Est-ce bien toi Shinji?
Comment, en l’espace de quelques mois, un réalisateur aussi brillant que celui de Eureka peut-il signer un long métrage aussi mou, moraliste et convenu que Desert Moon? Ah, triste, triste dimanche après-midi lillois, oh mes frères, où après le non-sensique H Story je dus me taper 2 heures interminables de ce pamphlet anti-capitaliste grossier prônant les vertus de la famille, avec un flingue sur la tempe s’il vous plait !
C’est simple, on ne croit pas une seule seconde à l’intrigue de Desert Moon, faute à des acteurs vraiment pas convaincants et à un scénario qui ne tient pas la route. Ce personnage de prostitué pour femmes qui se découvre une mission, celle de réconcilier un PDG de start-up avec sa femme (après l’avoir baisée), et qui aime rire en voyant brûler le carton qui lui sert de refuge ? Ridicule. Le PDG qui l’implore de le tuer pour ne pas vivre à la campagne avec sa famille, puis qui change radicalement d’avis dans la minute qui suit ? Stupide et grossier. Le meurtre du père d’un des copains du prostitué ? Lamentable et vide de sens.
On l’attendait au tournant, Aoyama a bel et bien défoncé la glissière de sécurité pour plonger dans le ravin. Son thème sur la famille et la non-communication entre ses membres méritait beaucoup mieux. Conclusion : revoyez Eurêka !
J'ai tenu une heure...
La présentation du film à Cannes a remis les pendules à l'heure et fait retomber le gros buzz autour de Aoyama Shinji. Quelques personnes criaient encore au génie, mais déjà beaucoup moins que pour Eureka, alors qu'à l'inverse, la majorité s'était ennuyé sévère.
Personnellement, j'ai tenu une heure. Je dis "tenu" car j'ai trouvé le film mal joué, truffé de clichés, de tics pseudo auteur dans l'utilisation de la musique et d'une mollesse terrifiante, aux limites de la daube intégrale. A la je-ne-sais-plus-combien-tième apparition des grands parents de la jeune femme, en "flash visuel" avec le gros son de film d'horreur qui les accompagne, il n'est pas interdit de rigoler en se demandant si, finalement, Aoyama ne pourrait pas devenir un bon réalisateur de nanars. Le film est aussi bavard et sans intérêt visuellement que Eureka était silencieux et beau, aussi cliché dans son propos ("le capitalisme c'est pas bien, la famille c'est mieux") que le précédent était audacieux.
Il parait que ça s'améliore dans sa deuxième partie. Fort bien, mais s'il faut supporter la première pour en arriver là, non merci!
Extension du Domaine de la Pose Auteurisante
Alors qu'avec EurekaAoyama évitait le plus souvent de gâcher son talent, il offre avec Desert Moon un film suramplifiant ses limites en tant que cinéaste. Aoyama ne se contente pas ici de réaliser les scènes de bureau comme n'importe quel téléfilm et d'offrir une direction d'acteurs proche du zéro. Il ne fait pas que se regarder filmer à chaque fois qu'il tente un mouvement de caméra sortant un peu de l'ordinaire. Il ne ne tente pas non plus seulement de faire du sous-Nakata. Non, en bon lecteur du manuel du parfait "auteur", Aoyama Shinji a AUSSI quelque chose à dire. Certes, le cinéma japonais contemporain faisait déjà dans la prétention avec un Kurosawa Kiyoshi qu'une certaine critique proclama trop rapidement nouveau Kitano. Sauf qu'Aoyama réussit ici l'exploit de le battre à plate couture avec des dialogues et un commentaire social légers comme une enclume. On y apprend entre autres que:
- La réussite sociale n'est pas la vraie vie.
- Si un patron licencie c'est à cause de ses actionnaires.
- La microinformatique a été inventée pour asservir les masses laborieuses.
- La famille c'est plus important que la culture d'entreprise de la réussite à tout prix apprise dans les pays anglo-saxons
- La réussite sociale est un mirage.
- Prostitution et capitalisme c'est pareil (Ou Godard version light mal digérée).
- On est mieux avec les poules.
Sauf que la satire de la culture d'entreprise a été faite avec beaucoup plus de subtilité par Michel Houellebecq dans son roman Extension du Domaine de la Lutte et que la question du noyau familial a été mieux traitée par... Aoyama Shinji dans Eureka. Un monument poseur.
"quand on obtient tout ce qu'on a désiré, cet objet disparaît, ce n'est qu'une illusion"
Superbe film dans la ligné du réalisateur d'Eureka : percutant.
Certains reprochent à ce film d'être fort différent d'Euraka ! Justement là est le défi. Il ne s'agit pas refaire un film semblable au précédent. Et Shinji a pertinament réussi son pari.
Desert Moon se veut un trait d'union entre l'ancienne génération, vertueuses des devoirs (travail-respect) et de la nouvelle (sans repère-libre de tout). Cela à l'air bien "classique" en apparence, nous montrant le fossé actuel entre générations, mais il ne s'agit pas d'un mielleux film ou de moralité, mais de remise en question de la vieille et de la nouvelle génération japonaise. Et cela, sans que de véritables réponses ne soient apportées, ce film met au grand jour des petites choses invisibles au quotidien qui peuvent créer ce fossé.
Film étonnament instructif sans être rebarbatif.
que dire.......
j'ai trouve le film tres interessant mais un peu long pour certaine scenes!moyenant quoi les acteurs sont tres bons et les images tres belles! certaines repliques de ce films sont merveilleuses et donne a reflechir!
ca vaut le coup d'aller le voir!
Desert film
Malheureusement, Desert Moon est englué dans ce qu’Eureka évitait de peu, soit une linéarité soporifique et des métaphores pas très fines. On s’interroge tout d’abord sur le sujet réel du film : argumentaire peu rigoureux sur la chute du capitalisme, traité sur l’impossible gestion d’Internet, essai sur la solitude au travers de déchéances individuelles, état des lieux de la société japonaise contemporaine…? Les intentions d’Aoyama sont floues, d’autant que les seules visibles sont diluées dans une forme extrêmement souple (longs travellings ou panoramiques latéraux, plans-séquences lors des dialogues), qui dessert le propos alors qu’elle faisait partie intégrante de la démonstration dans Eureka. Le parallèle entre les deux films s’impose définitivement lorsque Desert Moon devient une sorte de voyage initiatique et rédempteur.
La déception est grande, car Eureka, véritable manifeste de post-cinéma, était réellement prometteur. En tout cas, deux choses sont certaines : Aoyama a de l’oreille (les Beach Boys côtoient Jim’O Rourke) et il est, parmi les cinéastes japonais actuels, l’un des plus fins observateurs de son époque ; ce qui est donc pris, dans ses films, pour de la branchitude, est en fait de la modernité.
Bien mais ennuyeu
J'ai regardé ce film en pensant qu'il serai dans le même style que "Eureka" mais j'ai eu tord et n'aurai pas du. Il y a bien cette certaine lenteur qui m'a fait apprécier "Eureka" mais la différence c'est que je l'ai ressenti comme trop présente.
De plus, la première heure du film ne contient pas de grands rebondissements qui permettrait d'y faire contre poids, donc ce qui concerne Nagai et sa famille devient très vite clair et lassant.
Voila son principale point faible selon moi, bien entendu, je ne lui reproche pas de ne pas être une jolie copie de "Eureka". Cependant, je suis assez déçu que ce film ne fasse pas assez bien évoluer les personnages intéressant de Nagai et Keechie dans cette ambiance très pesante à la longue.
désertique
ayant été scotché en voyant Eureka, je suis très déçu par Desert Moon: le rythme est toujours lent mais ici il n'y a pas la substance et la tension qu'il avait su insufflé dans son précédent film.
personnellement je me suis fais @!#$, il faudrait peut être que je le regarde une nouvelle fois pour saisir le propos mais je pense que j'aurai jamais le courage.
L’auteur d’Eureka signe un film plutôt raté, moraliste, curieux et froid mais pas dénué d’intérêt.
« Quand on obtient tout ce que l’on a désiré, cet objet disparaît, ce n’est qu’une illusion ». Telle est la phrase récurrente du film, que ne cesse de répéter les personnages, tantôt chef d’entreprise interviewé par une chaîne de télévision à propos de son exemplaire réussite professionnelle, tantôt jeune gigolo engagé par ce dernier pour coucher avec sa femme. En effet, autour de Nagai, riche patron autoritaire, tout semble avoir disparu. Sa femme et sa fille l’ont quitté, ses collègues de longue date claquent la porte les uns après les autres, son entreprise risque de faire faillite. Tout ce qu’il a acquis après l’avoir désiré, une famille et un bon poste, semble disparaître, se dématérialiser. Ainsi, nostalgique, il veut penser à celles qu’il aime mais qui ne l’aiment plus. C’est pourquoi, en souvenir du bon vieux temps, il ne cesse de visionner une vidéo d’un jour heureux passé dans une fête foraine. Mais, on apprendra plus tard que ce jour, il ne l’a pas vécu puisqu’il s’agit d’une vidéo tournée à sa demande par l’un de ses collègues. Même ses souvenirs ne sont qu’illusion. À travers le portrait de cet homme, l’auteur dresse celui de toute la société japonaise, qui connaît ses erreurs, ses disfonctionnements, mais ne semble pas chercher à faire changer les choses.
Une fois ce constat fait, apparaît Keechie, le gigolo, curieux personnage dont on ne sait pas trop quoi penser au début du film mais qui finit par montrer son vrai visage. Son but est en fait de rappeler à l’ordre ce père (cette société) qui n’assume plus ses fonctions, de sortir cet homme de son bocal où il tourne bêtement en rond. Comme tombé du ciel, présent partout et nulle part (il ne possède pas de domicile, erre sans cesse dans les rues de Tokyo, à pied ou à moto, le jour et la nuit), perdu, ayant eu un père avec lequel il ne s’est pas entendu et qu’il cherche à tuer, il va tout faire pour que la fille de Nagai soit heureuse (donc qu’elle ait des parents qui s’aime). Il fera le lien entre l’homme et la femme, se trouvant constamment sur les chemins de l’un et l’autre. S’immisçant dans leur vie, il couchera avec elle, fera peur au mari afin de lui ouvrir les yeux et finira par les réunir de force.
Le fait que la femme de Nagai demande de l’aide au jeune homme avant même que celui-ci ne le rencontre n’est donc pas un hasard. Amélie Poulain a un cousin, mais bien moins glamour ! Et il va s’évertuer à soigner les plaies de la société nipponne malade.
Aoyama maîtrise moins ce film que son précédent, Eureka. Desert Moon a certes un scénario plutôt mal ficelé et inattendu, il met cependant en scène avec virtuosité, il faut l’avouer, cette société citadine et folle, où le travail prend une importance démesurée et grotesque, poussant à la déconstruction des rapports humains, de la famille, où le dialogue est de plus en plus dur entre les individus et surtout entre les générations.
Le problème est que Aoyama est ici loin d’être fin. Forcément, chaque personnage subit cette impossibilité de communiquer et entretient une relation difficile avec ses parents. La femme de Nagai est, au sens propre du terme, hantée par ses parents, spectres plutôt rassurants mais qui la terrorisent. La bonne entente qui semble régner au sein du couple mère-fille est en réalité tendue et cette dernière, par ailleurs, appelle ses parents par leurs noms, mettant ainsi en avant l’absence de toute notion d’intimité. Dans une curieuse scène, un ami du gigolo va même jusqu’à tuer son propre père. Rien ni personne ne nous dira pourquoi. Le parricide était inévitable aux yeux des jeunes pour partir sur de nouvelles bases. C’est la nouvelle génération qui fait table rase de l’ancienne et de ses codes.
A force de nous montrer que toute relation entre individus est vouée à l’échec, celle que le cinéaste instaure entre lui et son spectateur finit de la même façon.
Et lorsque le gigolo force l’homme d’affaire à reprendre conscience de son rôle de père en braquant un pistolet sur la tempe de sa fille, le cinéaste fait l’apologie d’une morale franchement douteuse. Ce qui est dommage pour lui, c’est qu’il ne peut pas nous forcer à adhérer à son point de vue.
Comme tout essai de dialogue est inutile (la seule solution serait de forcer ces personnages à s’avouer leur amour ?), les personnages, par ailleurs interprétés par des acteurs solides, finissent par se retrouver isolés des autres et du monde, absents, inexistants. Ne pouvant évoluer dans un réseau humain et d’humains, ils deviennent des fantômes d’eux-mêmes, des « illusions ». Ainsi, il est très difficile que l’on se prenne d’affection pour eux, ni vraiment humains, ni vraiment fantômes. Ils déambulent dans des décors certes très bien filmés, décrient à l’aide d’époustouflants panoramiques à 360°, mais ne les habitent pas, disparaissent avant même que l’on les ait désirés.