Le premier Naruse, une bonne satire sociale
Bon courage, larbin ! est le premier film sauvegardé de Naruse, réalisateur phare de l’Age d’Or du cinéma nippon (années 50) mais moins connu en France qu’Ozu, Mizoguchi ou Kurosawa. Il s’agit d’un moyen métrage (38mn), mais qui en dit long sur le Japon de la première moitié du siècle. L’ambition n’est autre que de provoquer l’hilarité, selon un canevas simpliste et presque absurde : extraire de la société japonaise quelques traits caractéristiques et en rendre compte de façon caricaturale. Episode révélateur : la rivalité entre agents d’assurance est désamorcée par l’incursion du ludique ; pour en découdre, les deux employés en viennent aux poings, mais sermonnés par leur cliente, ils déguerpissent la tête basse et vont se confronter à saute-moutons avec les enfants.
Le film est influencé par le style des films américains de l’époque, porté ici à son apogée grâce à une mise en scène hystérique qui met notamment en valeur les enfants et la codification de leurs jeux souvent incompréhensibles pour les adultes. Il se veut une satire sociale très ancrée dans son temps et y parvient, mais parfois au prix d’un optimisme trop appuyé (l’accident du gamin est à peine inquiétant) et d’un scénario trop convenu.