L’un des très rares films en couleur de Yoshida, avant sa pause marquant un sacré coup d’arrêt de 1973 à 1986 pour cause de sérieux problèmes de santé, est aussi l’un de ses mélodrames les plus accessibles et les plus finement réalisés après trois films pas extraordinaires malgré de solides qualités. Avec La Source thermale d’Akitsu, le cinéaste place l’histoire à la fin de la guerre opposant le Japon aux États-Unis (dès la première minute, une paysanne se plaint de ses cheveux qui grillent sur place) étalée ensuite sur une dizaine d’années. Deux personnages vont occuper le temps et l’espace de l’œuvre de Yoshida, Shusaku un ancien tuberculeux sur le chemin de la source thermale d’Akitsu pour recouvrer la santé et Shinko, une jeune femme y travaillant depuis son adolescence. Au départ gravement malade, Shusaku va être pris sous l’aile de la jeune femme jusqu’à ce que tous deux s’éprennent d’un certain amour l’un pour l’autre. Malheureusement le malade une fois guéri décide de repartir pour la ville avant de revenir plusieurs années après, complètement changé.
Parabole douce mais cruelle sur l’amour au fil des saisons, portraits de personnages bouleversés par l’évolution culturelle d’après-guerre (une des geishas s’offusquant par exemple de devoir à présent swinguer) avec en toile de fond une certaine frustration sexuelle due à la distance et à la peur de peiner l’homme logiquement marié, le film évoque la difficulté d’aimer par l’intermédiaire du personnage de Shinko et de sa liaison avec celui qu’elle surveilla de près lorsqu’il était encore mourant. Okada Mariko, sublime et envoûtante, trouve ici un rôle à la hauteur de son côté libéré et espiègle qu’elle entretenait dans les œuvres de fin de vie d’Ozu. Mais plus qu’une performance géniale mais monotone, son personnage change au fur et à mesure que les années passent jusqu’à être le pendant inverse de celui qu’elle aime : si c’est elle qui redonna l’envie de vivre à Shusaku en début de métrage, elle voudra mettre fin à ses jours en implorant le double-suicide à ce dernier. La première partie du film était l’inverse, un procédé qui donne une certaine rondeur aux protagonistes, permettant ainsi de creuser leurs émotions et états d’âme avec précision.
Akitsu est donc un grand film de Yoshida ? Oui, avec des personnages en questionnement constant, une structure cohérente malgré le défilement des années et une plastique lumineuse de bout en bout. Mais ce qui aurait pu être un chef d’œuvre ne reste qu’à l’état de film important, oeuvre d’une époque révolue chez le cinéaste, et ce à cause de trois choses dont deux majeures : la première, un peu plus futile si l’on se concentre uniquement sur l’aspect mélodramatique du métrage, c’est son contexte historique qui aurait pu être davantage appuyé. La défaite du Japon face aux États-Unis ne se ressentant qu’à une partie du film, lors de la parade et de la présence américaine où alcool et cigarettes font bon ménage. En revanche, c’est un peu plus gênant, la musique faite de violons pleurnicheurs passe en boucle et s’impose sur pratiquement chaque scène alors que le silence aurait clairement suffit pour plusieurs d’entre elles, réduisant ainsi la singularité et la nuance de chaque séquence touchée par ce vilain syndrome. De même qu’un final interminable et aussi lourd que le pire des mélodrames. En étant conscient de ces deux derniers défauts non négligeables, il est possible de relativiser un peu face à ce qui est sans doute le meilleur film de Yoshida avant sa période indépendante.
Un étudiant, qui pense être condamné, débarque à la fin de la deuxième guerre mondaiale dans la petite station thermale d'Akitsu. La fille de la patronne lui redonne le goût de la vie. remis, il quitte la station et se bâtit une nouvelle vie, avec femme et enfant, à la ville. Il revient cependant périodiquement à Akitsu où l'attend son amoureuse. Cynique et désabusé, il semble se satisfaire de ces retrouvailles épisodiques ; sensible et engagée, elle se désespère.
Ce vrai mélodrame a des qualités évidentes, au premier rang desquelles il faut placer l'interprétation et la photographie. Les paysages de la montagne japonaise ont rarement été aussi beaux - Yoshida possède à merveille l'art d'insérer ses personnages dans un environnement qui les dépasse et les transcende - et les différentes saisons qui se succèdent à Akitsu sont plus admirablement filmées les unes que les autres. On peut également noter la force brutale de l'évocation de l'immédiat avant-capitulation du Japon : trains de réfugiés soumis aux bombardements, brutalité et aveuglement des militaires... Le début du film est exceptionnel.
Cependant, il manque au film une certaine sensibilité qui en limite la portée. Le personnage masculin demeure trop schématique et ses évolutions erratiques mal amenées, on ne comprend pas trop non plus la mue de l'amour de la jeune fille. Il y a aussi un certain trop plein, un peu trop d'épate : musique envahissante, volonté trop marquée de faire de la scène finale un tire-larmes absolu, qui en fait dilue l'émotion.
Ca reste un film remarquable mais un Naruse aurait mieux convenu à cette très belle histoire.
Ca commence quand même bien mollement. Disons qu'on se dit que ça va encore être un de ces films japonais avec un grand amour romantique et des femmes qui sont tristes et s'en vont brusquement bouder contre une fenêtre - ce que La source thermale d'Akitsu est un peu quand même. Reste que même à ce niveau c'est plutôt beau, c'est bien cadré, c'est du scope en plus et les couleurs sont plutôt chouettes ; donc pour ceux qui comme moi aiment les scènes de kimono dans les prés c'est très joli.
Et arrivé au milieu du métrage y a comme un sursaut d'intérêt qui ne baissera pas, alors que la relation entre les deux amants se fait de plus en plus distante en même temps que plus passionnelle ; plus tragique aussi forcément.
Je suis resté à la surface des 4 premiers 5ème du film. Seules les dernières 20 minutes m'ont touché. Déception donc. Il faudrait que quelqu'un m'explique l'importance de ce film... en dehors du fait qu'il permet la rencontre de Kiju Yoshida et Mariko Okada pour le 100ème film de cette dernière.
Joli mélodrame cependant... Mais je trouve Mariko Okada plus belle dans les oeuvres de Yoshida de la seconde moitié des 60's. Son visage rond me plaisait aussi bien plus dans un film plus vieux : Nuages Flottant de Mikio Naruse.
Un film extrêmement ennuyeux, dont la molesse narrative n'a d'égal que le tintamarre des violons et l'inexactitude des acteurs. Le scénario est boiteux, l'absence de rythme est consternante et l'esthétique vieillote rappelle constamment les années soixantes desquelles n'aurait jamais dû remonter ce film. On pense à Marischka sans la touche kitsch nanardisante, un film ridicule dont on ne peut même pas rire, une manière décidément bien fade de perdre 1H53 de son temps.