Le perso principal est invisible, mais le talent de Kim Ki-Duk est bien la
Un délice. Un calme absolu pendant tout le film malgré la quantité d'événements qui se déroule. Toute la mise en scène est fluide pour décrire une histoire d'amour plutôt inhabituelle entre une femme battue par son mari et un "cambrioleur" invisible. Kim Ki-Duk dirige sa caméra merveilleusement et ses acteurs de la même façon, n'étant ni trop brusque ni trop lent, gardant sans cesse son rythme de croisière qui nous berce totalement sans ennui et avec une grande attention du début à la fin. Rien à jeter dans chaque scène, tout est impeccablement à sa place.
En effet, cette fois ci, Kim Ki-Duk laisse tomber le cinéma dénonciateur qui l'a fait connaître (Bad Guy, Samaria) pour l'esthètique (que certains appellent vulgairement "esbrouffe") et le poétique, comme il avait déjà donné l'année dernière dans son très beau Printemps, été,... . Aussi habile dans les deux genre, il épate encore une fois pour notre plus grand plaisir. La musique accompagne également très bien le film ; bien choisie, elle apporte une seconde couche de douceur au récit.
Les interprètent ne sont pas à jeter non plus ; le contraste est imposant entre le couple principal qui reste tout le long dans son mutisme et les autres qui sont tout le temps en train de s'énerver. Kim Ki-Duk applique encore sa grande maîtrise artistique et démontre une fois de plus qu'il ne sais pas faire que du cinéma accusateur.
21 janvier 2005
par
Elise
...
Un scénario très touchant, riche en moments forts malgré un silence de tous les instants. Moi qui suis un grand admirateur des films peu bavards, j'ai évidemment trouvé là mon maître. La musique est qui plus est très rare, ce qui lui donne d'autant plus de force lorsqu'elle est utilisée. ... chuuuut ....
Quant à l'interprétation, elle est également de qualité, notamment de la part de LEE Hyeon-Gyun qui livre une performance hypnotisante. Reste quelques longueurs hélas, avec un petit passage à vide au milieu du film, où le concept du couple silencieux atteint un peu ses limites. Mais au final Locataires évite les écueils du "film concept" pour raconter une belle histoire, silencieusement.
En apesanteur
« Personne n’a jamais su si la vie était rêve ou réalité », résume à peu près en ces termes la phrase épilogue de Locataires (Squatteurs aurait été un titre plus adapté...). Si l’on est sensible à cette maxime, alors il y a tout lieu d’éprouver beaucoup de plaisir devant cette histoire d’amour toute simple entre 2 jeunes gens qui se mettent volontairement en marge de la société (l’homme a fait des études supérieures mais son désir de liberté ne coïncide pas avec ce qu’on attend de lui) pour pouvoir vivre leur passion en s’affranchissant de certaines contraintes (travail, logement,…) tout en s’accommodant avec d’autres obstacles (notamment un mari violent et possessif avec l'apprentissage d'une maîtrise toute bouddhiste de l’espace). Cette passion amoureuse joue la carte de la pureté et de la simplicité : pas besoin d’échanger la moindre parole car tous les sentiments passent dans les regards, les postures, les situations ; elle est d’ailleurs symbolisée par ce plan magnifique où le poids du couple affiche zéro sur le pèse-personne.
Avec ce film, Kim Ki-Duk retrouve la sérénité et la beauté de Printemps, Eté… et s’affirme une nouvelle fois comme l’un des cinéastes les plus intéressants du moment. Vivement le prochain !
Un cinéaste qui arrive à maturité, un film merveilleux
Locataires est un film né de manière bien étrange. Alors qu’il rentrait chez lui, Kim Ki-Duk trouve sur sa porte une publicité collée avec un morceau de scotch. Le réalisateur réalise aussitôt que coller une publicité devant la serrure de la porte d’entrée d’une maison est un moyen discret et efficace pour savoir si les propriétaires sont là ou s’ils se sont absentés. C’est de là que lui est venue l’idée de raconter l’histoire d’un jeune-homme qui va de maison en maison et y vit quelques jours sans jamais voler quoi que ce soit mais en réparant au contraire les objets défectueux et en y faisant certaines tâches ménagères telles que la lessive. A cette idée de base vient s’ajouter la rencontre avec une femme battue par son mari. Cette dernière s’enfuit avec notre personnage principal et tous deux vont se promener de demeure en demeure.
Ce qui frappe dans Locataires, c’est la douceur qui s’en dégage. Loin d’être impulsif, le film de Kim Ki-Duk nous porte pendant deux heures
Le style est particulièrement épuré. Les plans sont simples, sans fioritures. Et les dialogues sont réduits au minimum. Au sens propre. Ainsi, l’acteur principal ne dira pas un seul mot de tout le film tandis que celle qui deviendra son amante ne prononce en tout et pour tout que deux phrases. Cela ne nuit en rien au film et ne le rend en aucun cas ennuyeux. Au contraire, les émotions passent ici à merveille et force est de constater que l’usage de la parole s’avère ici en effet totalement facultatif.
Contrairement à ce que l’on peut imaginer en voyant la magnifique affiche du film, Locataires n’est pas qu’une histoire d’amour. Le film ne manque pas de rebondissements et les sentiments des personnages ne sauraient en aucun cas résumer à eux seuls le propos du film.
Locataires est avant tout une invitation à se promener. On se promène à moto et surtout de maison en maison. On suit d’abord le quotidien d’un jeune-homme, puis on découvre celui de personnes inconnues, on imagine leur vie à travers les photos, on découvre leur quotidien à travers les objets. C’est enfin le quotidien d’une femme qui souffre que l’on découvre. Et le quotidien qu’elle vivra avec l’homme qui a su lui redonner le sourire.
Au final, Locataires est certainement l’un des meilleurs films de 2005. Notons que Kim Ki-Duk est arrivé à une certaine maturité. Il compte maintenant parmi les grands réalisateurs, c’est ce qu’a confirmé le prix décerné à ce film à Venise.
Un grand Kim Ki Duk
La magie du film se fait rapidement sentir à travers le traitement que Kim Ki-Duk fait de son personnage principal. La double distanciation entre les personnages eux-mêmes et à travers le regard quasi palpable de la caméra porte pleinement ses fruits. La plus grande réussite du film est la mise en rapport de différentes dimensions au sein du même plan. Si l'histoire d'amour des deux héros tient une place à part, c'est parce que Kim ki-Duk l'inscrit dans un espace tridimentionnel tandis que le reste personnages évolue dans un monde à deux dimensions. Pour rendre celà, Kim Ki-Duk peut compter son sens de l'espace, jouant parfaitement des profondeurs de plans, des reflets, des photographies. L'allégorie de la dimension de l'amour n'est pourtant pas pesante grace aussi en partie au jeu des deux acteurs.
Le film passé, le charme s'estompe pourtant assez rapidement au profit d'un questionnement: que veut Kim Ki-Duk? Sans aller jusqu'à parler de gratuité, il y a au moins une résignation qui émane de ce film, une mise à distance de la réalité qui fait de la fluidité une propriété située hors de la vie. Au final Locataires est peut-être un film beaucoup plus noir et pessimiste qu'il ne le laisse voir. Quoiqu'il en soit ce n'est pas une raison suffisante pour manquer ce que Kim Ki-Duk a peut-être fait de mieux jusqu'ici.
Une jeune femme et un jeune homme dans une oeuvre métaphysique.
Si le film de Kim Ki-Duk peut étonner de prime abord, il en va tout autrement ensuite, grâce à sa construction allant souvent crescendo dans les surprises et les subtilités. On commence doucement, on pose les bases d'une oeuvre qui s'annonce particulière, qui cache bien son jeu. On se demande même où veut en venir KKD dans cette histoire de querelles de couple et d'un type qui aime se prendre en photo, nettoyer ses plantes et repasser ses bouquins d'art. On est presque amené à se dire que le film se dit "tendance" sous prétexte qu'il filme le quotidien de deux "muets" et que c'est Coréen (donc, re-tendance). Heureusement ce n'est pas le cas, et Kim Ki-Duk, par une mise en scène habile, réussit à nous étonner là où l'on ne l'attendait pas franchement.
Si Locataires débute lentement, c'est pour ensuite rebondir avec force. Ainsi le film prend des allures d'oeuvre métaphysique, presque surréaliste et fantastique, à des années lumières de la simple oeuvre intello sentimentale pour cinéphiles bateaux. Les deux "amoureux" vont d'appartements en appartements pour s'y réfugier et tenter d'avoir une vie comme Monsieur tout le monde. Alors que le jeune homme (formidable Lee Hyeon-Gyun) traîne sa solitude depuis des lustres, la jeune femme (la touchante Lee Seung-Yeon) se fait tabasser par son mari bien tapé du ciboulot. Pour échapper à ce train-train quotidien, les deux personnes s'en vont à la quête de leur propre identité, véritable recherche de l'apaisement même si les pratiques s'avèrent en réalité bien douteuses. Leur entreprise sera bien entendu amenée à échouer, comme dans la vraie vie.
L'oeuvre reste parsemé de séquences de haute volée, comme l'enterrement de ce grand-père malade, trouvé mort dans un appartement convoité par nos deux héros. S'en suit alors, des séquences bien répétitives de passage à tabac (heureusement non préjudiciables quant à la poursuite du récit), contrées in extremis par des scénettes amusantes et récurrentes (une bonne raison de se mettre au golf, tiens), pleines de sens et de messages. Kim Ki-Duk s'approprie alors tous les délires possibles lorsque le jeune homme apprend à devenir l'ombre de lui-même et ainsi pouvoir être tous les jours aux côtés de sa bien aimée, tyrannisée par son mari. Locataires devient alors poème, muant de simple film typé zonard glandouille à oeuvre d'une richesse fabuleuse où l'ultime phrase de fin "il est impossible de savoir si le monde dans lequel nous vivons est rêve ou réalité" pend ici tout son sens. A découvrir.
Esthétique : 3.75/5 - Sobriété des cadres, mise en scène finalement très subtile.
Musique : 3/5 - Ambiance sonore assez légère.
Interprétation : 4.25/5 - Grosse composition de nos deux héros, muets presque du début à la fin.
Scénario : 4/5 - Un coquillage qui cache une perle inattendue. Une bonne surprise.
Un Kim Ki Duk réussi malgré des lourdeurs et une certaine pose auteurisante
Avec Bin Jib, Kim Ki Duk signe son meilleur film depuis longtemps. Mais des lourdeurs l'empêchent d'être totalement convaincant. Tandis que sur la fin le film a tendance à mettre de l’eau dans le moulin des arguments des détracteurs du cinéaste.
En regardant Bin Jib d'un oeil distrait, on pourrait avoir l'impression d'un Kim Ki Duk confirmant la mauvaise impression laissée par Printemps, été, automne, hiver et printemps…. Avec son style contemplatif et sa tendance au beau plan pour le beau plan, ce dernier film montrait des risques de dilution du talent du cinéaste dans un certain formatage festivalier. En interview, ce cinéaste autodidacte prend le risque de prêter le flanc à ce reproche. Kim Ki Duk ne cache pas en effet qu’au vu de ses scores modestes dans l’ensemble au Box Office en Corée du Sud il a fortement besoin des festivals pour exister en tant que cinéaste. Sa présence régulière dans des grands festivals n’est d’ailleurs pas étrangère à sa facilité à obtenir des financements à l’étranger. De même qu’il n’a jamais caché que s’il faisait des films peu bavards c’était pour parler plus facilement à un public international. Tourné en un été et prêt à temps pour Venise, Bin Jib a tout du film candidat idéal pour l’applaudimètre festivalier. Son caractère peu bavard pourrait facilement faire crier au «film formidable de suggestion et de non dit si asiatique». Avec ses croisements d’êtres solitaires et peu bavards dans un appartement vide, le dispositif de sa première partie évoque celui du Lion d’or Vive l’amour. L'emploi en fin de film d’une citation bouddhiste dont le film réduit la portée à de la philosophie de comptoir évoque quant lui la pose auteurisante d'un Gaspard Noé, cinéaste fétiche de Kim Ki Duk.
Malgré cela, Bin Jib ne saurait être réductible au qualificatif de "film de festival". Si le dispositif de la première partie évoque Tsai, ses situations, ses thèmes sont en revanche du pur Kim Ki Duk. Le cinéaste renoue ici avec la dimension "métaphorique" présente dans l'Ile et continue à traiter la question des rapports de force sociaux et de couple. Au risque de l'expression à la main lourde de sa thématique habituelle... L’usage de la canne de golf symbole de la domination sociale retournée contre elle-même offre ainsi une métaphore lourdement signifiante des rapports dominants/dominés. Tandis que son emploi répété vire au procédé. La question des rapports de force sociaux comme de couple n’est d’ailleurs pas toujours traitée avec finesse au vu du caractère caricatural du personnage du mari violent. S'il souffre de ces défauts-là, le scénario ne souffre en revanche pas de certaines scories de ceux de ses précédents films. Lorsqu’il mélange les genres dans sa seconde moitié, le film ne donne pas l’impression de partir dans tous les sens contrairement à un Samaria. Enfin, l’intrusion d’une dimension fantastique en fin de film fonctionne mieux que la seconde moitié «conte de fée» d’un Bad Guy parce que la mise en scène l’a préparée par petites touches le long du film. Qui plus est, les motivations psychologiques des personnages ne semblent ici jamais opaques. SPOILERS Avec une conclusion incroyablement pessimiste. La jeune femme reste en couple avec son mari macho et s’évade par le rêve. Rêve qui est loin d’être libérateur parce que porteur de statu quo. FIN SPOILERS.
Une fois ceci dit, le cinéaste ne déçoit pas concernant ses deux points forts : la mise en scène et la direction d’acteurs. On mentionnera l’art du cinéaste pour créer une durée jamais pesante, la reprise réussie de certains effets de signature (le travail sur les reflets de Bad Guy), un usage judicieux du grand angle et un usage pas neuf mais fonctionnant bien de la caméra subjective pour suggérer une présence fantastique. Et l’impression d’ensemble de tristesse jamais pesante dégagée par la mise en scène. Quant au duo d’acteurs «muets», il porte sur ses épaules le film par son travail sur les regards même si sa partie masculine impressionne moins souvent que l’actrice qui est au centre du film. Pour finir, un petit mot sur le score. Kim Ki Duk a parfois choisi de façon exécrable ses scores de film. Ici, le thème musical est réussi mais employé trop fréquemment.
Au final, Bin Jib aura confirmé le talent du cinéaste comme ses limites. Et ce Kim Ki Duk cuvée 2004 s’impose comme un des meilleurs films de son auteur.
CHEF D'OEUVRE
L'HISTOIRE
Tae-suk arpente les rues à moto. Il laisse des prospectus sur les poignées de porte des maisons. Quand il revient quelques jours après, il sait ainsi qu'elles sont désertées. Il y pénètre alors et occupe ces lieux inhabités, sans jamais rien y voler. Un jour, il s'installe dans une maison aisée où loge Sun-houa, une femme maltraitée par son mari...
MES IMPRESSIONS
Avec LOCATAIRES, Kim Ki-Duk met enfin son talent à la portée de tous en réalisant un film profond, sensible, et surtout tous publics puisque les rapports au sexe et à la violence physique ou psychologique y sont particulièrement édulcorés. LOCATAIRES raconte une histoire d'amour sur fonds de chronique sociale, histoire d'amour au romantisme désespéré dénuée de toute mièvrerie à l'américaine où les intéressés restent muets de bout en bout du métrage et laissent exprimer leurs émotions à travers des expressions faciales, des gestes ou encore des actes (on peut d'ailleurs féliciter Lee Seung-Yeon et Jae Hee pour leur performance exceptionnelle d'acteur). Faisant entre autres référence à la solitude, à la condition de la femme, aux mystères et aux rêves qui existent en chacun d'entre nous, Kim Ki-Duk raconte habilement avec le sens de la narration et de la mise en scène qui lui sont propres une fable surréaliste, romantique et originale qui plonge le spectateur, bercé par le sublime et enchanteur titre de Natasha Atlas "Gafsa" dans un véritable conte des temps modernes. Chacun pourra interpréter le dénouement du film comme il l'entend et à ce titre, le talentueux réalisateur coréen insuffle un soupçon supplémentaire de fantastique et de magie à sa tragédie pour proposer un chef d'oeuvre incontournable du cinéma mondial.
PlUs Qu'ExCeLlEnT
Locataires ... Que dire de ce film ? Que c'est le plus beau et le meilleur film de Kim Ki-Duk . Deux personnages : elle, Sun-Houa sublime mais malheureuse car enfermée dans une cage dorée et de plus battue par son mari ; lui, Tae-Suk sans domicile fixe arpente les rues et passe d'habitation en habitation pour se loger ... Les deux acteurs principaux sont tout simplement epoustouflant car ils arrivent à faire passer moult émotions par leurs regards, leurs gestes et cela sans jamais ouvrir une fois la bouche que ce soit quand ils sont tout les deux ou avec d'autres personnages . La deuxième partie du film est assez déroutante et un peu plus dure mais toute aussi bonne : arrestation des deux héros, corruption d'agent de police, attaque avec balles de golf ... Quand à la musique, elle est hypnotisante et la chanson indienne (je crois) que l'on entend pendant le film et qui sert de générique de fin est de même qualité . Finalement après le dénouement on se demande alors où se situe la frontière entre rêve et réalité . Plus qu'excellent, une perle ou alors un chef d'oeuvre, peut-être .
Le chef d'oeuvre de Kim Ki-Duk !
LE FILM à voir dans la l'oeuvre très inégale de ce prolifique réalisateur coréen. Loin des productions coréennes frimeuses qui cherchent à faire de l'ombre à Hollywood à coup de gros budgets et de scénarii rédigés sur des tickets de métro, KKD fait des films intimistes et humains qui ne laissent pas le spectateur indifférent. Et dans le cas présent j'ai adoré.
Une oeuvre majeure
Que dire de ce film si ce n'est qu'après un excellent Samaria, Kim Ki-Duk réalise là un sans faute envoutant et hypnotique. Musique sublime, acteurs parfaits, réalisation au poil, le réalisateur atteint des sommets et confirme son statut d'incontournable dans le cinéma coréen.
Kim Ki-Duk au sommet.
Kim Ki-Duk a déjà fait des bons films ("L'île", "Address Unknown", "Bad Guy", "Printemps, été..."), et sa filmo dans l'ensemble est plus que correcte, malgré quelques faux pas, essentiellement en début de carrière. C'est un des cinéastes coréens les plus doués de sa génération, ça on le sait aussi.
Mais je ne m'attendais pas à ça.
Car "Bin Jip" est, d'un point de vue strictement cinématographique, énorme. Kim Ki-Duk n'a pas volé son prix de la mise en scène au Festival de Venise.
C'est un film qui joue énormément sur la suggestivité ; on peut même parler de mimétisme à ce niveau. Je connais peu de réalisateurs qui sont arrivés à ce stade, et c'était des grands monsieurs du cinéma : Andrei Tarkovski ("Solaris", "Stalker") et Teshigahara Hiroshi (La femme des sables", "Le visage d'un autre"), par exemple.
Jean-Luc Godard avait dit un truc genre "Il y a le visible et l'invisible ; si vous ne filmez que le visible, c'est un téléfilm que vous faites". Ben à ce moment là, on peut considérer que "Bin Jip" est cinématographiquement l'un des films les plus aboutis de ces dernières années.
Le travail sur les expressions des deux acteurs principaux, leurs gestes et leurs regards, font qu'ils peuvent se passer de mots. On avait déjà vu des personnages semi-autistes dans les précédents films de Kim Ki-Duk (on pensera à "Bad Guy" notamment), mais la formule n'était pas aussi bien exploitée que dans "Bin Jip". Là on a atteint des sommets.
"Bin Jip", c'est montrer qu'il y a quelque chose au-delà des images, quelque chose d'imperceptible mais qui nous touche pourtant profondément.
Toute la magie du cinéma est contenue dans ce film.
A voir absolument.
Tres bon film
Ce film est plein de sentiments qui n'ont pas besoin d'etre dis pour etre compris. La mise en scene aussi bien que le jeu des acteurs est magnifique. Ce film commence par quelques touches humoristiques qui, petit a petit, laissent la place a un univers touchant et un peu angoissant. Le fait que les personnages ne parlent pas, ou presque, rend le film plus abordable; on a plus le temps de reflechir a leur condition, ce qu'ils ressentent, et ce qu'ils nous font ressentir. J'aime tout particulierement ce genre de film car on peut voir la vraie nature des personnages et le message que le realisateur (ici Kim Ki Duk) veut nous transmettre. De plus, les acteurs jouent tres bien leur role, comme s'il avait ete fait pour eux. Jae Hee joue ici un personnage qui est a la fois tres reserve et a la fois tres sur de lui. Reserve car il ne parle pas, est tres discret, sur de lui car il terrasse le mari violent pour emmener la belle et prend le risque (attention je spoile) d'habiter dans la meme maison qu'eux a la fin. Bref, je suis tombee amoureuse de ce film plein de finesse et d'elegance; je le recommande plus que vivement.
Un chef-d'oeuvre? oui...
Le voila, ce film que beaucoup considère comme état LE chef d'œuvre de Kim Ki Duk. Et c'est vrai que ce film est fantastique.
Les deux acteurs principaux ont un charme indéniable, surtout le jeune homme, au charisme affolant. Ils ne décochent pas un mot durant tout le film, et pourtant ils se parlent, par des gestes, des regards, des expressions, des postures... Les personnages secondaires sont en parfaites contradictions avec le jeune couple, ils s'énervent, parlent tout le temps, se mettent en colère, ils parlent en fait, c'est tout.
Le film prend une autre ampleur un peu plus tard. Quand? Aucune idée tellement j'étais transporté dans le film. Le dénouement nous partage entre rêve et réalité. "Personne n’a jamais su si la vie était rêve ou réalité". C'est par ces mots (a peu près) que se finit ce film. Et le dernier plan nous fait vraiment demander si tout n'était que rêve ou réalité.
En fait je ne sais pas trop quoi dire sur ce film, si ce n'est vous conseiller de le voir absolument.
Simple et créatif
J'ai vu ce film au festival de Toronto. C'était le meilleur que j'ai vu. Une histoire d'amour, des acteurs (excellents) quasi muets, des passages amusants et inventifs. Le genre de film qui vous emmène ailleurs et qui vous fait dire : pas besoin de beaucoup d'argent pour faire un film inoubliable, il suffit d'une poignée de bonnes idées. Je suis enfin convaincu par Kim-Ki-Duk, il a du talent.
Une fable à la frontière du réel et de l'imaginaire
Aucune parole pour le personnage principal, seulement deux répliques pour l'héroïne. Et malgré cela, ou même plutôt grâce à cela, Kim Ki-Duk arrive à nous transporter dans son univers.
Tout d'abord dans sa première partie, où le comique de situation est de rigueur. On se rend ici bien compte du magnifique charisme de Lee Hyeon-Gyun, personnage auquel on s'attache dès les premières scènes, malgré toute cette part de mystère qu'il cache. L'histoire se met en place peu à peu, après quelques coups de golf pour s'échauffer... Puis vient le tournant du film.
Le spectateur est alors promené de gauche à droite, au gré du réalisateur. On ne sait plus trop ce qu'il se passe, qui est encore présent, où sont les choses réelles, où sont les sentiments... C'est aussi la magnifique histoire d'amour d'un jeune homme qui veut disparaître aux yeux du monde mais pas aux yeux de son aimée...
Entre le récit poétique et la science-fiction, Kim Ki-Duk réussit un film tout en émotion, comme le magnifique Printemps, Eté, Automne, Hiver... et Printemps. Il récidive cette fois dans un autre contexte, où la signification, la magie et aussi le futur des personnages est laissé à l'imagination du spectateur. C'est à lui de s'infiltrer dans le film, discrètement, sans être vu, pour les comprendre sans les troubler... Vous avez dit pour aimer ce film ?
Tout est là
Toute la magie de Kim Ki Duk... Personnages très touchants, peu de paroles et beaucoup de charme. Tout est là pour passer un bon moment. Film à regarder pour les émotions qu'il transmet et non pour l'histoire en elle-même.
Les tableaux de l'actrice sur les murs sont magnifiques.
Quelques défaults mais un film attachant
Qui réussit à broder une trame légère autour de deux personnages muets, qui s'enfoncent plus loindans l'invisibilité. La montée en puissance de ces éléments permet au film d'aller crescendo et de progressivement faire oublier le manque de profondeur de certains passages, pour terminer de façon extrèmement émouvante.
Fantôme d'amour
Si,à l'instar d'un PRINTEMPS ETE..., LOCATAIRES se range volontiers dans la veine apaisée de la filmographie de Kim Ki-Duk,il reste particulièrement représentatif de la manière si personnelle et maintenant bien connue du réalisateur coréen.
Un squatter qui occupe les appartements temporairement inoccupés sans rien voler mais en y réparant les petits objets en panne,est surpris par une femme malheureuse en ménage et tuméfiée par les coups d'un mari possessif et jaloux.La love story va se développer au rythme des hasards heureux ou malheureux qui composent la vie de ce solitaire qui a choisi la liberté au lieu de la sécurité que lui permettait son niveau social.
Les deux protagonistes sont aussi mutiques que le fameux BAD GUY du même metteur en scène,alors que l'agitation est de mise autour de leurs agissements décalés.Tout passe entre eux par les regards,les attitudes du corps,sans qu'il soit besoin de prononcer un seul mot.
Contemplatif et violent,on retrouve cette dualité si typique du cinéaste,et même si l'on n'est pas dans la dénonciation toute en puissance d'un ADRESSE INCONNUE ou dans le lyrisme désespéré d'un SAMARIA,le scénario ménage des moments trés forts dans une ambiance plus feutrée qu'à l'ordinaire.La spirale de violence et de malchance qui encercle petit à petit nos héros amènera un dénouement proche du fantastique et de l'onirisme,seule échappatoire pour une histoire trop hors des normes.
D'une approche moins crue,plus policée,LOCATAIRES représente pour les néophytes une porte d'entrée plus accessible à l'univers du cinéaste que ne l'étaient ses précédents opus.Avec encore ces touches d'humour bienvenues qui caractérisent son cinéma,et un symbolisme suffisamment léger pour ne pas plomber complètement le propos.Et une intéressante vision du quotidien des couples tous différents "visités" par les deux amoureux.
Servi par un duo d'acteurs trés attachants et bien dirigés,LOCATAIRES est accompagné d'une musique moins marquante qu'à l'ordinaire,mais tout à fait dans l'orientation souhaitée.
Une belle romance à la photographie toujours aussi soignée et aux décors changeants qui nous baladent dans une Corée plutôt intime,ce film est tout cela,mais il ne se limite pas aux seuls clichés esthétisant.Le fond est primordial,et la richesse de la palette sentimentale qui se dévoile tout au long des 1H30 reste le point le plus passionnant d'une oeuvre totalement maîtrisée d'un cinéaste en pleine maturité.
L'insoutenable légèreté de l'être
Kim ki-duk poursuit son bonhomme de chemin de la maturité, en réalisant un long-métrage très éloigné de ses violentes décharges pas toujours subtiles du passé, tout en conservant ses principales thématiques. Nouveau portrait de deux personnes en marge du système, leur rapprochement se fait par une complicité silencieuse, une appréhension mutuelle uniquement basée sur leur présence.
Brossant un fin portrait, le cinéaste arrive une nouvelle fois à parfaitement décrire leur nature humaine par de simples faits et gestes.
Poursuivant également une philosophie bouddhiste après les très bibliques "Samaritan Girl" et "Printemps, Eté, ..." la seconde partie bascule dans une métaphore totalement invisible, mais parfaitement en phase avec le début du film. La conclusion finale donne d'ailleurs toutes les clés à la difficile appréhension de la seconde partie et rend une seconde vision indispensable et jouissive.
Gravant lentement, mais sûrement son nom au panthéon des plus grands réalisateurs coréens de l'Histoire du Cinéma de son pays, ki-duk gagne également une reconnaissance mondiale pleinement méritée.
Oui, un bon Kim Ki-Duk, mais...
Il reste en dessous du niveau que j'espérais, surtout quand on le replace parmi les autres films de Kim Ki-Duk. Malgré une histoire assez flottante, où le scénario se tisse doucement scènes par scènes à l'image des acteurs qui vont d'appartements en appartements, on ne s'ennuie pas une minute.
Au niveau technique, rien à dire. Chaque détail est travaillé, c'est apréciable de voir avec quelle méticulosité tous les plans s'enchaînent. Kim Ki-Duk nous montre une nouvelle fois quelques images symboliques assez marquantes, là où d'autres n'y verront qu'un réalisateur à "festival", pour ma part c'est le parfait envoutement !
Bref, pour moi "Bin Jib" est un bon film, mais que je ne conseillerais pas au grand public tout de même...
(d'un autre côté on verra bien comment le film va être accepté en France puisqu'il est programmé dans de nombreuses salles ce mois-ci)
Le golf, sport de réacs?
Le dernier film de Kim Ki-duk tendrait à apporter, si besoin était, une preuve supplémentaire à cette affirmation...
Jugez plutôt: un jeune et charmant désoeuvré passe ses nuits dans des maisons vides qu'il repère le jour en collant des prospectus sur les portes...
Dans l'une de ces résidences d'un soir, il tombe sur une belle jeune femme visiblement maltraitée par son mari, par ailleurs adepte de golf. Ni d'une ni deux, notre -futur- golfeur-justicier terrassera le malotru, assurément membre actif du medef coréen, et s'enfuiera sur sa grosse moto BM avec la donzelle pour de nouvelles aventures de sous-location sauvage.
Mmh. Ce Bin-jip est en fait un film qu'on aimerait aimer, dont certaines scènes sont franchement superbes (notamment certains plans de dissolution de nos deux locataires dans leur environnement temporaire, ou le retour de la jeune épousée sur les lieux du premier véritable flirt avec son kidnappeur de charme, après que celui-ci ait été jeté en prison pour un sombre malentendu cadavérique), mais les travers habituels de Kim Ki-Duk sont également bien présents, et ramènent constamment le film à des considérations bien terre-à-terre, à la moindre vélléité d'élévation ...
Ainsi, le réalisateur, parfois capable de véritables moments de grâce et d'une finesse certaine, tombe de temps à autre inexplicablement dans la facilité et l'incohérence, certains passages se révélant ainsi au mieux maladroits, au pire totalement ridicules...
Ces incohérences choqueraient moins dans des films à la prétention artistique moins évidente, mais paradoxalement la volonté esthétique et idéologique même de l'oeuvre les rend plus apparentes: ainsi des caricatures de personnages que sont le mari possessif, le flic vereux et autre photographe de mode, ainsi des symboles assenés au marteau (ou ici à la canne de golf, voire au fer à repasser), de la lourde "épitaphe" finale ou de toutes ces petites "coincidences" qui font tiquer le spectateur (étrange que tous les habitants des appartements "squattés" laissent gentiment un message sur leur répondeur expliquant bien précisément où ils sont, étrange que la balle de golf attachée à un arbre sur laquelle s'entraine notre jeune golfeur-justicier se détache pour tuer quelqu'un en traversant un pare-brise 50 mètres plus loin, la SEULE fois où le héros passe outre la volonté de sa compagne de cesser ce jeu stérile..., étr...etc)
Heureusement, la précision toute personnelle de la réalisation, la beauté simple du film et ses quelques moments de grâce permettent au spectateur de s'inviter jusqu'au bout dans les nouveaux appartements de l'hôte Ki-Duk, architecte de ce petit deux-pièces sympathique et bien éclairé, mais au standing inégal et à la déco parfois un peu toc.
On lui préfèrera une nuit paisible dans la somptueuse bicoque de Printemps, Ete... , ou plus agitée dans les barraques flottantes de l'Ile..