Ordell Robbie | 3 | Trouve ses limites et son charme dans un mélange des genres en roue libre. |
Xavier Chanoine | 1.5 | Esthétique travaillée pour un résultat encore grossier |
Les grossièretés inimaginables se passeraient presque toutes de commentaire, comme les quelques apparitions d'un sabreur cul nu refoulant, d'un sabreur benêt nommé face de moutarde, un serviteur bossu (nécrophile?) toujours interprété par l'affligeant Hijikata Tatsumi, ou les quelques excès de folie d'un membre du clan Tachibana insultant la caméra. Un programme plutôt navrant tant ils plombent l'entreprise toutes les minutes. Cette entreprise avait pourtant un certain potentiel, personne ne peut nier les qualités artistiques d'un Ishii en bonne forme sur un tel projet : alternance de mise en scène, audaces formelles parfois brillantes impliquant jeux de lumière travaillé et scène de théâtre surréaliste (l'homme faisant cuir des pauvres enfants dans une marmite, les corps nus simulant des automates) et quelques relents moyennement digestes de séquences quasi pompées sur L'Effrayant docteur Hijikata mais qui fonctionnent ici étrangement mieux. Ceci dit, cette forme estimable ne cache pas les faiblesses d'un scénario trop convenu -et confus- et cette absence totale de direction d'acteurs : Kaji Meiko est sous-employée comme rarement (alors qu'elle reste honorable dans Wandering Ginza Butterfly pourtant pas fameux), la sabreuse aveugle lui volant ainsi la vedette sans trop de soucis, et l'ensemble du casting cabotine méchant. Les hurlements du fond de gorge et les "bakairo" semblent aussi rendre hommage aux films de samouraïs, mais se vautrent là aussi par leur surenchère et leur exagération plus que théâtrale. On aurait pu compter sur un final dantesque pour se remettre d'un tel gâchis, mais là aussi il faudra repasser : l'avant-dernier combat d'une violence graphique notable éclipse la nullité du duel entre Akemi et la sabreuse aveugle, heureusement sauvé par une morale pleine de sens -enfin- digne d'un bon film de samouraï humaniste, sous la troisième courte chanson de Kaji Meiko que l'on retrouvera avec plus de grâce et de charisme dans les années à venir.