Que les hommes sont décevants
Encore un chef d'oeuvre, incroyablement tenu, de Naruse. La trame est familière : des femmes ordinaires déçues par les hommes. Le cadre est lui plus ambitieux : c'est tout le XXè siècle japonais qui sert de toile de fond à cette symphonie de poche, qui voit les femmes subir les déceptions et conserver, en dépit de tout, l'espoir d'un avenir meilleur. La construction, faite de multiples aller-retours, est particulièrement subtile : les deuils s'éclairent des drames passés, la solitude s'ancre dans l'histoire, les échecs se répètent avec une trame toujours nouvelle. Toutes les scènes situées dans l'immédiat après-guerre sont vraiment exceptionnelles et l'interprétation est de premier ordre. A placer au niveau des meilleurs Naruse.
La femme martyr
Naruse livre un film au scénario plus ambitieux qu'à l'accoutumée avec cette fresque un peu froide et longuette qui effectue des allers-retours entre plusieurs époques – la Seconde Guerre mondiale, le traumatisme de l'après-guerre, le début des années 60 encore hanté par cette même défaite – en racontant le destin tragique d'une femme japonaise tour à tour ingénue, ménagère, paysanne et tenancière d'un salon de coiffure à laquelle les pires drames arrivent. Hideko Takamine est comme toujours remarquable dans un rôle sur mesure, passant avec une aisance confondante de la jeune fille timide et joviale à la veuve déchirée mais endurcie par les épreuves de la vie. Nonobstant ce beau numéro d'actrice – l'un de ses derniers avant une semi-retraite somme toute méritée – et quelques scènes franchement poignantes, on ne peut pas dire que l'ensemble passionne des masses et on en vient à regretter aussi bien le Naruse exacerbé de
Nuages Flottants que celui, plus flegmatique, de
Quand une Femme Monte l'Escalier.