Pas exempt de facilités, mais de bien beaux moments
The Birdcage Inn a parfois la saveur d'un Bad Guy sans pourtant jamais convaincre pleinement. On ne retrouve pas la magie des grands Kim Ki-Duk, mais les ambitions du cinéaste sont déjà là, belles et bien présentes, à savoir modeler un univers jusque là très banal (ville maritime de Corée du sud) et le rendre inquiétant et totalement refermé sur lui-même par l'intermédiaire de décors étouffants (le Birdcage, les petites pièces où l'on fait l'amour, une terrasse où l'on y fait à la fois à manger et le bricolage), la seule forme de liberté est à mettre à l'actif des ballades en zodiac le temps d'une petite heure. L'eau obsédera une fois de plus Kim Ki-Duk pour ses prochains travaux (L'ile, Bad Guy, Printemps, Eté, Automne, Hiver... et Printemps, L'arc...) ce qui n'est pas une mauvaise chose quand on connaît la qualité de ses travaux. C'est dans le déroulement de ses contes et dans le rapport des causes à effet que Kim Ki-Duk arrive à convaincre, toujours par on ne sait quel procédé subtil à défaut d'être réaliste. Mais le réalisateur ne revendique pas le réalisme de ses oeuvres, pas même leur authenticité, il n'en a que faire. The Birdcage Inn est une chronique occasionnellement cruelle et surréaliste à l'image du cinéma de routine de Kim Ki-Duk, impliquant des protagonistes issus d'un milieu très modeste dans une descente aux enfers sexuelle afin de les confronter à leurs propres faiblesses (ici l'attirance sexuelle sur une jeune prostituée courageuse).
Mais si l'oeuvre de Kim Ki-Duk fonctionne par moments grâce à des retournements de situation malsains et à une frénésie sadique qui plait tant à ses fans (chaque erreur impliquera une ou plusieurs répercussions), à aucun moment la magie n'opère réellement, a contrario d'un Bad Guy admirable en tout point et traitant lui aussi de la condition de la femme en Corée et de la condition de la prostituée. Si le film est parfois porté par la grâce de ses personnages (admirable Lee Ji-Eun, redoutable Lee Hye-Eun), on ne ressent qu'à de trop rares moments de la compassion pour leur situation, leur condition sociale, car il y a toujours quelque chose de désagréable en eux. Et si le cinéaste expose le caractère primitif des hommes (l'appel du sexe est omniprésent, tout comme le voyeurisme), les femmes ne font qu'encaisser et manquent cruellement de rébellion. En fin de compte, The Birdcage inn est un brouillon des futurs travaux du cinéaste, souvent poétique et illuminé par un optimisme présent à petites doses, mais très souvent entaché par une écriture laissant trop de place aux facilités. Ceci dit, n'est-ce pas l'objectif d'un brouillon?
l'Auberge flotte puis tombe à l'eau
Si Birdcage Inn marque un progrés -c'est pas difficile- par rapport à son précédent nanar parisien, on est encore loin de la réussite non originale de l'Ile. Durant tout le début du film, l'unité de lieu réussit à faire éviter à Kim Ki Duk sa tendance au parachutage des relations. On y voit les coucheries, les tensions hommes/femmes, les frustrations d'un puceau, la jalousie d'une femme à l'égard de la clients prostituée des lieux, un plagiste dragueur. On se marre une fois de plus des outrages de Kim Ki Duk à la gente animale: après les maquereaux dans le précédent, c'est désormais un poisson rouge dont on se demande ce qu'il a fait au cinéaste. On s'amuse également de voir de façon incohérente certains éléments de Bad Guy qui paraissent ici gratuits: la peinture à la Schiele de la prostituée, les reflets, on y voit au travers d'un sac de poisson rouge, l'espionnage audio des coucheries annonce la thématique du spectateur voyeur. Tout ces petits croisements se font de façon fort sympathique jusqu'à une deuxième partie où Kim Ki Duk est regagné par ses démons: idylle parachutée entre la prostituée et supermacho, accession accidentelle vers la notoriété de l'ex-puceau et de la prostituée, la fille des tenanciers qui se prend d'affection pour la prostituée à qui elle manquait casser la gueule la veille, l'emprisonnement du tenancier et de la prostituée qui parait plus gros que dans Bad Guy car il n'y a pas la dramatisation et l'investissement intense des acteurs pour compenser. Certes, la situation décrite est vraie -ce type d'auberge existe en Corée- mais on ne peut en dire autant des relations entre les personnages. Malgré tout, si ce n'est pas un nanar, cela fait un ratage sympathique de plus à mettre au crédit de Kim Ki Duk. Toutes les obsessions sont là dans un désordre sans nom mais l'Ile sera ensuite le déclic pour passer du sympathiquement mauvais au cinéma.
Le pain quotidien...
Le film est assez déroutant, envoutant dans les premières minutes par sa photographie, lancinant par son absence de rythme et ses non-événements, avec un détachement et une mise à distance des personnages qui met en valeur l'intemporalité de cette histoire. A travers le sordide de l'histoire, la force du film est de nous laisser comprendre petit à petit que si les victimes existent, il n'existe nul coupable. Et je me suis laissé touché par ce plaidoyer pour la tolérance, sans qu'aucune fois cela ne devient racoleur ou sentimentaliste.
tres beau
et actrice heroine vraiment sublime,j'etais sous le charme pendant tout le film ça a peut-être erroné mon avis sur le film mais je l'ai trouvé vraiment tres beau
Voilà un autre film de Kim Ki-Duk qui m'a agréablement surpris par sa simplicité et sa profondeur. Ceux qui connaissent ses films, noteront au passage une fixation sur le thème récurent de la prostitution dans ses réalisations. Que ce soit dans The birdcage inn, bad guy (une sorte de prologue au précédent), L'île, Printemps, été, automne, hiver... (le thème est suggéré avec la fille facile qui a un enfant qu'elle vient abandonner au temple) ou bien dans le dernier film Samaria, traitant de la prostitution des adolescents pour se payer un voyage, l'auteur nous livre une vision dramatique et juste des relations humaines. Le constat est édifiant et montre à quel point l'être humain (en l'occurrence les femmes) souffre dans son rapport au monde, aux autres. Un écho aux pensées de Sartre qui disait "l'enfer, c'est les autres" et de sa compagne Simone de Beauvoir qui elle disait "on naît pas femme, on le devient". Le réalisateur s'amuse à montrer des contradictions du monde social hypocrite et "sauvage". Chacun pour soi et rien pour les autres. Ici, dans The birdcage Inn, l'auteur nous "conte" l'histoire de Jane, jeune et belle femme, qui arrive dans une petite famille qui tient un petit "hôtel", et se prostitue pour vivre et la faire vivre. La vision de l'auteur est critique et cruelle mais tout autant juste. Oui, le monde est lâche et hypocrite. La fille de la famille voue une haine farouche envers Jane, refusant de lui parler, de manger avec elle, de partager même le dentifrice. La relation est sous l'angle maître-animal dans ce cas. Paradoxalement, l'une a besoin de l'autre. Cela permet à Jane de vivre sous un toit et gagner de l'argent (que son ancien mac vient lui prendre en se faisant passer pour son frère) et à la famille de garder un toit et de manger à sa faim. Le décor est planté en bord de mer et nous rappelle étrangement celui de "L'île". La fuite possible pour les gens est la mer, ces ballades en bateau pour quitter cette "terre ferme". La première scène est assez explicite, avec Jane sur une chaise. L'enfermement, que rappelle le titre du film (L'intérieur de la cage d'oiseau, si on tranforme inn (auberge) en "inner" (intérieur)), est partout. Il symbolise cette fatalité des gens, emporté par le destin cruel, un effet boule de neige (voir la fin du film pour comprendre cette phrase) qui l'acceptent malgré tout. L'auteur, à l'instar de Bad Guy, montre combien le sentiment humain (l'amour) a perdu ce côté de douceur, qui s'obtient ou s'exprime par la force et la contrainte (physique et morale). Là, où on offre des fleurs, l'amoureux offre une orange. La fierté et la faiblesse ne faisant pas bon ménage, les personnages sont ambigus. Comme Jane qui souffre mais qui continue de faire ce qu'elle fait, tant que les autres prennent du plaisir et sont heureux. Oui, l'image de la prostituée est maternelle. Elle donne sans compter aux gens qui recherchent ce moment de bonheur, de tendresse, que la vie qui les rend tristes ne leur permet pas d'avoir, même si elle souffre. Une image qu'on pourrait nous renvoyer à celle de la mère dans "Visitor Q" de Miike Takashi, ou au film la "Reine Margot", avec ces deux répliques quand le petit garçon lui dit : "- Madame, votre robe est tâchée par le sang" et elle lui répond "- qu'importe si elle est tâchée, pourvu que j'ai le sourire sur le visage !". Oui, la figure de la prostitué se voit changer, reformuler en personne humaine, avec son histoire (voir la partie où la jeune fille pénètre dans sa chambre et regarde ses affaires) et son devenir, même s'il est sombre. Elle a des talents, des sentiments (la scène où la jeune fille lui rend le baladeur est poignante), mais on la considère comme personne "vide" (symbole du "trou", expression crue, mais qui parle d'elle même). Or, ces personnes ont beaucoup à apprendre au monde, car sensibles à la moindre petite chose (le tableau qu'elle traîne, le poisson rouge, etc, dans le film) qui montre cette dimension humaine en elle, mais que les gens ne voient pas, égoïstes et pervers.
Et si ce thème revient dans les films de Kim Di-huk, c'est qu'il a une raison, et ça, l'auteur a bien compris que pour mieux parler la vie, on ne doit pas passer par le bonheur mais par la souffrance "secrète", intérieur, pour prétendre comprendre l'âme humaine, et se remettre en question. C'est comme regarder une reportage sur les populations africaines affamées alors qu'on est à table avec du caviar, des plats qui se destinent à la poubelle. Alors, quand vous êtes heureux penser que d'autres ne le sont pas. Et le fait d'y penser même s'ils font minent de l'être (avec l'once de fierté qui leur reste), c'est déjà beaucoup. Un bonjour est déjà une forme de reconnaissance social, et vous savez tous comme moi, qu'on en souffre quand une personne passe à côté de vous sans rien dire. Vous savez ce que ressentent ces gens marginalisés ou un oiseau dans sa cage.
On est libre dans un loft !
Une petite parenthèse pour conclure en disant que l'auteur a visé juste, en dénonçant ce phénomène étrange. Des gens détestent d'autres gens mais qui leur permettent de vivre à leur aise. Oui, en France, la prostitution est passible de prison, mais l'état ne se gêne pas pour prélever des "impôts fessiers" sur cette misère humaine. À méditer.
les étranges univers de kim ki duk
ce film vient éclairer et supporter les personnages comme les univers de l'île et surtout de bad guy.
c'est une pièce du puzzle qui vient se rajouter et qui nous permet un peu plus d'entrevoir de quoi kim ki duk nous parle réellemnent...
certains thèmes reviennent, et on sent bien que ce n'est pas par simple gôut de provocation : les poissons, la côte, le dessin, egon schiele,les côtes de la corée,le désir et le sexe,la médiocrité, le désir de s'en sortir pour autre chose... tous ces choses qui semblent lui être très personnelles et qu'il partagent avec nous, simplement, en les mettant en scène, sous de multiples déclinaisons et que je retrouve avec plaisir. kim ki duk me fait à ce point penser à leiji matsumoto...
birdcage inn nous permet donc de rentrer un peu plus dans l'intimité du réalisateur où, kim ki duk, une fois de plus fait avec ce film un grand travail de direction d'acteurs à l'instar de bad guy. Le film m'amène entre poésie et réalité, pas très rose, comme d'habitude.
le personnage de la fille de l'auberge, pleine de rage et frustrationS contenue est une nouveauté puisque c'est le seul film de kim ki duk que j'ai vu où se développe une relation entre deux personnage féminins qui, par ailleurs, occupent toutes les deux le premier rôle. ce film est traversé d'une intensité qui résonne après la fin, et est un prélude à bad guy, qui sera lui, plus maitrisé, intensifié...
c'est aussi un prémisse à l'île...on commence à comprendre, les moteurs de spersonnages, ce qui habite kim ki-duk et qu'il nous transcrit dans ces univres flirtant toujours avec la réalité et ses univers et- démons personnels.
on sent une une grande implication dans l'écriture et les mises en scène...dans lesquels je me laisse emmener, avec plaisir, fascination, empathie parfois mais auquel je ne comprend pas tout, je ne fais pour l'instant qu'entrevoir, que saisir au vol...
je pense aussi que ce film est un film qui reste présent dans la mémoire et qui y viellit bien...
j'y reviendrai donc dans quelque temps!
Portrait de famille
Découvrir cette oeuvre ancienne de Kim Ki-Duk,aprés tant d'autres plus récentes et célébrées,est un réel plaisir de cinéphile.
On retrouve déjà ici tout ce qui fera l'univers de ce cinéaste passionnant.
A savoir,l'omniprésence de l'élément aquatique,les moments contemplatifs succédant à une violence brutale,la cruauté envers les animaux et surtout les poissons,les décors urbains moches d'ou nait une poésie mélancolique voire morbide,la prostitution et les relations sexuelles brutales,l'humour par petites touches,et aussi les blessures à l'oeil !
Sans oublier la beauté terrassante des héroines principales,toutes de fragilité apparente et de force intérieure.
Là,cette histoire de jeune prostituée vivant dans une famille "d'accueil" misérable,et prise en grippe par la fille qui ne supporte plus sa condition,fait déjà penser au futur et remarquable BAD GUY.Mais si l'intrigue,toujours morcellée chez le cinésate,est intéressante,elle n'est jamais non plus passionnante.
Ce petit budget ou la caméra se promène au plus prés des protagonistes et des évènements,manque en fait de maîtrise,les éléments sont tous là, mais l'ensemble manque de liant,et tient moins bien la distance que ses oeuvres futures.
Cela n'empêche pas un sens du plan époustouflant,comme les deux filles à la fenêtre de la maison sur la plage,ou une vraie direction d'acteurs et une mise en scène remarquable,voir la scène ou les deux filles se suivent mutuellement et successivement pour finir par se rapprocher,au propre comme au figuré.
Car la conclusion s'avère relativement optimiste,même si cet univers n'évoquera bien sûr jamais la franche rigolade.
Ce portrait de femme,doublé de celui d'une famille,bénéficie d'une distribution excellente,ou la magnifique Lee Ji-Eun se révèle souvent touchante.
Sans jouer la carte du misérabilisme social,Kim Ki-Duk nous offre un film profond et esthétiquement soigné qui annonce bien des merveilles à venir.
Personnages touchants
Biensur, je ne peux qu'aimer puisque c'est du Kim Ki Duk!
Même si j'ai trouvé difficile de s'identifier aux personnages, le film est plutôt agréable à regarder et la morale intéressante.
Passage préféré: au bord de la mer, les pieds dans l'eau, assise sur une chaise.