Le cœur de l'homme
Quelle carrière atypique au sein de la cinématographie philippine…
Après avoir débuté sous l'égide de Peque Gallaga en signant d'ailleurs la séquelle soft-porn "Scorpio Nights 2" d'après le classique d son mentor, Matti n'a eu de cesse de jongler avec els genres à l'intérieur d'un cinéma typiquement commercial depuis le mélodrame (Prosti, Mano Po 2), le fantastique (le cultissime Gagamboy, Exodus) ou l'horreur (Pa-syam). Fréquent réalisateur de séries TV (il a notamment signé la toute première série tournée en HD pour la TV philippine, "Rounin" en 2007), publicitaire demandé et à la tête de la société de postproduction la plus éminente, Matti n'a finalement plus grand-chose à prouver…Sauf à acquérir une notoriété internationale.
Le voilà donc en rupture totale avec l'ensemble de ses activités en signant aujourd'hui un film "intimiste", d'aucuns traiteront de "film d'auteur", écrit, réalisé et entièrement produit par Matti. Un portrait extrêmement contemplatif d'un homme, qui décide de tout plaquer à la quarantaine pour tenter de littéralement poursuivre son propre rêve.
La première heure est un vrai bonheur avec tous feux sur l'extraordinaire performance d'acteur de Dwight Gaston, qui traîne sa carcasse dans un postulat simpliste. On le voit tout d'abord coincé dans un quotidien enroué et sans surprises. Le point de rupture viendra sous la forme de cette extraordinaire scène, lorsqu'un gardien de nuit vient saluer "l'arrivée" de Leo, qui lui rétorque que cela fait déjà des années, qu'il travaille pour al société. Un visage anonyme, noyé dans une entreprise sans visage et qui ne permettra jamais de s'affirmer en tant qu'individu.
Leo s'en va retrouver la "femme de ses rêves", ce qui nous entraîne vers une seconde partie extrêmement drôle et touchante, faite de petits rien et du brossage de portraits de seconds couteaux tout aussi extraordinaires que le personnage principal de Leo. Des gens ordinaires, mais qui prennent immédiatement chair et os, discutent de tout et de rien, mais qui "vivent" à côté d'un Leo toujours aussi éteint…
Leo, lui, qui a faire une drôle de rencontre, qui va bouleverser sa vie, par toutes petites touches…Des touches tellement petites, qu'on trouve rapidement le temps un peu long. Une fois l'ensemble des personnages posés, il ne se passe littéralement plus rien et les dialogues, vifs et enlevés au départ, basés sur des larges improvisations avec l'ensemble des comédiens, ne sont pas assez percutants pour maintenir un quelconque intérêt.
Le film s'achemine alors vers un dénouement seulement à moitié inattendu avec le message de départ exploité jusqu'à son aboutissement logique.
C'est sympa, distrayant, mais un brin trop formaté pour vraiment sembler personnel…Mais un nouveau pas intéressant dans la filmographie de Matti, dont on attend avec impatience les prochains projets et notamment son Johnnie To-like "OJT" dont le teaser réalisé pour convaincre d'éventuels investisseurs donne franchement envie d'en voir beaucoup plus !