisse partir sans même lui demander son nom. L'après-midi même, Mariko retombe nez à nez avec son sauveur et s'efforce à lui demander une aide journalière, une aide qui s'avérera précieuse au vu du nombre de délinquants traînant dans les rues à la recherche de la moindre jupe à mater : l'inconnu se transforme alors du jour au lendemain en garde du corps. Mais ce que Mariko ne sait pas, c'est que le jeune homme est en fait le pion d'un yakuza influent. Amorçant différents thèmes avec sagesse, précision et humour, Out of the Wind est un excellent métrage pondu par un réalisateur portant un vrai regard sur son sujet. Dans le paysage nippon actuel, peu de cinéastes sortent réellement du lot. On pense à Kurosawa Kiyoshi et sa belle confirmation d'après Retribution, Matsumoto Hitoshi et son déjanté et surprenant Dai Nippon Jin, Kawase Naomi et son contemplatif La Forêt de Mogari, Yamada Yoji et sa perle Kabei ou dans un tout autre registre Miike Takashi et ses projets fous dont le récent et très correct Crows Zero.

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Okuda Eiji est sans doute avec Kawase l'un des auteurs qui fonctionne avec une certaine forme de zenitude et qui prouve film après film son indéniable talent. Ce talent ne se situe pas forcément dans la forme ou dans l'écriture de ses longs métrages (Okuda signant la majorité des scenarii de ses films), mais davantage dans un style pas tout à fait personnel mais qui fait immédiatement mouche par sa radicalité : la description des personnages est intéressante, personne n'est le héros de l'histoire, encore moins la jeune actrice principale (sa propre fille dans la vie). Physiquement, il n'a pas pris la plus belle ni la meilleure, le nombre de "nouveaux" acteurs étant assez hallucinant, mais pour Okuda tout le monde est apte à jouer une personne japonaise moyenne, donc pourquoi avoir un CV d'enfer? La représentation du milieu yakuza rappelle aussi très souvent celle de Kitano, notamment par la posture "cool" des apprentis yakuza et leur sens de l'humour noir relativement agressif, tout comme ces deux plans où l'on voit "Masato" et son boss yakuza parler affaires une glace à la main le tout filmé de face, une rigidité et un sens de la "cool attitude" cher à Kitano. D'un autre côté, Okuda prend le temps d'installer plusieurs récits à la fois, autant l'on commence avec un début d'histoire d'amour classique du drama nippon de base, autant l'on bascule vers le film de yakuza pur ("Masato" devant exécuter divers contrats pour son boss) pour finalement tomber dans le film politique pur et simple où Okuda traite de bien belle manière les problèmes des minorités coréennes [SPOILER]. Le fait que "Masato" soit en fait coréen l'empêche d'accéder au statut de vrai yakuza, tout comme Mariko, à la fois japonaise et coréenne qui pense qu'elle ne peut pas être soliste en chant du fait de ses origines, et la famille de "Masato" semble vivre dans une certaine pauvreté)[FIN SPOILER]. L'autre qualité du film est de ne pas verser dans le film dénonciateur d'une quelconque forme de racisme -pourtant véridique- qui généraliserait l'attitude de la population japonaise envers tous ses co-citoyens coréens.

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Mais le message est suffisamment bien fait pour attirer l'attention parmi toute cette pagaille, "Masato" devant régler le compte du père de celle qu'il protège pour accéder au rang de yakuza, chose évidemment impossible, sorte d'utopisme hiérarchique symbolisant les difficultés du personnage à évoluer dans la société dans laquelle il vit. Constamment à cheval entre l'envie de devenir yakuza et l'envie de protéger celle qu'il aime mais dont il se refuse de toucher (malgré une tentative de viol avortée par les cris en coréen de sa victime), il est aussi pris par le problème du choix moral. D'où des personnages attachants et bien écrits, toujours rattrapés par leur passé difficile (dans A Long Walk, Ogata Ken était rattrapé par son passé d'homme violent malgré la jeune enfant qu'il a illégalement à sa charge). Et par sa mise en scène épurée à l'extrême, douce et contemplative, Okuda signe un film formellement très réussi malgré une lumière plutôt terne. Malgré tout les cadres sont étudiés, les plans sont étirés lors des séquences fortes (Mariko voulant à tout prix savoir le nom de celui qu'elle appelle "Masato") et les beaux moments ne manquent pas à l'appel comme ce raisonnement de Masato envers ses collègues fraîchement retournés à la drogue, la chanson du coucou en coréen autour d'une belle table symbolisant l'union nippon coréenne, ou ces derniers instants passés entre Masato et Mariko suite à une tentative d'assassinat ratée. Okuda perd parfois son temps à user du ralenti, mais rien de bien méchant. Cette nouvelle réussite d'un cinéaste confirmant son joli talent est à voir pour sa douceur (paradoxale au vu du sujet) et son traitement bien fait, savant mélange de vrai regard d'auteur sur des faits politiques et sociaux, de mélodrame classique convenu mais pas dégueu, porté par une interprétation guère extraordinaire mais sincère jusqu'au bout. Comme une douce partition au piano, Out of the Wind nous emporte par ses mélodies poignantes de tous les jours.



05 juillet 2008
par Xavier Chanoine


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