L'Empire contre-attaque.
L'un des plus gros blockbusters chinois de ces cinq dernières années débarque sur les écrans français. Pas de doute, Zhang Yimou a placé la barre très haut pour ce drame Shakespearien au doux parfum d'Orient. Mais est-ce que le fait de posséder des crédits impressionnants (45 millions de dollars) suffit à pondre un bon film? Car à n'en pas douter, La Cité interdite est un grand film par son ampleur et ses moyens démesurés, où la moindre scène de discussion est prétexte à mettre en avant l'ostentation des décors, leur pouvoir visuel fascinant mais aussi leur incroyable lourdeur. A titre d'exemple, chaque couleur est saturée, chaque tapisserie recèle d'une montagne de détails et de formes géométriques différentes, chaque texture est perceptible allant du verre trouble aux couleurs baveuses, au rideau de bois, à la moquette luxueuse et j'en passe. Une lourdeur qui passera bien chez certains alors qu'elle pourra nuir à l'implication purement émotionnelle du spectateur passant plus son temps les yeux rivés sur les décors et les décolletés plongeants (n'est-ce pas messieurs?) empêchant peut-être à la bonne compréhension des nuances d'interprétation : la folie croissante de Gong Li, personnage aussi redoutable que déstabilisant, la prestance de Chow Yun-Fat à la limite du cabotinage impérial (mais qu'est-ce qu'on l'adore), la grasse de la servante Chan prise au piège dans les filets de l'Empire, le côté héroïque mais emprunt d'une peur constante chez les fils de l'Empereur, etc.
La grande interprétation d'ensemble est à l'image de la grandeur des moyens, et souligne encore d'avantage l'exclusivité de la mise en scène, parfaite, mais une fois de plus trop axée "grand spectacle" voir même carrément "show must go on" pour les séquences de combat entre les deux armées. On pourrait même mettre Freddie Mercury au micro pour soutenir le nombre démentiel de figurants qui s'en mettent plein la tronche, parce que Zhang Yimou cède au spectacle suprême, proche de la pastiche simple du wu xia, et de la parodie grassouillette de Shakespeare. Prise de risque ou simple caprice de "star"? Dernièrement on avait The Banquet qui lui aussi privilégiait l'esthétisation de ses affrontements avant toute chose. Ici c'est encore pire, avec une quantité de ralentis telle que la lisibilité des combats s'en ressent décuplée -bien évidemment- mais l'utilisation quasi permanente d'effets spéciaux bateaux (fausses armes, fausses étincelles, faux sang) finit par écoeurer même si le talent de Tony Ching Siu-Tung n'est pas à remettre en cause : ses chorégraphies sont parfaites. On pourra ceci dit émettre quelques doutes sur le scénario, étrange et parfois de mauvais goût. Chez Shakespeare, les morts ne sont pas drôles. Chez Zhang elles le sont. Cherchez l'erreur. Une erreur qui ne plombe pas La Cité interdite mais une erreur qui l'empêche d'atteindre le rang de film intouchable. Drame de pacotille, pastiche de wu xia, mais mise en scène exemplaire et interprétation sans faille, c'est ce dont on retiendra du film le plus cher de l'histoire du cinéma chinois. Ca ne va pas faire que des heureux.
Esthétique : 4/5 - Elle ne sera pas du goût de tout le monde. En revanche la mise en scène est maîtrisée.
Musique : 3/5 - Umebayashi réalise une composition en dents de scie. Epique ou tristement molle.
Interprétation : 4.25/5 - Une interprétation digne. Gong Li et Chow Yun-Fat, d'une beauté à couper le souffle.
Scénario : 2.5/5 - Classique et intéressant dans son premier tiers. Violent et involontairement drôle dans son dernier.
Démonstration de force
Avec La Cité Interdite, la Chine marche clairement sur les plates-bandes Hollywoodiennes et proclame haut et fort qu’il faut désormais compter sur elle pour le divertissement populaire : c’est du gros, c’est du lourd, c’est des superstars et c’est ultra-spectaculaire, avec qui plus est un argument supplémentaire par rapport aux concurrents US, à savoir le poids d’une Histoire millénaire. L’argent a été clairement dépensé en costumes et en décors, dont le foisonnement de couleurs – jusqu’à l’overdose - évoque d’ailleurs plutôt le Cinéma made in Bombay. Sur ce point, certains dénoncent l’épate visuelle exubérante, mais on peut aussi y voir paradoxalement une critique entre les lignes d’un régime près à tous les excès pour régner sur le Royaume et étaler sa puissance. Côté interprétation, rien que du très bon avec en tête un Chow Yun-Fat aussi malicieux que vicieux que l’on a plaisir à revoir dans un film important, et une Gong Li royale qui confirme s’il en était besoin qu’elle est bien l’actrice chinoise la plus incontournable des 20 dernières années. Et si le scénario est classique, il réserve un certain nombre de rebondissements puissants qui se déploient de manière crescendo et donnent lieu à des scènes de guerre à couper le souffle.
Quelques commentaires concernant les polémiques et débats que crée ce film :
- Sur le pompiérisme : la musique est effectivement souvent exagérée, comme s’il fallait multiplier les roulements de tambours et les mettre les basses à fond pour tenter de créer une tension. C’en est parfois fatiguant, même si ce n’est pas un défaut crucial du film.
- Sur le fourvoiement artistique de Zhang Yimou et de Chen Kaige depuis quelques années : on les encense pour avoir remis sur pied le cinéma chinois sur la scène mondiale dans les années 90, et on les vilipende pour leur choix du grand spectacle dans les années 2000. Mais ne peut-on pas y voir une certaine cohérence à vouloir relever le défi d’inscrire la Chine au même rang que les USA et la Corée en terme de cinéma à Grand Spectacle, en laissant le cinéma d’auteur à toute la génération suivante (Lou Ye, Wang Chao, Ning Ying, Wang Xiaoshuai, Jia Zhang Ke…) – même si la liberté d’expression est encore loin d’être acquise ? Qui d’autre aurait pu réaliser un tel film, si ce n’est un metteur en scène expérimenté et mondialement reconnu ? Et au passage, le personnage rebelle de Gong Li est-il si éloigné de celui d’Epouses et Concubines ou de Qiu Ju ?
- Sur la dimension propagandiste et la « morale discutable » du film : j’avoue que j’ai du mal à saisir. La tragédie antique n’était ni moins tendre ni moins cruelle, la soif du pouvoir a toujours existé et les moyens de le conquérir ou de le conserver ont toujours regorgé d’inventivité et d’hémoglobine. Est-ce le grand nettoyage final qui choque, avec tous ces pots de fleurs jaunes qu’on redépose par milliers ? Je le trouve au contraire très réussi, car il m’évoque le nettoyage final similaire du Hara Kiri de Kobayashi, et permet de s’interroger sur le sens de la révolte, du complot et de l’Histoire.
En résumé donc, un film riche et sujet à discussion qu’il faut voir pour se forger sa propre opinion.
Bon blockbuster avec toutes les limites et les avantages du genre
Plus encore que
Hero, la
Cité Interdite est l'exemple typique du blockbuster dont les excès sont autant de qualités que de défauts. Suite à deux premiers films à gros budgets à succès (
Hero donc et
Le Secret des Poignards Volants), Zhang Yimou continue de varier sur les mêmes thèmes. Ici il choisit une intrigue de palais mélangée à quelques scènes d'action d'envergure. On peut déjà à ce titre souligner les avantages en terme de rythme. Là où
Hero et les
Poignards distillaient les scènes d'action très régulièrement, mais sans véritable crescendo, notamment pour le premier, on sent ici monter une véritable tension aboutissant à une vraie grosse scène finale. S'il frustrera les spectateurs cherchant des combats à gogos, le procédé permet de mieux mettre en valeur l'explosion de violence finale.
Auparavant on aura eu droit à des intrigues de palais tout à fait classiques, mais pas moins dépaysantes pour le spectateur occidental moyen. De part le cadre pour commencer, où tout a été fait pour en mettre plein la vue. Vous connaissez la chambre du Roi et de la Reine à Versailles? C'est un modèle de sobriété comparé à ce qui est étalé dans
La Cité Interdite. Le film est une véritable démonstration de couleurs pour écran plats, jusqu'à l'overdose. Yimou filme des kilomètres de couloirs décorés comme jamais, des costumes et des armures surchargés, des décors grandioses, bref, il en donne pour son argent. Mais bien sûr de manière complètement impersonnelle, avec une photographie parfaitement neutre. Du blockbuster, rien de plus, rien de moins.
Les acteurs sont comme souvent dans ce genre de films des grands noms. On trouve heureusement beaucoup de bon et un peu de mauvais. La fausse note est comme on l'attendait Jay Chou dont le regard d'endive à moitié cuite fait vraiment tâche au milieu du casting de monstres. Il n'est pas désastreux, il n'a heureusement pas le rôle principal, mais il n'est tout simplement pas au niveau. Car autour de lui, c'est le choc entre deux générations du cinéma chinois, Gong Li incroyable en impératrice au bord de la folie et un énorme Liu Ye en premier fils de l'empereur. Chow Yun-Fat complète de manière fort convaincante la famille, même s'il lui manque une lichette de classe traditionnelle à la chinoise qu'avait par exemple un Chen Dao-Ming dans
Hero. Ces trois là en font évidemment des tonnes. Chaque regard porte une émotion intense, chaque mot de chaque dialogue est pesé pour appuyer les antagonismes entre les personnages, chaque geste est lourd de conséquences. Et comme le film ne manque aucunement de grands moments dramatiques (c'est la Cité Interdite quand même, pas Oui oui va à la plage!), on a droit à un grand numéro d'acteurs, certes pas vraiment dans la finesse, mais grand numéro quand même.
Les scènes d'action sont par contre un poil décevant.
Hero avait déjà inauguré des scènes d'envergure à milliers de figurants,
La Cité Interdite tente d'aller encore plus loin avec une scène de bataille encore plus ample, lorgnant ouvertement vers le Seigneur des Anneaux. Et là il n'est plus tellement question de chorégraphies, mais plutôt d'ordinateurs. Les chinois étant en retard à ce niveau, la qualité n'est pas optimale et risque de décevoir, spécialement en salles. Surtout que cette scène finale qu'on attend tout au long du film manque un peu de longueur et surtout d'un habillage épique trahi par une musique complètement transparente. Ching Siu-Tung est donc très peu utilisé, sauf lors de quelques scènes mettant en scène des tueurs volants "à la ninja" tout de suite beaucoup plus funs. Mais il est évident que les fans d'arts martiaux n'auront pas grand chose à se mettre sous la dent ici.
Au final on obtient donc un film sans aucune surprise. Tout est fait pour "vendre" la Chine ancienne, pour étaler à la face des spectateurs occidentaux ébahis la Cité Interdite, ses costumes, ses armures, ses armées, et bien sûr sa politique nationaliste de beaucoup qualifieront immédiatement à raison de propagandiste. A la manière de n'importe quel blockbuster (chinois, coréen, japonais ou américain) finalement. D'un autre côté les moyens permettent de mettre en scène des histoires que le cinéma chinois n'a jamais pu nous montrer jusqu'alors, et d'embaucher des acteurs de renom qui s'ils ne délivrent pas de performances en finesse, en donnent tout de même largement pour leur argent aux spectateurs. Conseillé alors? Aux allergiques à
Hero, aux
Poignards et autre blockbusters ultra balisés, évidemment non. Aux autres oui, le côté intrigue de palais + grosse scène d'action reste dépaysant pour le spectateur occidental, même initié.
Le suicide d'une génération
Si
La Cité Interdite, malgré ses couleurs ridiculement clinquantes et ses plans poseurs à l'extrême, se maintient à un niveau très correct pendant la première heure, Zhang Yimou ne parvient toutefois pas à contenir plus longtemps ses élans stylistiques les plus vulgaires et laisse finalement son film sombrer dans le ridicule avant de l'achever en nous assénant une conclusion absolument puante.
Après
Hero et
Le Secret des Poignards Volants, Zhang Yimou semble, comme Chen Kaige, renoncer peu à peu à toute ambition artistique.
Ceux qui ont réinventé le cinéma chinois dans les années 80 ne semblent en effet plus être aujourd'hui que des faiseurs d'images au service d'une vaste stratégie de communication qui relève finalement presque de la propagande. On en oublierait presque que Chen Kaige et Zhang Yimou, tous deux issus de la première promotion de l'Académie du Cinéma de Pékin (1982), n'ont eu de cesse, pendant plus de dix ans, de redonner ses lettres de noblesse à un cinéma chinois en ruines au sortir de la Révolution Culturelle.
La propention qu'ont les deux chefs de file de la cinquième génération à sombrer dans un cinéma commercial des plus artificiels doit, au-delà de l'indispensable discours critique, soulever des questions quant aux mutations actuelles du cinéma chinois.
Rappelons au passage que des auteurs particulièrement talentueux sont, eux, régulièrement interdits de tournage en Chine.
Tragédie Antique
Le nouveu film de Zhang Yimou était très attendu après "Hero" et "Le secret des poignards volants" qui avaient divisé et laissé les spectateurs sur leur faim . Le plus de ce film est son casting mené par la toujours sublime Gong Li, en reine tragique shakespearienne, Chow Yun-Fat, excellent en roi cruel et tyranique et Liu Ye en amoureux transit . Le défaut majeur de "La Cité interdite" se situe dans ses décors et costumes : débauches de luxe et d'or clinquants, tape à l'oeil et du plus mauvais goûts qui rendent le tout indigeste comme dans "Wu Ji, la légende des cavaliers du vent" . Les combats sont peu nombreux et se situent dans la dernière partie du film . Si "La Cité Interdite" se laisse regarder, le film nous laisse sur notre faim . La grande pèriode de Zhang Yimou est loin derrière lui, elle date de l'époque où Gong Li était sa muse et où son cinéma était engagé et moin commercial .
un belle emaballage pour un contenu sans suprise ou presque
Etant le Plus gros budget de l’histoire du cinéma chinois devant Wu ji, la légende des cavaliers du vent, qui nous rappelle que gros budget ne rime pas toujours avec un chef d’œuvre. Le nouveau Zhang Yimou s'en sors mieux que wuji même si il ne fait pas mieux que ses précédents films. Il y a de Joli Costumes et décors, un nombre de figurants qui donne le tournis, servie par un casting très correct avec un réalisation très travaillé. La ou le bas blesse c'est au niveau de l'intrigue qui est sans trop de surprise. En bref ce qui sauve le film en parti c'est l 'excellent Chow Yun Fat en empereur tyrannique, Gong Li sublime en reine Tragique et pour finir les effets visuel qui en mettent plein la vue(m^me si des fois c'est peu to much).
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur ce qu'il ne faut jamais faire
La cité interdite est un des plus grands (budget et décors compris) nanars de toute l'histoire du cinéma, et je parie que le monde entier l'oubliera d'ici peu. Mais que fait Ching Siu Tung dans cette galère ?! Il invente des types qui glissent le long de filins et qui sautent sur des lances en forme d'escalier ? Il a du se paumer avec le caméraman dans les couloirs du décor pour avoir le temps de trouver toutes ces idées...
WOW!
Eh bien. voici encore un très beau film. Les décors sont somptueux, le nombre d'acteurs est impressionnant. Et sinon, l'histoire est pas mal du tout, le film est touchant et carrément imprévisible je dois dire, vous verrez ça à la fin. avec en plus la présence de grands acteurs, ce film a tout pour plaire, à ceux qui aiment le genre, bien sûr.
émouvant, j'ai même versé une petite larme.
Décevant
Visuellement décevant en comparaison de Hero par exemple, la cité interdite bénéficie néanmoins d'un casting de qualité, qui ne peut cependant pas sauver le film qui reste globalement assez ennuyant.
Chinese Blockbuster
Malgré quelques défauts (bande son peu convaincante, parfois (mais parfois seulement) cette impression du trop dans chaque chose à un moment donné,...) le film est globalement bien construit et séduit par son ambiance de palais dépaysante et ses quelques groses scènes d'action fun chorégraphiées par Ching Siu-Tung (distillées en creschendo). Un film qui fait également froid dans le dos tant tout est et doit être à sa place. Quelques ambiguïtées entre le fond et la forme propres aux blockbusters subsistent néanmoins.
boursouflure filmique en 64 millions de couleurs
En fait je ne sais même pas trop quoi dire de ce film calibré jusqu’à la nausée. Rarement j’ai vu plus racoleur et formaté que ce film dans lequel chaque plan - depuis les contre-plongées incessentes sur les grandeurs du palais jusqu'aux étalages de dorures sous tous les angles en passant par la bande son grandiloquente - est une ode publicitaire à la gloire de la grandeur de la Chine avec un grand C et à son indétronable éternité (et le scénario est finalement à l'avenant). Le tout survitaminé par un directeur de la photo qui a visiblement abusé de psychotropes et définitivement abandonné toute notion de bon goût.
Quand à l’intrigue - si tant est que la quantité de neurones brûlés par la photo laissent au spectateur la capacité de l’apprécier - rien que de très classique, avec des fausses révélations qu’on devine depuis deux heures et des vrais twists qui n’arrivent pas pour autant à relever l’intérêt. Resteraient alors les bastons, si toutefois la réalisation était au niveau, mais même pas : on assiste à un déballage illisible de gros plans mal montés qui achève de nous faire mal au crâne.
Reste pas grand chose alors. Et
Gong Li est à coté de la plaque, même avec (à cause de ?) son décolleté boosté.
Puisque c’est comme ça, je vais me pendre.
Deux heures de daube pour expliquer au peuple chinois que se révolter est futile...
Des couleurs au point de ne plus savoir qu'en faire... des acteurs qui cabotinent avec une absence de retenue qui force l'admiration... des ralentis en veux-tu-en-voilà... de la musique qui foutrait la honte à Hans Zimmer... tout pour servir une chouette idéologie, bien en phase avec le monde chinois moderne: se révolter ne sert à rien! D'abord, c'est mal, même si c'est pour des raisons à la base louable ("je ferais n'importe quoi pour ma môman et ses nibards silliconés...") et en plus c'est inutile (des milliers de larbins attendent derrière la porte avec des pots de fleurs à la main...). Il n'y a guère que la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques ("on me souffle dans l'oreillettte...") pour faire une meilleure vitrine rutilante à la nation du grand timonier. Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel ("punaise! je savais pas qu'il y en avait autant!") pour une horreur sans beaucoup d'excuses. Comme dit le Roi Heenok, "tu capotes sur le film tellement qu'ils l'ont digitalisé!" La morale est sauve, elle au moins, c'est bien là l'essentiel.
écoeurement
ZHANG yimou semble vouloir alterner les gros blockbusters avec les films plus intimistes, tel le récent RIDING ALONE (Pour un fils). J'espère qu'il en sera ainsi à l'avenir car entre ses deux derniers métrages je choisis sans hésiter le film intimiste, qui a dû couter certainement 10 fois moins cher.
ZHANG, sur cette "CITE INTERDITE", s'est vraiment lâché au niveau esthétique.
Alors que dans Hero il avait trouvé la juste mesure (et Christopher DOYLE à la photo), il livre ici un film ultra esthétisant, surchargé graphiquement jusqu'à l'écoeurement, avec un rendu visuel clinquant, rutilant et acidulé, tout cela provoquant la nausée et rendant le film beaucoup moins crédible. D'autre part, même si ce n'est pas aussi catastrophique que dans WU JI, ou même le SECRET DES POIGNARDS VOLANTS, l'utilisation de l'informatique est trop visible.
Bref ZHANG yimou devrait réapprendre la sobriété, et se calmer sur le lsd, car au fond son histoire est assez bonne, pas extraordinaire mais relativement bien menée. Passons rapidement sur la performance correcte des acteurs en général, même si évidemment GONG Li et CHOW Yun fat (un peu empaté) relève le niveau (Jay CHOU est encore faiblard). Les quelques scènes d'actions et combats ne sont pas un modèle du genre, autnat dans Hero l'esthétique se marriait bien avec les chorégraphies, mais là ça manque d'énergie.
Il reste à noter un point très positif que bien d'autres critiques ont déjà soulevé, et qui a fait la réputation du film, ce sont les irrésistibles décolletés pigeonnants qui foisonnent à la cour, et en plus il y a du monde au balcon. A ce niveau là l'exhubérance de la mise en scène ne m'a pas dérangé du tout.
Pour conclure je dirais que ce film est un divertissement tout juste correct, supérieur au "SECRET" et inférieur à "HERO", ZHANG voulant en mettre plein la vue graphiquement mais ne provoquant que l'étouffement.
La mort de Shakespeare
Dans sa recherche de s'imposer désormais comme LE réalisateur de la superbe et du star-system chinois naissant, l'opportuniste Zhang Yimou verse dans un trop-plein de plus en plus affirmé. Des décors toujours plus somptueux, des costumes toujours plus affinés et des figurants toujours plus nombreux. Difficile de faire plus grand, plus beau, plus pompeux que lui – mais sans doute pas difficile de faire mieux.
A trop verser dans la forme, l'ex-cinéaste engagé néglige totalement sa forme jusqu'à totalement déshumaniser ses personnages. L'entière mise en scène tape-à-l'œil n'est finalement là que pour focaliser l'entière action sur la famille royale – et finalement nul besoin n'aurait été de créer des décors et costumes aussi grandioses; quatre murs noirs auraient fait l'affaire! Mais cela aurait voulu dire fixer son entière attention sur la psychologie des personnages, âme du scénario – et de révéler les énormes carences qu'éprouve aujourd'hui Yimou à faire ressortir.
"La cité interdite" s'apparente à un drame shakespearien, mâtiné d'un zeste de la profonde noirceur humaine de Virginia Wolfe. Le roi, après des années de règne tyranniques au cours desquelles il a dû se forger son personnage de dictateur pour pouvoir se tenir en place, joue un jeu au chat et à la souris avec la reine, femme profondément malheureuse. Leurs enfants constituent des véritables enjeux, autant pour la passation des pouvoirs, que pour des liens purement familiaux. A chacun de choisir son camp et de décider de son propre avenir.
"Epouses et concubines" avait merveilleusement su traduire tous ces enjeux – et combiner la forme au fond.
Depuis, Yimou s'est perdu en route. Chaque sentiment caché est explicité par un monologue appuyé. Le mécontentement s'exprime par un zoom avant sur une grimace du roi – et quand il se met vraiment en colère, il perd son casque et ses longs cheveux s'envolent au ralenti, tout comme dans une vulgaire transposition de bande dessinée sur grand écran.
Dans la seconde partie, Yimou décide de suivre les traces d'un autre grand cinéaste perdu en route depuis, Chen Kaige: il démultiplie les effets spéciaux pour animer des ninjas noirs volant dans les airs tel un "Spiderman"; et de conclure sur une bataille épique se voulant de rappeler celles du "Seigneur des Anneaux". Et d'exploser toute subtilité du propos au profit d'une pure action abrutissante d'un "grand public", que les chers producteurs mondiaux prennent de plus en plus pour des abrutis. Shakespeare est bel et bien mort.
Et une nouvelle fois, Zhang Yimou fait mouche
Attention Spoiler dans certaines parties de cette critique.
Zhang Yimou prend le rythme : depuis Hero, il semble vouloir sortir un Wu Xia Pian tous les deux ans. Et une nouvelle fois, son œuvre de grande qualité fait mouche.
Les décors et les costumes sont somptueux. Le côté visuel est très léché et recherché. Certains pourront reprocher une photographie beaucoup trop tape-à-l’œil voir prétentieuse, mais cela est voulu. On comprend au premier coup d’œil l’idée du film : l’or représentant la royauté et le rouge pour le sang et la trahison. Il faut noter que Zhang Yimou a repris la même équipe technique que pour Le secret des poignards volants : Xiaoding Zhao (directeur photo) et Shigeru Umebayashi (musique originale). La musique est bien choisie, pas trop présente ou étouffante. Elle souligne bien le film.
Le casting, très commercial, est formaté pour un public international : Gong Li, très populaire depuis ses rôles dans Memoirs of a Geisha et Miami Vice, et Chow Yun-Fat qui a déjà participé à de nombreuses productions américaines. On peut d’ailleurs remarquer dans les bandes annonces que la troisième tête d’affiche : Jay Chou, est totalement passé à la trappe, n’étant pas connu, alors qu’il est présenté au générique au même niveau que ses père et mère.
(C’était juste mon petit coup de gueule !!!)
Chaque personnage, quelque soit son importance, est joué avec une justesse remarquable. Gong Li est éblouissante, elle sublime l’image à chaque plan. Son rôle est magnifiquement interprété justifiant nettement son Award de meilleure actrice aux derniers HKFCS.
Chow Yun-Fat interprète divinement le rôle du méchant.
Jay Chou, quant à lui, à un rôle beaucoup plus intéressant que dans Initial D. Fini le rôle du gamin si timide qu’on avait l’impression qu’il allait s’endormir. Dans Curse of the Golden Flower, il interprète un rôle beaucoup plus mature et consistant qui lui permet de montrer ses talents d’acteur, même s’il lui reste encore un long chemin à parcourir avant d’arriver au niveau des plus grands.
En regardant les bandes annonces, on pouvait imaginer que COTGF serait pour la plus grande parti axé sur l’affrontement des deux armées. Mais ce n’est point le cas, la révolte ne durant pas plus de 20 minutes. Zhang Yimou a privilégié les raisons et la mise en place de cette trahison, pour finir sur la fin d’un empire. Tout le film tourne autour de l’intrigante impératrice (Gong Li), ce qui pousse certains personnages à rester dans l’ombre, ou a ne voir d’eux, que leur relation avec elle (Jay Chou). Les relations entre les personnages sont très travaillées. Mais Zhang Yimou ne s’embarrasse pas de détails ou d’événements inutiles, il va à l’essentiel. Le peu de développement de certains perso étant même utile à l’histoire : le troisième prince a presque un rôle de figurant, jusqu’au moment où il perd la tête, reprochant à toute sa famille de ne pas faire attention à lui (« personne ne m’aime !!! »).
En ce qui concerne les scènes d’actions, Zhang Yimou a une nouvelle fois fait appel à son chorégraphe fétiche : Ching Siu-Tung. Les combats, bien que peu présents, sont de très bonne qualité et moins aériens. Il mise plus, cette fois ci, sur les effets spéciaux et les particularités de chaque arme, que sur les câbles. De plus, on retrouve, comme dans Hero, l’armée « de dizaines de milliers de soldats qui tirent des centaines de milliers de flèches », sauf que cette fois ci, il y en a deux !!!
Il me semble incontournable de faire une comparaison avec The banquet, sorti à Hong Kong trois mois auparavant.
Premièrement, les deux histoires sont très similaire : L’impératrice, amoureuse du fils de l’empereur (qui n’est pas le sien), tente de prendre le pouvoir. Cependant, COTGF est beaucoup plus complexe, les raisons de se soulèvement sont moins l’amour que l’envie de survivre. Le film est moins poseur (Dieu merci !!!), peut-être moins poétique aussi, mais l’intrigue est plus prenante (au moins, on ne risque pas de s’endormir !!!). Les personnages sont beaucoup plus développés et leurs relations nettement plus explorés.
Deuxièmement, les deux films tournent autour de leur personnage féminin principale. Et là, il n’y a pas photo, Gong Li arrive très facilement, par sa beauté et sa justesse de jeu, à faire passer Zhang Zi-Yi pour une actrice de téléfilm du Dimanche après-midi sur la 6. (Je ne comprends toujours pas d’ailleurs comment Zhang Zi-Yi a put arriver première à Miss Cinémasie 2006, et Gong Li seulement cinquième !!!!)
Une mise en scène de qualité, Gong Li d’une beauté et d’une qualité de jeu tellement renversante que ça fait presque mal de la regarder (et pourtant, je ne suis pas lesbienne !!!), des acteurs remarquables, des décors et des costumes somptueux, une photographie à couper le souffle, une intrigue intéressante bien qu’assez classique à la base,…Bref, que du bonheur.
Dommage, ça ne démarrait pas trop mal...
... mais dix minutes visibles pour deux heures de vacuité enflée, quel pensum !