"The boy from Vietnam" fait partie de la série des "Below the lion rock" réalisé pour la chaîne RTHK en 1978.
A une époque, où une vague massive de vietnamiens vient se réfugier à Hong Kong en traversant clandestinement mer et frontière, Ann Hui s'intéresse plus particulièrement au cas d'un jeune garçon travaillant dans l'un des très nombreux restaurants ayant ouvert pour faire travailler illégalement tous ces nouveaux arrivés. Le personnage principal est ainsi interprète par le vrai protagoniste de laquelle s'inspire l'histoire de sa vie et la plupart des rôlesseront tenus par des vrais immigrés clandestins à l'exception de celui du cousin (le cadreur du film) et le copain (le futur acteur et réalisateur des comédies populaires Alfred Cheung). Quant au scénario, il sera signé Shu Kei (scénariste de bon nombre de productions TV de l'époque, notamment celles de Patrick Tam et futur réalisateur de "Hu-Du-Men") et de Wong Chi (réalisateur de "Girls without tomorrow 1992").
Ann Hui reviendra sur cette vague d'immigrés par ces deux futurs longs "Boat People" et "Story of Woo Viet", qui – avec ce présent "Boy of Vietnam" constitueront une véritable petite trilogie dédiée aux immigrés clandestins.
Une fois de plus, il est incroyable de constater la liberté de ton et d'expression absolues dont bénéficiaient les réalisateurs du petit écran de l'époque. "The boy from Vietnam" aborde ainsi avec beaucoup de réalisme la dure traversée et traite de thèmes extrêmement crus, dont la méchanceté des "passeurs" pour qui les immigrés ne sont qu'un moyen de gagner de l'argent, l'indifférence générale des hongkongais pour aider leurs prochains, puis le cruel destin réservé à al plupart des immigrés. Laissés pour compte, sans aucun papier, ils seront constamment exploités par leurs employeurs, vivront toute leur vie dans la peur d'être capturés par les officiels et tourneront mal pour la plupart (la fin est particulièrement pessimiste à ce propos). Plus qu'un paradis, Hong Kong s'avère donc un vrai enfer pour la plupart de ces immigrés, une plate-forme intermédiaire avant un prochain départ pour une autre utopie, la lointaine Amérique, que l'on imagine pas moins dure avec les rares "chanceux" qui réussiront à rejoindre les Etats-Unis.
Un autre témoignage de toute une époque par la talentueuse Ann Hui.
