Imaginez que Les cendres du temps (vintage) vous avait échappé. Vous aviez la VHS et un VCD mais toujours pensé qu'un film de Wong Kar-wai période faste méritait mieux. Les cendres du temps restait le seul Wong Kar-wai que vous n'aviez pas vu, avant qu’arrive My Blueberry Nights. Des amis vous assurent que My Blueberry Nights est atroce, que Wong Kar-wai tourne à vide. Vous espérez alors que l'annonce d'une version entièrement refaite d'un film ancien peut être l'occasion de voir un second souffle, l'énergie des débuts, la découverte d'un film qu'on vous a dit majeur, à un moment où Wong Kar-wai a peut être conscience qu'il doit se refaire. Cette alchimie peut donner une révélation.
Vous allez donc voir Les cendres du temps Redux la fleur au fusil. Et vous avez une bouse.
D'abord, vous manquez de resortir dès les premiers plans, pour dire au projectionniste qu'il a bidouillé son projecteur. Heuh, vous êtes sûr que c'est cette image là? Oui oui. On vous avait bien prévenu que Wong Kar-wai, qui avait déjà la main de moins en moins légère sur la palette des couleurs, avait ce coup-ci "un peu forcé sur l'étalonnage". Non : il a poussé tous les curseurs à donf. C'est pas compliqué, vous mettez la saturation et le contraste à 100.
Résultat double : les couleurs hurlent et bavent, et le grain devient une vraie tempête de sable sur tout le film. Il paraît que le film original est déjà crade et dégradé. Un étalonneur vous dira alors qu'il faut justement pas trop en rajouter dans ces cas-là. Car ici, l'image est détruite. Elle croule sous la coloration numérique, la pixellisation, les aplats. Par intermittences, on se dit que cela tire le film vers du manga tellement les couleurs sont artificielles. Mais le plus souvent, on rigole de ce désert couleur post-it et des visages qui ont chopé des coups de soleil. Mais comme des anglais à Saint Tropez, pas comme des indiens, ils ont des plaques rouges aléatoires sur la gueule, les pauvres.
Sauf Maggie Cheung. Etonnamment, les derniers plans sur elle sont immaculés, sa peau est sublime, la seule à ne pas être retouchée. Ce Redux serait alors peut être une nouvelle déclaration d'amour a la beauté diaphane de cette actrice. Tout le film étant hideux sauf elle, c'est une manière de la sauver dans un carnage. C’est une idée. C’est beaucoup de souffrance pour deux minutes de beauté.
Maggie est aussi la seule à apporter une subtilité de jeu.
Parce qu'on découvre aussi des acteurs figés, coincés, déclamants. Très beaux, évidemment, mais là ils semblent se demander pourquoi ils posent.
Car on en revient toujours là : un film raté est avant tout un film qui ne sait pas quoi raconter. Les cendres du temps est en effet un salmigondis d'histoires qu'on a déjà vues en mieux dans tous les autres Wong Kar-wai. On sait que ce réalisateur n'a jamais écrit de scénario et s'en tire toujours au montage (cf la fabuleuse bidouille des Anges Déchus). Mais ici, il n'y a ni l'un ni l'autre.
Problème de cadres, déjà : dans quel état catatonique était Christopher Doyle pour faire des plans aussi figés, tarabiscotés, lui le maître de la fluidité, de l'évidence, du geste pur?
Plans qui sont donc étalonnés sans aucun souci de vraisemblance, et pas un pareil que l'autre.
Evidemment, pas de raccords non plus.
Alors le film cahote toutes les minutes, raconte n'importe quoi n'importe comment et emballe le poisson avec une voix off. Autre marque de fabrique WKW, qui n'a jamais été aussi galvaudée qu'ici. "Pour se souvenir, il faut oublier", "Pour oublier, il faut rester", "Pour partir, il faut se souvenir" ou des trucs comme ça, c'est retourné dans tous les sens comme pour les images.
Ce verbiage n'aide évidemment pas à rythmer un film dans lequel il est impossible de rentrer et qui s'enlise dans le désert dès les premières minutes.
La musique, alors! Wong Kar-wai, quand même, la B.O.! Non plus.
La pire de tous ses films. De la sauce, y compris au synthé lors d'un grandiose moment de sitcom télé. Par moments, des notes qui évoquent In the mood for love et 2046. Vague sourire de connivence. Ou moue de désolation, vraiment Wong Kar-wai n'est qu'un recycleur.
Restent alors trois séquences.
Maggie, donc, dans le dernier quart d'heure. Le premier combat, excellent moment de chaos étouffant, trituré pour faire ressentir l'intérieur du guerrier qui fonce dans le tas. D'accord. Et une illumination : cette guerrière qui fend l'eau et crée des gerbes inouies. On pense que cela va lancer quelque chose, un tournant fantastique façon Legend of Zu. Et non. Retour en chambre et sur les dunes jaune poussin.
Durant la séance, une bonne dizaine de personnes sont parties et certaines semblaient au supplice. Le spectateur atterré et parfois endormi compte que le film est rythmé selon les saisons. A la fin de l'automne, on se dit qu'il ne reste plus que l'hiver. "Oh noooooon!" A l'annonce du retour du printemps, un spectateur a poussé un cri du coeur. Il lui restait encore une saison en enfer.
Amen. Si un auteur n'a plus rien d'autre à dire qu'exploser les couleurs et saucer la musique de ses vieux films, on le considère mort. Mais un jour, espérons qu'on verra la résurrection de Wong Kar-wai.
Avec Ashes of Time Redux, Wong Kar-Wai a redonné un sacré coup de balais à ce qui est caractérisé de film malade, maudit. Qui dit coup de balais ne dit pas non plus renouveau total, le film n'étant que partiellement remonté, retouché, sans apporter son lot de scènes inédites. Qu'importe, après les nombreuses retouches opérées sur le film, l'ambiance n'en est que plus agrippante, tenace, l'immersion est bien plus forte qu'avec la première et pâle version. Le phœnix renait de ses cendres, en gros, pour nous infliger une claque monumentale au niveau de l'aspect purement visuel : photographie léchée et lumière bien plus performante qu'à l'accoutumé, filtres utilisés parfois en surabondance (un paysage de forêt vert, marron, bleu) rappelant le travail des films légendaires de Tsui Hark, grain accentuant encore une fois de plus le passage au numérique et ré instrumentation douce mais bien présente. Il faut voir Ashes of Time pour ce qu'il est, un Wu Xia romantique qui puise sa force dans sa narration. Très écrit, sans doute trop narré, le film finit par ennuyer du fait de sa narration très écrite et...trop narrée. Difficile à suivre? Autant les propos sont parfois passionnants, empreints d'une vraie poésie, autant il est extrêmement périlleux de ne pas fermer l'oeil durant la projection du fait des nombreuses discussions servant à palier le temps entre l'apparition de nouveaux personnages. A ce titre, le casting monstrueux rassemblant une parties des icones du cinéma hongkongais est grandiose, personne ne joue comme l'autre, d'un Leslie Cheung qui porte la moustache d'un Tony Leung de 2046 à un Tony Leung Ka-Fai au look d'Apache, les filles ne sont pas en reste non plus, sublimées par la photographie de Doyle qui prend d'ailleurs un malin plaisir à capter au plus près une Maggie Cheung resplendissante. Un vrai respect pour les personnes captées par son objectif. Au final, si tout à déjà été dit à propos du film, l'appellation Redux permet au film de retrouver une seconde jeunesse, les scènes de combat chorégraphiées par Sammo Hung n'en sont que plus dynamiques, la réduction du nombre d'images par seconde plus hypnotique.
Un million d’euros et trois années de travail auront été nécessaires à la restauration du film maudit de Wong Kar-wai. Disons-le tout de suite, trois années au cours desquelles le réalisateur a plus coupé qu’il n’a ajouté, aucune scène nouvelle n’étant à recenser dans ce cru 2008. Plus démonstratif, le nouveau montage se perçoit principalement dans les combats, où quelques effets ayant mal résisté à l’épreuve du temps ont été supprimés tandis que d’autres ont été retravaillés à l’aide d’effets numériques. Si l’incrustation des images de synthèse s’avère être des plus discrètes, on ne peut pas en dire autant du réétalonnage du film, le ton à l’origine bleuâtre de ce dernier ayant laissé la place à une dominante jaune particulièrement prononcée qui confère à l’ensemble un aspect parfois très artificiel sans pour autant être déplaisant. Le travail sur le son est tout aussi flagrant, la totalité des compositions originales ayant notamment été réorchestrées. Si l’on pouvait légitimement craindre que l’ensemble perde en force, il n’en est rien et le thème principal conserve tout l’intensité qui avait contribué à faire de ces Cendres du temps un film culte. Au final, la principale qualité de cette nouvelle version reste encore la possibilité de redécouvrir ce chef-d’œuvre sur grand écran, dans d’excellentes conditions, ce qui n’était plus possible depuis bien longtemps déjà...
Au moins j'aurais vu ce fameux film. Cinématographiquement c'est un bon film, plan très soignés, acteurs au top...
Cela raconte l'histoire d'un homme qui, en voyant passer certaines vies, se rend comte qu'il a gacher la sienne et deviens alors un tyran. De ce point de vu là aussi l'histoire est originale et intéressante. Mais au final, le résultat est quand meme un peu ennuyeux et poussif, et les relations entres les personnages partent un peu dans tout les sens. Cela m'a même fait penser aux Feux de l'Amour " (sisi, jamais les personnages ne se regardent quand il se parle c'est rigolo).
Mais le pire du pire dans ce film, ce sont les scènes d'actions. Certains plans sont à couper le soufle et font directement penser à du Tsui Hark. Ces plans sont au nombre de trois...
Et oui car tout les reste, le réalisateur, pensant faire du style de met à faire du mono image par seconde. Il oublie que trop de style tue le style, il oublie qu'il a un grand chorégraphe entre les mains et qu'il faudrait mettre en valeur ses chorégraphies. Les scènes ne doivent leurs peu de lisibilité qu'au gros travail de l'ingénieur du son. En fait les scènes d'action pourraient très bien être vues yeux fermés, un comble au cinéma, et une honte pour le cinéma HK de ces années là!...
Dans le meme registre, préférer The Blade deTsui Hark.