Passages dark quasi poétiques, mais un ensemble trop terne
La structure de
A Blue Automobile repose sur son approche particulière de l'amour et de ses conséquences, même les plus terribles. Trois personnages, un lieu commun, trois destins différents mais trois rapprochements intenses bravant les interdits jusque là imposés par les valeurs japonaises, mais l'oeuvre est ici moderne et n'a que faire des clichés. Richio est un vendeur de vinyles la journée et un DJ le soir, perturbé par un handicape au niveau de l'oeil, lui imposant de porter des lunettes pour ne pas croiser les regards moqueurs. Akemi l'aime, mais ils ne vivent pas ensembles. Sa soeur, Konomi, est une jeune étudiante qui n'apprécie visiblement pas ce qu'elle fait mais elle ne peut rien y faire. Elle éprouve des sentiments pour Richio et ne tarde pas à lui montrer rapidement sans que sa soeur ne le sache. Richio, perturbé et irresponsable, se scarifie le soir lorsque le doute s'installe. Sur les bases d’un scénario sans grandes surprises, Hiroshi Okuhara laisse entre-échapper le revèrs d'une double liaison et des conséquences que cela peut avoir, dans un contexte qui n'est guère favorable au bon choix de coeur. Konomi (Miyazaki Aoi) est consciente du tord qu'elle fait inconsciemment à sa soeur puisque le cinéaste la met souvent face à ses propres actes en la faisant s'excuser lorsqu'elle tente de faire le premier pas. Pourtant, dans le contexte, rien n'évoque l'attachement de Konomi pour Richio, tout juste une brève rencontre timide dans une librairie, et cinq minutes plus tard c'est le baiser. On sent donc que le cinéaste ne maîtrise pas totalement son sujet, adaptation live du manga de Yoshimoto Yoshitomo à sa propre sauce, projet déservit par un manque de rythme flagrant.
Pourtant, si il y a bien un facteur que l'on trouve réussi, c'est sa mise en forme. Et A Blue Automobile fait au départ plutôt peur puisque l'on retrouve ses éternelles teintes grisâtres que l'on doit à tout bon film d'auteur japonais contemporain, moderne à la fois dans ses propos et son contexte (il est encore question de suicide) à croire que le mal ne fait qu'empirer au fil des années. Et dans l'ensemble, les séquences les plus sombres sont soignées, les scarifications de Richio font mal, le climax perd en consistance ce qu'il gagne en froideur totale et assumée par une suppression nette du score Electro/Rock, le silence n'étant que la meilleure arme pour favoriser le malaise. Que dire aussi de la séquence d'accident de voiture, probablement la plus belle mais aussi la plus triste du film car parfaitement mise en scène par l'utilisation de plans fixes silencieux et d'un montage qui donne la part belle à la pudeur. Le spectateur, atterré, se retrouve face à cet accident et le coeur brisé, ne sait comment réagir. Hélas, Hiroshi Okuhara retombe dans les travers du cliché (le plan suivant l'accident est la logique scène d'enterrement) et semble ne plus prendre de risque quant à la suite des évènements. Cette irrégularité de ton, on y avait déjà droit quelques minutes auparavant avec la tentative d'enlèvement d'enfant par un transsexuel, scène et propos juste hors contexte et bien mal négociés. Doit-on en rire (comme ses interprètes) ou s'en affliger? Dommage aussi que les quelques étranges séquences avec l'oie ou les visions glauques de pendaison ne soient pas plus développées. A Blue Automobile fonctionne donc souvent en 1ère et ne passe véritablement la 2nd lorsque Miyazaki Aoi fait montre de son talent intrinsèque, à -hélas de trop rares reprises. Si la mélancolie qu'elle dégage est louable, il y a erreur de casting à ce niveau, son personnage n'étant pas fait pour elle surtout lorsqu'elle lance un impersonnel "faisons l'amour" à Richio. Au final, les quelques errements et les jolis moments de silence ne masquent pas un scénario manquant d'épaisseur et des ambitions formelles revues à la baisse malgré quelques rares sursauts bienvenus.
Insipide...
Voilà un film pavé de bonnes intentions et de bonnes références cinématographiques, mais qui souffre terriblement d'un manque de personnalité. La froideur faussement désabusée du personnage principal est à l'image du film nous dirrigeant inévitablement vers un insipe ennui.
A noter, pour les fans du beau regard triste d'Aoi Miyazaki, on y préfèrera Loved gun et surtout, le merveilleux SU-KI-DA.
Atmosphère pesante... longue trame sociale...
J'ai vu "Aoi Kuruma" dans un petit cinéma de Shibuya en VO pure, j'ai donc vu ce film dans une ambiance particulière mais j'ai eu pas mal de problèmes à comprendre certains passages.
Au final, j'ai plus aprécié les conditions dans lesquelles je l'ai vu plus que le film lui-même. Il faudrait que je le revoie pour me refaire une idée plus précise.