Fast Food
"American Adobo" fait partie de cette (petite) vague de films en partie inspirés du succès du taïwanais "Eat Drink Man Woman" d'Ang Lee a dépeindre des communautés étrangères aux Etats-Unis sur fond de nourriture. Le "Adobo" du titre désigne ainsi un plat national philippin se composant (en gros) d'une viande, d'une volaille ou de légumes (pour la version végétarienne) marinés dans une sauce faite avec du vinaigre, de la sauce au soja et de l'ail, en plus de nombre d'ingrédients plus ou moins secrets en fonction des personnes préparant ce plat.
La particularité de "Eat Drink…" était d'avoir su allier un drame familial à certaines issues intergénérationnelles et culturelles; rien de tout cela malheureusement dans "American…", qui se contente de mettre mollement en scène al tranche de la vie de plusieurs personnages, qui auraient tout aussi pu être maghrébins, africains ou européens, tant leurs destins sont universels…ou plutôt…quelconques.
Proche du téléfilm (notamment dans sa réalisation très peu inspirée), les situations ont déjà été traitées mille fois par ailleurs (l'ami gay osant son coming-out face à un ami de longue date) et souvent de manière moins mélodramatique. Quelques scènes dérapent même dans le n'importe quoi, comme celle de notre ami gay (décidemment), entreprenant le long voyage jusqu'au domicile de sa mère restée aux Philippines pour espérer intercepter une lettre compromettante.
Budget restreint oblige, les dialogues (pas très bien écrits) sont trop longs et servent souvent à détailler des scènes, qui auraient sans doute coûté trop chères à réaliser. Plans / contre-plans sont légion, les décors pas du tout explorés et l'abus des plans larges ne permet pas non plus de guetter les réactions des interlocuteurs et de s'attacher aux uns les autres.
Du coup, le happy-end (notamment avec le pompier) n'émeut aucunement, le spectateur ne s'étant identifié avec personne et se fichant royalement du devenir de tous.
Dans le genre, préférez l'autre film philippin traitant de cette communauté aux Etats-Unis, "The Debut", qui – malgré son lot de scènes mélodramatiques – réussit davantage à toucher et à beaucoup mieux dépeindre le "déracinement" loin du pays natal.
