Ordell Robbie | 3 | L'Oeil de l'architecte |
Lorsqu'il entreprend Antonio Gaudi, Teshigahara s'était mis en "vacances" du grand écran depuis 12 ans, notamment pour s'occuper de l'école d'art floral d'Ikebana. Il réalise alors un projet d'hommage au génial architecte espagnol inspirateur de Dali et Picasso lui tenant à coeur depuis des années. Mais ce qui fait l'originalité de ce documentaire est aussi ce qui le rend inégal. Composé surtout de prises de vue et très peu d'interviews, le documentaire ne comporte strictement aucune voix off, (juste des sous-titres explicatifs. On a l'impression qu'il s'agit ici de donner à ressentir l'art de Gaudi, de pointer la grandeur de ses réalisations pourtant totalement insérées dans un univers urbain au quotidien. Le film passe ainsi de dessins préparatoires à des prises de vue architecturales, de plans d'ensemble des réalisations à des mouvements de caméra scrutant de près les détails de ses réalisations, de passages purement dévoués à la contemplation à d'autres dévoués au personnage ou au contexte historique. Le score de Takemitsu Toru alterne lui passages classiques et passages plus proches du style de ses compositions pour les Teshigahara sixties. Mais si la combinaison entre les mouvements de caméra de Teshigahara et le score parvient à faire ressentir par moments la force du travail de Gaudi le film demeure souvent trop décousu, manquant d'une vraie progression narrative. Dommage car il s'agit d'un projet aussi singulier que les longs métrages de fiction le précédant.