Garce d’honneur
Avec Before we fall..., on a l’impression de se retrouver devant un mix entre les premiers Hong Sang-soo et le Jules et Jim de Truffaut, auquel la dernière image fait vraiment penser. Film d’auteur dans la plus pure tradition tourné en Noir & Blanc (sauf l'épilogue) et en plans fixes, le film de James Lee est un imbroglio sentimental à trois relativement convenu dont le trop lent développement ne plaide pas pour sa découverte en dehors d’un festival (qui est fait pour ça). Une relative déception donc, dont on gardera cependant en mémoire l’explication très drôle et très courtoise en japonais de la raison du tabassage en règle d’un homme dans un parking par le bras droit du patron, ainsi que la technique de brossage des dents.
Contient quelques jolis moments, mais un ensemble assez terne.
Le cinéaste malais James Lee ne m'a pas convaincu. Son cinéma, poseur, long et périlleux recèle une atmosphère particulière, pas souvent descriptible -d'ailleurs doit-on la décrypter ou l'analyser?- et souvent percutante. Son cinéma nous ouvre le chemin d'une odyssée moderne sur l'amour et ses conséquences, sur la passion d'une femme pour deux hommes, sur les relations qu'ils ont eu tout trois, filmés de manière presque voyeur par la caméra de James Lee, caméra actrice ou voisine (comme un voisin de palier qui épierai les ébats amoureux par le trou d'un mur ou d'une serrure) s'attardant à tirer les émotions -fortes- de ces héros simplement par leurs gestes ou leurs habitudes quotidiennes. Il y a dans cet assemblage, pourtant sans grande saveur, une vraie recherche sur le sentiment de bonheur et la complexité qui en découle : si Ling ne sait pas bien se brosser les dents, son amant lui apprendra. Ca semble pourtant bateau et grossier, mais la séquence est à l'image des héros, un peu perdus dans les entrailles d'un amour indécis ou juste momentané, mais cet amour est là, qu'importe si il n'est qu'éphémère ou juste pour satisfaire leurs besoins, il est juste là.
James Lee réalise alors un joli film, posé et délicat, mais manquant très souvent d'humanisme ou de sensibilité. La froideur du cadre (DV en noir et blanc, quelques moments en couleur) ne fait qu'accentuer cette impression, comme si il manquait une âme ou une ambition de la part du cinéaste, une impression affirmée dans ses nombreux passages à vide décourageants, mais contredite par quelques sauts intéressants comme ce plan final extrêmement réussi. Le temps est long, mais le film aboutit à un résultat finalement correct, dommage que le cinéaste n'ai pas réussi à nous tenir en haleine sur toute la longueur.
Doublé
Il serait temps de découvrir James Lee. Réalisateur malais d'une flopé de courts-métrages plus intéressants les uns, que les autres, il a su développer au fil du temps un univers bien singulier, très auteurisant.
La précieuse série des "First Cuts" initiée par la superstar Andy Lau donne donc un coup de projecteur bienvenu sur l'étrange particularité de cet homme à.
Difficilement résumable, "Before…" est une étrange expérience cinématographique, qu'il faut vivre (sur un grand écran). Soit elle vous happe, soit elle vous laisse totalement indifférent à travers ces saynètes mi-chimériques, mi-décalées.
Comme tant de cinéastes de son Continent, James Lee tente d'exprimer les sentiments (amoureux) si refoulés dans la culture asiatique – mais à sa manière. Filmé en Noir & Blanc et surtout de nuit, l'odyssée des deux hommes s'apparente davantage à un rêve, où le souvenir (forcément faussé, puisque réinterprété par notre propre représentation) de la femme disparu sert de moteur de recherche d'une certaine vérité. Et de re-apprendre certains sentiments refoulés – au-delà de la seule déception et trahison.
Dans le rôle de la "femme évaporée", la danseuse Amy Len reste fidèle au réalisateur en signant une nouvelle collaboration. Le chanteur-compositeur-devenu-acteur Pete Teo affine son jeu charismatique glané au fil de ses précédentes expériences au cours de nombreux courts-métrages (malais) pour camper l'amant; alors que l'acteur de la télévision Chye Chee tente de se débarrasser de son image de "bon genre" en démultipliant ses rôles dans des productions indépendantes.
Les nouvelles en provenance de la Malaisie sont rares; mais le talent (à affiner) de James Lee est certain!