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Bonjour
les avis de Cinemasie
5 critiques: 4.45/5
vos avis
21 critiques: 4.02/5
Petites histoires de voisinage futiles et innocentes.
Rien de spectaculaire dans ce film. Ce n'est vraiment pas l'action qui est au coeur de cette production. Le contenu est en fait purement descriptif. Au travers de quelques affaires de commérage et le comportement capricieux des deux garçons, le réalisateur nous offre un instantané de la société de la fin des années 50. L'arrivée de l'électroménager et surtout de la télévision annoncent les prémisses de la société de consommation telle que'on la connaît de nos jours.
Ce qui est assez amusant ou plutôt intéressant de remarquer, c'est que, mis à part l'architecture des maisonnettes, toutes ces situations pourraient tout à fait se rencontrer en Europe ou même aux États-Unis. Comme quoi l'homme a bien toujours les mêmes réactions et besoins quelques soient les cultures.
Pet de génie
Cet Ozu-là tire son caractère atypique d'etre une pure comédie là où meme lorsqu'on rit dans le reste de sa filmographie couleur la mélancolie n'est jamais loin. Et surtout de son humour plus proche de celui des comédies à succès nipponnes de l'époque que de la subtilité ou du burlesque classique habituel chez Ozu: le principal ressort humoristique du film (pas finaud mais jamais navrant) passe par la pétomanie de certains de ses personnages. Elément plaisant parce que humanisant Ozu, le rapprochant du peuple qu'il évoque dans ses films en cassant son image d'artiste austère que les critiques sanctificateurs lui ont collé. Reste que Ozu réussit aussi très bien la dimension de commentaire social. L'annexe est évidemment ici très intéréssant: les observations sur les commérages de voisinage, sur la méfiance vis à vis des voisins occidentalisés, l'apprentissage et l'usage de l'anglais par les gamins amenant quelques moments comiques, le regard des enfants sur le monde des adultes, la télévision symbole de la société de consommation des fifties désirée par les jeunes générations.
On retrouve avec plaisir le talent de directeur d'acteurs enfants déjà entrevu dans la période muette du cinéaste. Et la Ozu's touch maitrisée sur une durée assez courte à une échelle Ozu période parlante, durée évitant le trop de prolifération de plans longs légèrement trop longs; néanmoins, le film aurait peut etre gagné à avoir un rythme un petit peu plus alerte qui aurait accru son efficacité comique. Reste qu'il s'agit d'un Ozu atypique, très accessible qui pourrait casser quelques clichés sur le cinéaste présents chez les réfractaires à son style. Et aussi d'un film prouvant que Kitano n'était pas le premier grand cinéaste japonais à aimer la poésie et les gags scatologiques.
Une chronique adorable.
Avant de commencer j'en profite pour signaler aux parisiens de souche ou parisiens de passage que le cinéma Mk2 de Hautefeuille à Paris (Métro St-Michel) diffuse depuis quelques temps un cycle consacré à Ozu, retraçant quelques uns de ses meilleurs films ( Gosses de Tokyo, Il était un père, ...) avec une séance pratiquement tous les jours. N'hésitez donc pas.
Ca y est je m'en souviens. C'était il y a quelques années sur Arte en prime time. Je me souvenais de ces gosses capricieux, de ces intérieurs tout petits formidablement filmés, de cet homme saoul se trompant de maison...oui c'était bien Bonjour de Ozu Yasujiro, une chronique sociale formidable, emprunte d'une énergie et d'une joie de vivre qu'il est bon de voir, de sentir. N'allez pas chercher plus loin que la simplicité et le regard d'Ozu porté sur cette famille bien portante, ce dernier prenant le temps d'épier chaque conversation et chaque commérage par le biais de sa caméra, tout en retenue et en délicatesse. Les plans sont comme à l'accoutumer chez le cinéaste, fixes et très strictes laissant peu de place aux protagonistes pour s'exprimer dans un seul même plan. Une technique efficace puisqu'elle permet de s'intéresser à chaque personnage de l'histoire, et rendre ainsi les séquences de dialogues pêchus et vivantes. On est loin de l'intro de Kagemusha de Kurosawa avec son plan fixe sans coupe de 10 grosses minutes.
Au niveau de la trame, pas grand chose à dire dans la mesure où il n'y en a pas. On suit simplement le quotidien d'une famille qui refuse d'évoluer malgré leur situation plus qu'honnête. Une situation que ne supportent plus les deux enfants, absolument adorables et criants de naturel, poussés à se taire pendant plusieurs jours suite à la colère de leur père refusant de leur acheter une télé. Les deux gosses passaient en effet leur temps devant la télé de leur voisine, à regarder des matchs de sumo au lieu de faire leur devoir d'anglais. En récapitulant, les enfants ont décidé de se taire jusqu'à nouvel ordre, tout ça pour avoir une télévision. Un drôle de paradoxe puisqu'ils coupent alors toute forme de communication pour avoir en retour le plus pur objet de communication existant sur Terre à l'époque, avec la radio. Parait-il que cet objet en question rend bête, Ozu avançait déjà cette théorie à l'époque, ce qui est un poil avant-gardiste quand on sait que la télé est finalement un objet de communication à double tranchant puisque chacun est libre de véhiculer ses idées, qu'elles soient bonnes ou mauvaises par le biais de l'image.
Mais cette dénonciation ne prend pas beaucoup de place comparé au ton volontairement comique que prend l'oeuvre, exagérant à peu près toutes les formes de comique possibles, avec son lot de pétomanes, de personnages ivres et de commérages qui prennent une ampleur pas possible. Saluons pour cela la formidable interprétation, en particulier les deux frères dont le plus jeune n'a pas finit de nous faire éclater de rire grâce à sa bonne bouille et ses mimiques franchement adorables. Vraiment, il n'y a rien à reprocher à Bonjour si ce n'est ses logiques petites baisses de rythme, difficile en effet de tenir en haleine le spectateur peu patient face aux potins que se racontent des femmes au foyer. Il y a dans Bonjour tout ce que dont peut raffoler l'amateur de cinéma japonais classique. Les portraits de femmes sont aussi riches et denses que ceux des hommes, il n'y a pas de préférences quelconque même si le récit s'axe d'avantage sur les enfants. Pour finir, parlons un peu de cette mise en scène très riche, beaucoup plus que l'on ne pense. En effet, les décors ont beau être très classiques (intérieurs de petites bicoques), ils n'en demeurent pas moins très détaillés (surtout au niveau des couleurs) leur donnant presque un aspect labyrinthique; de plus la caméra se place à tellement d'endroits différents qu'elle donne l'impression de sans cesse renouveler le décor alors que tout ceci n'est qu'illusion, pas étonnant quand on sait que Ozu est l'un des maîtres en la matière.
Un film drôle, moderne et emmené par deux gamins formidables.
Esthétique : 4/5 - Ce qui étonne le plus, c'est cette formidable palette de couleurs. Vraiment. Musique : 3/5 - Très peu présente, juste là quand il faut soutenir les moments comiques. Interprétation : 4.5/5 - Interprétation de grande classe, pleine de vie. Mention pour les gamins. Scénario : 4/5 - Chronique intelligente et intéressante sur le progrès au sein d'une famille banale.
Délicieux quotidien
Un film qui raconte le quotidien, avec ses petites joies et ses petites peines. C'est léger, tendre et drôle. L'oeuvre évoque un Japon en prise avec la modernité, en plein bouleversement culturel. Un beau film!
Bonjour tristesse !
Se rapprochant singulièrement de sa comédie antérieure très critiquée, "Récit d'un propriétaire", "Bonjour" pourrait autant signifier le prolongement du premier film, qu'une version "mirroir".
Si "Récit..." se caractérisait par une forme optimiste, voire utopique de la co-habitation dans l'immédiate après-guerre, la petite communauté s'est ici totalement reconstruite, mais a perdu en humanité. Les gens ne vivent plus dans des bâtiments en ruines ou rudimentaires, mais ont acquis un certain standard de luxure : des maisons pavillonnaires interchangeables avec tout le confort. Du coup, les personnages ont également perdu en humanité : ils vont et viennent entre leurs maisons, se mêlent des affaires qui ne les regardent pas et sur-dramatisent le moindre petit événement, alors que dans le premier, les uns aidaient les autres et témoignaient d'un profond respect.
Oeuvre acide, Ozu s'attaque avant tout au problème de la communication : les paroles échangées sont soit des banalités, soit des commérages méprisants; le silence des enfants relève encore d'avantage l'absurdité des paroles des adultes. Le plus terrible est le but du refus de communiquer ; les enfants cherchent à obtenir une télé, assassin par excellence de la communication. Ils finiront par gagner "la lutte" et d'obtenir ce qu'ils réclament : une télévision, où le moyen de se taire et de s'abreuver d'une autre forme de commérage à travers des images conditionnées, formatées et souvent sans aucun intérêt. Finalement entre choisir entre l'imaginaire (des commérages supposés) et le pré-digéré (ce que l'on veut bien montrer à la télévision), Ozu a tranché et réalise par là une oeuvre désespérée par rapport à un progrès qui l'indispose.
Paradoxalement, le public a accueilli bien mieux cette énorme farce satirique que son pamphlet poétique qu'était "Récit..."; comme quoi, nous sommes bien conditionnés...
Une oeuvre touchante et intéressante tant historiquement que socialement.
Réduire le film d'Ozu à une simple chronique de village serait en effet réduire la portée de l'oeuvre. Marquée socialement et historiquement, c'est tout un regard sur la société japonaise de l'époque qu'elle nous communique. On pense un peu à Nastume Soseki pour cet oeil empreint d'un cynisme bon enfant et ces touches d'humour légères et bien senties. Si le contexte historique n'est plus le même (il y a bien 50 ans de différences entre les deux artistes quand même), il est amusant de voir que la situation n'a que peu évolué. Les relations hommes/femmes et parents/enfants sont effet les mêmes, le poids de la tradition toujours aussi important, et le regard porté sur la modernité et ses conséquences est tout aussi intéressant.
L'ensemble du film est construit sur cette relation aux autres, basées finalement sur de plus petits détails qu'on ne pourrait le croire (le bonjour dont il est question entre autre) et s'achève sur une scène hilarante (et révélatrice) entre le professeur traducteur et la femme de ses rêves. Un film très frais, au charme désuet qui n'enlève rien à l'intérêt qu'on peut trouver, au contraire même, à voir comme un témoignage d'une époque.
Modernité et Retenue
Ce qu'il y a de magnifique chez Ozu, en plus du reste, c'est sa grandeur à ne jamais vraiment juger ses personnages, et donc, ceux qu'ils représentent. Comme dans quelques uns de ses films, on y retrouvent, entre autres, une opposition de générations, symbolisé ici par la télévision et les peurs qu'elle annoncent chez les plus anciens, et la fascination des plus jeunes. SPOILER Et, malgré les discours sur le fait qu'elle rendrait idiot, les remontrances strictes des parents, ceux-ci finissent par céder, avec bienveillance. FIN du SPOILER. Le film ne se limite pas non plus à cette "intrigue", et explore également les relations de voisinages et de réputation chez les adultes d'un même quartier. Les rumeurs, les petites jalousies et les vraies-fausses manigances qui n'ont que peu de conséquences, si ce n'est une oppression sourde du quotidien. Il traite aussi et surtout, avec ces deux thèmes, de la condition d'une classe sociale moyenne profitant de l'économie japonaise en plein boom, éprise de consommation et connaissant déjà ses premières désillusions d'une vie dédiée au travail. Dans une légèreté qu'il parsème d'humour, Ozu traite donc d'un sujet moderne, subtilement, comme une histoire drôle à double fond.
Un excellent moment
Ozu signe ici une petite comédie touchante sur la société japonaise, l'enfance et les rumeurs. Le tout est un petit bonheur, contemplatif mais jamais ennuyeux, magnifiquement cadré dans de petit espaces carrés, on pense pas mal à Jacques Tati pour l'ambiance du film. Le plus petit enfant est vraiment touchant et très drôle. Une bonne comédie, d'un autre âge et d'une autre culture.
Un OZU un peu à part...
"Bonjour" est assez différent des autres films d'Ozu que j'ai vus : "Le Goût du Sake", "Fin d'Automne" et "Fleur d'Equinoxe". Ne serait-ce déjà que par son scénario (qui est orienté vers une histoire d'enfants et de comérage de voisines alors qu'habituellement il s'agit d'une histoire de mariage), mais aussi par le lieu de tournage et les décors, ainsi que le casting qui est moins "familial" (on retrouve tout de même de nombreuses têtes connues rassurez-vous). Le fait que OZU ait réalisé lui-même le remake de son propre muet est aussi un élément à prendre en compte quand on compare ce film aux autres.
Sinon, personellement, j'ai sourri quelques fois avec les deux enfants boudeurs. J'ai aussi rigolé par moment avec les ragots quotidiens entre voisines, et lorsque les adultes parlent du beau temps, mais ça s'arrête là hélas. "Bonjour" est un léger divertissement, correct, mais que je trouve trop moyen dans l'ensemble. Lorsqu'on creuse un peu plus que l'ambiance décrite des années 50, on se rend compte que le scénario est bien creux finalement. J'attendais aussi du réalisateur-scénariste plus de finesse et de réflexion par ailleurs, j'ai du passer à côté peut-être...
Une Bouffée d'air pur
Bonjour un très bon ozu qui se laisse regarder agréablement . Dans ce film Ozu montre par lintermédiaire de différentes familles voisines, qui sous leur aspect souriant cachent des personnalités peu reluisantes, les travers de ces concitoyens : hypocrisies, médisances, ragots ... Les acteurs sont bons surtout les deux frères qui nous communiquent leur énergie palpable . Un petit bijou .