"Arisan !" marque le départ totalement attendu de sa précédente somptueuse fresque historique par la réalisatrice et productrice Nia Dinata. Comédie urbaine, elle doit beaucoup à la révolutionnaire série américaine "Sex in the city", qui aura énormément contribué au paysage cinématographique asiatique, notamment pour oser aborder plus ouvertement des thèmes jugés jusque-là tabous et en abordant une génération généralement délaissée par le cinéma et pourtant la plus proche de la plupart des cinéastes débutants: celle des trentenaires.
Nia Dinata s'intéresse ainsi à la vie de quelques-uns de ses contemporains; elle-même issu d'un milieu plutôt favorisé, elle dresse ainsi le portrait de quelques bobos trentenaires avec tendresse, mais aussi beaucoup d'ironie, notamment quand il s'agit de regarder au-delà des façades généralement affichées au cours des soirées mondaines et des fameuses "Arisan !", à l'origine un jeu d'hasard, qui permettait de subvenir à des amis dans le besoin (plusieurs amis se cotisaient pour mettre de l'argent dans un tombola et – comme par hasard – faire gagner celui ou celle, qui avait plus d'argent), mais qui a depuis évolué en une sorte de réunion, où il fait meilleur de ragoter, que de tirer au sort.
"Arisan !" marque également la première incursion du futur acteur et réalisateur (Joni's Promise; Kala; Forbidden Door) Joko Anwar. Rencontré pour les besoins d'une interview, Nia Dinata tombe rapidement sous le charme du bagout et de sa passion pour le cinéma et lui propose donc de collaborer à l'écriture du scénario de son long-métrage. Anwar apportera énormément au personnage de Sakti et réalisera son propre coming-out en écrivant le rôle; c'est également lui, qui est à l'origine de la fameuse scène, qui a créé une polémique très bénéfique commercialement parlant, qui promeut le premier baiser (très, très chaste) échangé entre deux hommes dans l'Historie du cinéma indonésien.
Au-delà de l'effet d'annonce, il reste une comédie de mœurs extrêmement sensible et bien vue, inédite dans le cinéma indonésien et qui aura définitivement établi le nom de ses faiseurs Nia Dinata et Joko Anwar dans le paysage cinématographique indonésien.
