Ame de destruction massive
Après les récents dynamitages en règle des gros blockbusters de l'intérieur (cf. "Yatterman" et surtout "Zebraman 2"), Miike fait un autre très grand pas en avant: il réussit à plaquer sa propre patte sur le genre le plus local, qui soit, le jidai geki.
Car force est de constater (et en ayant revu l'original juste avant de goûter à son remake sur grand écran, siouplait…), que Miike s'empare de son matériau avec un respect qu'on lui connaît peu.
Respect pour le film original tout d'abord, en choisissant de lui rendre un bel hommage en restant à l'ombre de son aîné pendant toute la première partie, en en faisant quasiment un remake. On retrouve donc également cette première heure un peu longuette de mise en place, mais qui s'évertue méticuleusement à mettre en place l'action, à décrire tous les personnages et – surtout – à dénoncer les dérives de l'aristocratie de l'époque, construite à partir de complots, faux-bonds et fourberies. La fameuse séquence du tir à l'arc est légèrement modifié et comporte même déjà un premier élément typiquement Miike-esque sous la forme de la pauvre femme amputée de ses membres en guise de punition suprême.
Respect pour le genre du jidai geki lui-même, en respectant tous els codes et normes établis depuis les débuts du cinéma japonais lui-même.
C'est donc dans la seconde partie, que Miike choisit de prendre ses distances et de s'amuser, comme il a si bien l'habitude de le faire. Il va déjà prouver son "écart" par une petite séquence de "ballade" inédite par rapport à l'original, lorsque les personnages vont décider de se rendre dans le fameux village et non plus de suivre la route toute tracée, mais de passer à travers forêt et broussaille. On en arrive à nouveau au village, qui avait déjà servi de showdown au premier, mais Miike va faire sien tout le combat final en choisissant une toute autre approche dans la représentation de la violence, volontairement outrancière, à l'inverse de l'original qui avait fait preuve d'une approche très brute…Kudo avait d'ailleurs toujours cherché la véracité au contraire des chorégraphies largement figées de l'époque.
Miike, lui, s'amuse terriblement; j'en veux pour preuve ce magnifique geyser de sang lors de l'explosion et autres débordements gorissimes dans les règles de l'art – sans jamais verser dans le grand-guignolesque, ni – encore une fois – trahir le matériau original ou le genre en soi. Il laisse simplement éclater tout son bonheur de pouvoir mettre en scène cette bataille, qu'il doit également avoir à cœur de montrer des petits indépendants contre les grands majors en nombre…Et à l'instar de "Zebraman" (et sans rien dévoiler au film), c'est évidemment le petit indépendant, au pas et au cœur léger, qui va venir à bout des grands vilains et de repartir d'un pied léger pour commettre des nouveaux méfaits croisés au hasard de la route de sa vie.
Sacré Miike, qui n'est jamais aussi bon, que lorsqu'il peut librement s'exprimer – peu importe qu'il dispose de petits ou de grands moyens…et de signer l'un des tous meilleurs remakes d'un grand classique japonais de cette décennie (et Dieu, qu'il y en aura eu, des remakes daubeux ces derniers temps !!!)