The Gas Station Strikes Back
Dix ans séparent cette suite de l'original. Dix ans pendant lesquels la Corée, et donc son cinéma, a beaucoup changé, en intégrant le club fermé des pays qui comptent dans la balance mondiale, et en obtenant un rayonnement mondial. Il est alors tout particulièrement intéressant de voir ce que le petit film rebelle de la fin des années 90 est devenu après l'avènement des blockbusters. Ironie de l'histoire, les deux surviennent peu après des crises économiques qui ont ébranlé le pays. On pourrait interpréter ces films comme une fable révolutionnaire contre les grands patrons capitalistes écrasant l'honnête travailleur. Mais moi je préfère y voir un raison de plus pour foutre le bordel chez les nantis, casser juste pour le plaisir, et ce dans une cool-attitude de tous les instants. Et c'est d'ailleurs tout ce que j'en demande!
Faisons donc l'état des lieux. En plus de la bande de bras cassés, dignes de leurs prédécesseurs, et des quatre lycéens (très certainement pour donner un contre-poids qui aurait pu être intéressant, mais ici ils ne servent à rien), on retrouve, dans le désordre, un bus remplis de prisonniers en cavale déguisés en flics, une bande de jeunes motards rebelles faisant des descentes la nuit, un gang de mafieux qui passait par là, un journaliste bourré, et les Swats à la poursuite des précédents fugitifs. Et des cheerleaders! Très important, ça, les cheerleaders. Mais que demande le peuple?
Malgré la surenchère de personnages perturbateurs, et une situation encore plus explosive que dans le premier, cette suite souffre justement du fait d'être une suite. Attack the Gas Station tirait toute sa force du côté inattendu et provocateur d'un scénario se limitant au strict minimum, ne transportant aucun message, n'étant qu'un prétexte à défouloir énergique qui scotchait le spectateur. Ici, forcément, il nous en faut beaucoup, beaucoup plus pour être surpris.
Le scénario reste globalement décevant, se contentant de répéter la formule du premier, mais avec plus de tout. On sourit plus qu'on ne rit devant l'absurdité et la légèreté des situations. Les types se prennent des beignes à répétition, et en redemandent. Mais à part ce côté slapstick, les occasions de rires restent bien rares. Personnellement, je trouve que le look kaléidoscopique des personnages vaut son pesant de cacahuètes, surclassant largement Lady Gaga.
On note également la petite nouveauté pour cet opus, débarquant comme un cheveu sur la soupe: une fille, au beau milieu de cet univers suant la testostérone. Et attention, on parle bien ici d'une Coréenne tout ce qu'il y a de plus cliché, avec la petite jupe, la démarche à cloche-pied, les grands sourires enjôleurs, et constamment avec une sucette dans la bouche. L'actrice joue mal, mais en fait cela rajoute encore une couche à l'improbabilité totale de la présence de ce perso dans ce film. Et au final ça en devient presque drôle.
Ce film souffre également d'un certain manque de rythme, principalement au début, puisqu'il faut bien une demi-heure avant que la situation s'installe vraiment, avec des amorces de scénario complètement dispensables. D'ailleurs, ce début est aussi pas très bien monté, avec des flash-backs mal placés, des errances, beaucoup de confusion.
A regarder donc comme simple divertissement, mais il ne faudrait en aucun cas s'attendre à un délire au niveau de l'authentique Attack the Gas Station, ni même un hommage. Juste de la baston gratuite.
