Kitano + Leone + Eureka + Dead Man = 19
Attention, ce film est comme une petite frappe : gonflé, surfait, eventuellement mignon, mais qui n'a pas fait grand chose de lui même. Le film emprunte à : 1- Kitano, pour ses personnages de Yakusas muets-mystérieux-nerveux et sa plage. 2- Les weterns spaghetti, pour les cadres très larges ou très serrés. C'est plutôt la référence qui fait le plus de bien au film. 3- Eureka, pas pour la longueur (19 fait 1h20) mais pour les paysages lunaires, l'atmosphère alanguie et l'image retravaillée, ici pour poussée les contrastes. 4- Dead Man, de Jim Jarmush, à qui il a pompé la musique, le problème c'est qu'elle était de Neil Young et que là le guitariste ne fait pas la maille. C'est planant quand même, mais ceux qui ont vu Dead Man n'entendront que du "sous Dead man". Une remarque évidente au vu de ce best-of : le mec a bon goût. Les filles et les homos trouveront aussi que ces quatre mecs sont beaux, classes, certes, certes (mais ça manque de fille...). On sait aussi qu'il était inoubliable en justicier moraliste de
Visitor Q. Seulement dans son film, que reste t-il d'un peu personnel? On a un faible pour les voitures utilisées, classes dans leur déglingue kitsch. L'idée de départ et la fin du scénario, tirées d'une histoire vraie, sont bonnes. Mais elles étaient dans son court métrage, qu'il a étiré pour en faire ce long métrage, lequel semble effectivement tirer ses plans pour pointer à 1h 20. Bref, Kasushi, t'es cool et tes potes sont mignons, mais on ne fait pas un long métrage pour le fun de faire un long parce qu'on est dans la hype. Dans les soirées, ça la pête bien, mais c'est pas comme ça que tu va marquer le cinéma, mon gars. Un peu d'argent, c'est bien, mais pour tenir dans le cinéma, un peu d'idées, c'est plus que mieux, c'est indispensable. Gamberge un peu plus et donne nous quand même des nouvelles.
Une certaine idée du zonage en tongues.
Watanabe s'improvise réalisateur chanmé pour cet OFNI portant le doux nom de 19. Bien, pourquoi pas. L'essentiel est là : un visuel à la mode des vieilles photos que l'on retouche sur son logiciel informatique en montant les contrastes et l'effet sépia (que l'on trouve même sur les portables, donc oui, à la mode), cette esthétisation omniprésente de chaque cadre (serré, cadrant trois personnes dans un étroit 1.85, dont certains discutent même de dos) aboutit à une certaine lourdeur. 19 aurait été un excellent court voir moyen-métrage puisque totalement à côté de la plaque du début à la fin. Cet aspect nonsensique voir "prétentieux" aurait fait les beaux jours d'une "Surprise" sur Canal+, mais la trame étirée sur 1h20 trouve rapidement ses limites. En effet et malgré cette impression de road movie en claquettes, 19 pêche par une inconsistance totale, chopant à droite à gauches moult références déjà citées.
Le problème est que, chez Kitano, l'errance et les jeux débiles sur la plage contrastent avec la violence ultime de certains affrontements. Or, chez Watanabe il ne se passe rien pendant 1h20, si ce n'est un petit moment de frisson à bord d'une voiture. On a droit à un jeu avec une pastèque qui aurait très bien pu passer dans une émission comme Takeshi's castle, c'est à dire drôle et méchant, mais à force de jouer avec le 1er degré poussif, Watanabe finit par ennuyer son spectateur. Un bel essai stylistique (même si un scope aurait pu encore étirer d'avantage les plans, et appuyer de plus belle manière les clins d'œil à Leone) qui aurait gagné à être accouplé à un scénario plus crédible. Un semi ratage qui n'a d'intérêt que pour les trognes des protagonistes et cet aspect de calcul total (la moindre scène est esthétisée!) vraiment trippant à minuit passé.
Esthétique : 4/5 - Il y a du style, et une certaine maîtrise de l'espace. Revers de la médaille : manque évident de personnalité.
Musique : 4/5 - Les guitares électriques ont un vrai cachet. Et il y a les vagues pas loin...
Interprétation : 2.5/5 - Pas fameuse, l'interprétation fait dans le too much. C'est ça quand on tente de faire sérieux...
Scénario : 2/5 - Pas grand chose à retenir de cette expérience avant tout formelle.
m'a ému
je suis quasi d'accord avec tout ce que dis yann k ,sauf que dans mon cas ça m'a pas mal touché (ok j'ai pas encore vu deadman, j'en ai honte je sais) .
road movie où se passe pas grand chose à part un syndrome de stockholm like , je suis bien rentré dans leur petite aventure, j'ai ris avec eux ,moins ris à d'autre (pour pas dire pleurer paske bon faudrait quand même être ultra sensible pour ça...) avec eux ,etc . bref ,film qui sent la fraicheur et m'a fait beaucoup de bien ^^
Comme tout trip de réalisateur : on rentre dans le film ou pas
Et moi je suis rentré dedans. Malgré tout ce qu'il y a été dit sur
19 (sous-kitano,film creux et prétentieux...) j'ai vraiment aime suivre ce "vide" cinématographique.
L'ère de rien
Entre road-movie et film expérimental, Kazushi Watanabe tente de capter un certain désoeuvrement de la jeunesse nipponne dans son premier film. A la différence des nombreux films de jeunes enragés, il oppose une fausse quiétude, quelque part entre l'ancienne "Génération X" et les premiers romans de Bret Easton Ellis ("Moins que zéro").
Cinématographiquement, il semble s'être inspiré autant des films indépendants américains de Jim Jarmusch (ses premiers et "Dead Man"), que des vignettes cinématographiques de Takeshi Kitano – notamment dans la séquence de la "pastèque" à la plage.
Intention louable, mais inabouti. La plupart des scènes semblent des improvisations, inspirées au fil des jours de tournage. Quelques-unes sont réussies, d'autres ne débouchent sur absolument RIEN. L'ensemble forme un tout hoquetant, trop inégal dans sa démarche sans réel but précis pour totalement convaincre.
La "tragédie" arrive de manière un peu surprenante, mais surtout "gratuite". Fin de l'innocence de l'otage? Quelle innocence, puisqu'on n'en connaît rien sur le personnage, qui puisse juger de son éventuelle "transformation". La démarche des kidnappeurs consiste-elle justement à "pervertir" leurs victimes, en les entraînant dans leur étrange odyssée, faite de tuer le temps, voler et profiter du moment présent? Il ne faut évidemment avoir les clés pour une quelconque explication, mais la démarche de filmer un sujet devrait au moins contenir "sujet" (l'enjeu) et le "verbe" (l'action) pour former une "phrase" (un message) complète.
Œuvre de jeunesse, qui mérite de suivre les pas suivants du réalisateur pour vérifier, s'il a effectivement son propre univers ou si le présent film n'est que racolage facile.