Xavier Chanoine | 2.75 | Contient quelques jolis moments, mais un ensemble assez terne. |
Ghost Dog | 1.75 | Garce d’honneur |
Le cinéaste malais James Lee ne m'a pas convaincu. Son cinéma, poseur, long et périlleux recèle une atmosphère particulière, pas souvent descriptible -d'ailleurs doit-on la décrypter ou l'analyser?- et souvent percutante. Son cinéma nous ouvre le chemin d'une odyssée moderne sur l'amour et ses conséquences, sur la passion d'une femme pour deux hommes, sur les relations qu'ils ont eu tout trois, filmés de manière presque voyeur par la caméra de James Lee, caméra actrice ou voisine (comme un voisin de palier qui épierai les ébats amoureux par le trou d'un mur ou d'une serrure) s'attardant à tirer les émotions -fortes- de ces héros simplement par leurs gestes ou leurs habitudes quotidiennes. Il y a dans cet assemblage, pourtant sans grande saveur, une vraie recherche sur le sentiment de bonheur et la complexité qui en découle : si Ling ne sait pas bien se brosser les dents, son amant lui apprendra. Ca semble pourtant bateau et grossier, mais la séquence est à l'image des héros, un peu perdus dans les entrailles d'un amour indécis ou juste momentané, mais cet amour est là, qu'importe si il n'est qu'éphémère ou juste pour satisfaire leurs besoins, il est juste là.
James Lee réalise alors un joli film, posé et délicat, mais manquant très souvent d'humanisme ou de sensibilité. La froideur du cadre (DV en noir et blanc, quelques moments en couleur) ne fait qu'accentuer cette impression, comme si il manquait une âme ou une ambition de la part du cinéaste, une impression affirmée dans ses nombreux passages à vide décourageants, mais contredite par quelques sauts intéressants comme ce plan final extrêmement réussi. Le temps est long, mais le film aboutit à un résultat finalement correct, dommage que le cinéaste n'ai pas réussi à nous tenir en haleine sur toute la longueur.
Avec Before we fall..., on a l’impression de se retrouver devant un mix entre les premiers Hong Sang-soo et le Jules et Jim de Truffaut, auquel la dernière image fait vraiment penser. Film d’auteur dans la plus pure tradition tourné en Noir & Blanc (sauf l'épilogue) et en plans fixes, le film de James Lee est un imbroglio sentimental à trois relativement convenu dont le trop lent développement ne plaide pas pour sa découverte en dehors d’un festival (qui est fait pour ça). Une relative déception donc, dont on gardera cependant en mémoire l’explication très drôle et très courtoise en japonais de la raison du tabassage en règle d’un homme dans un parking par le bras droit du patron, ainsi que la technique de brossage des dents.