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The Adventure of Iron Pussy
les avis de Cinemasie
1 critiques: 0.5/5
vos avis
3 critiques: 2.5/5
Fer rouillé...
C'est quoi The Adventure of Iron Pussy? D'abord l'extension en long métrage d'un projet de l'artiste américano-thaïlandais Michael Shaowanasai: une série de trois courts où ce dernier se met en scène en Iron Pussy, un James Bond travesti. Il confiera la co-réalisation du long métrage à son ami Weerasethakul. Mais ça ne fonctionne pas. La raison ? Le pitch? Non, vu qu'un pitch aussi énorme associé au nom de Weerasethakul à la co-réalisation suscite au moins un minimum d'envie ou de curiosité. Ce serait plutôt que le film est totalement raté en tant qu’hommage premier degré à un certain cinéma populaire thaïlandais baigné dans le kitsch, la naïveté et la comédie musicale. A cause de sa réalisation sa direction d'acteurs et son score? Oui, la première alterne platitude et stylisation à l’épate, les deux autres sont minables. Du coup, toute tentative de rendre touchants les passages les plus naïfs du film se solde par un échec. Mais avec tout cela le film aurait pu devenir un nanar monumental. C’est que le film n’est même pas assez délirant, drôle ou jubilatoire pour accéder à ce statut. Ne pas être jouissif, c’est le pire pour un divertissement. Seul intérêt: confirmer l'ancrage dans la culture populaire du travail d'Apichatpong Weerasethakul, ancrage trop souvent oublié par ceux qui l'ont canonisé phare du renouveau du cinéma. Tournés à la suite, l’arty Blissfully yours et cet Iron Pussy en forme d’hommage au cinéma populaire thaïlandais semblent montrer deux visages radicalement opposés de son cinéma. Reste que le cinéaste est bien plus inspiré lorsqu’il combine ces deux aspects comme dans son Mystérieux Objet à midi inaugural ou son tout récent Tropical Malady.
Eagle Eyed Chérie
Dès que Iron Pussy fait sa première apparition – lors d'une mémorable séquence tout droit sortie de ces nombreux films d'action des années 1960 – on croirait ressuscité l'esprit de la mythique Petchara Chaowarat…en drag queen! La ressemblance est frappante, depuis cette curieuse coiffure ultra travaillée jusqu'au tailleur sévère, mais en même temps si féminin. S'ensuit une bagarre comme il y en a eu par centaines: sans aucune chorégraphie, improvisé sur le tas, avec des coups clairement portés à trois mètres à côté du visage, comme au bon vieux temps de Mitr Chaibancha et Sombat Metanee* (et avant qu'un jeune loup du nom de Rittikrai Panna allait être le tout premier "chorégraphe officiel de l'Histoire du cinéma thaï).
La suite est dans la droite lignée du genre parodié: personnages hauts en couleur, aventures rocambolesques, inspirés des romans pulps et serials américains…jusque dans son dénouement totalement tiré par les cheveux, mais pourtant monnaie courante des productions thaïes des années 1960 et 1970. Ne manquent d'ailleurs pas non plus à l'appel des nombreux interludes musicaux, le grain typique du format 16 mm (standard jusqu'à la mort de Mitr Chaibancha) obtenu grâce au tournage à l'économie en HD et le doublage des voix (assuré par des vedettes de ces années-là).
"Iron Pussy" est à Apitchatpong ce que sont "Les larmes du tigre noir" à Sasanatieng: un hommage sous forme de parodie à une époque révolue du cinéma populaire thaï. Sauf que le réputé cinéaste intellectuel est loin de disposer du budget de son confrère: production préparée en quelques semaines pour attendre le complément du financement de sa "Maladie Tropicale", "Iron Pussy" souffre du manque apparent des moyens et d'une production précipitée, qui ne pousse malheureusement pas le délire assez loin. Plus proche du sketch télévisuel trop étiré en longueur que de l'hommage pensé, le film se veut juste un divertissement sans aucune prise de tête; un délire totalement décomplexé. Assez lourd, le spectacle perd effectivement beaucoup à ne pas connaître les sources d'inspiration; mais force est de constater également, que le concept ne tient pas tout à fait sur l'entière longueur du film. Il aurait été plus bienvenu de varier quelque peu scènes et séquences comme en début du métrage.
Enfin, pour les fans du genre, reste cette vision totalement hilarante d'Iron Pussy arborant le maquillage du mythique "Iron Eagle", jadis interprété (et ayant cause la mort lors d'une cascade ratée) par Mitr Chaibancha.
Depuis la sortie du film, Michael et Apichatpong tentent de trouver des investissements pour réaliser une série animée des aventures de l'agent travesti en hommage aux vieux mangas télévisés.
*
pour un complément d'information concernant la mythique période de l'âge d'or du cinéma thaïlandais et des vedettes Mitr Chaibancha et Sombat Metanee, se référer au passionnant ouvrage "Le Cinéma Thaïlandais" édité en marge du Festival Asiatique de Lyon 2006 et disponible ici:
Le Cinéma Thaïlandais