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3.49/5
Le Petit Garçon
les avis de Cinemasie
2 critiques: 3.62/5
vos avis
8 critiques: 3.88/5
Enfant Sauvage
Alors que l'année précédente La Pendaison marquait par sa théatralité et le Journal d'un voleur de Shinjuku par son caractère éclaté, Oshima continue avec Le Petit Garçon une filmographie sixties faite de contrepied permanent de ce qui l'a précédé. A l'instar de La Pendaison et de L'Empire des sens, Oshima choisit ici comme point de départ narratif un faits divers réel ayant défrayé la chronique au Japon. Le plus souvent, le film est marqué par un naturalisme, une sobriété formelle et un refus du pathos qui ne sont pas sans évoquer le premier essai d'Oshima à la Shochiku Street of love and hope. A l'instar de ce film-là, l'économie d'effets ne fait pas totalement son effet et a tendance à tirer le film vers une distance trop grande à son sujet. Les quelques rares audaces formelles ne fonctionnent pas toujours à l'instar des filtres chromatiques sur certaines scènes tandis que quelques autres frappent -spoiler l'usage de suite d'images arrêtées en fin de film pour accélérer le récit en en enlevant le superflu du récit du destin judiciaire du couple fin spoiler-. Il y avait pourtant le potentiel pour faire un film à la fois fidèle à la force polémique du cinéma d'Oshima et tout aussi universel dans sa force émotionnelle qu'un Les 400 coups ou un Voleur de Bicyclette. Ce genre d'universalité, le film la trouve néanmoins à plusieurs reprises, surtout lors des rêveries du gamin s'évadant dans un univers de science fiction.
La force polémique du film se situe dans la peinture d'une famille japonaise à l'opposé du cliché de la famille japonaise modèle des années du miracle économique, stéréotype que le Japon souhaitait renvoyer à l'extérieur: il est ici question de survie dans un environnement difficile, de parents marginaux n'hésitant pas à rendre un gamin complice de leurs petites magouilles pour survivre et de vie à trois tout sauf idyllique. Comme la voix off de fin nous le rappelle, il s'agit d'un de ces destins si ordinaires mais chaotiques, un destin où la survie prime sur la morale souvent vus dans le cinéma japonais des années 60. Mais Oshima dépeint aussi le moment où la survie au jour le jour ne suffit plus, où le désir de convertir ces petits larcins en existence rangée commence à pointer le bout de son nez. Attendu mais là encore emblématique d'une époque où ceux qui ont survécu en transigeant avec les principes ont pu tenter de rentrer dans le rang. C'est là que les rêveries du gamin et le récit réaliste finissent par se rejoindre: il est dans les deux cas question de réalité des apparences -figures crapuleuses vues de la une d'un journal mais en fait produits d'une époque, une SF aussi réelle pour le gamin que son existence difficile-. spoiler Et sur la fin ce gamin ordinaire placé dans des circonstances dures ne "balance" pas ses parents comme si -malgré une ambiguité maintenue sur son caractère de complice consentant ou pas- il ne voyait pas de perspective autre pour lui que ce qu'il a vécu. fin spoiler
Très apprécié au Japon et constituant un des films les plus accessibles du cinéaste, Le Petit Garçon témoigne d'un moment où Oshima n'hésitait pas à se chercher dans des directions radicalement opposées. Il se trouvera par la suite en devenant un de ces "maîtres japonais" chéris des festivaliers et cinéphiles occidentaux sans que la teneur polémique de son travail en soit affectée. Ce qui n'empêche pas son cinéma d'avoir eu une adolescence stimulante.
un trésor (trop) caché
Bien avant la reconnaissance internationale de L'Empire des Sens, Oshima nous livre avec ce film un véritable chef-d'oeuvre (ce n'est pas le premier et ne sera évidement pas le dernier).
Partant comme à son habitude d'un fait divers afin de coller au plus prêt à l'actualité du Japon, et d'en montrer toutes les contradictions, il nous raconte cette fois-ci l'histoire d'une famille apparement banale, mais qui pour subvenir à ses besoins procède à un chantage un peu particulier : l'un de leurs deux enfants, "le petit garçon" du titre, doit faire semblant d'être heurté par une voiture en marche, le conducteur alors pris à parti par l'un des parents et sommé de payer pour éviter des poursuites. En perpétuel mouvement, la famille traversera ainsi le Japon, éprouvant les limites de ce petit "état prison", en tout cas vécu comme tel par le jeune protagoniste.
Direction d'acteurs exceptionnelle, cadrages effrayants de précision (les personnages y sont véritablement prisonniers), montage au cordeau... tout est là pour laisser l'impression d'un étrange maniérisme sec, très froid, très dur et d'autant plus bouleversant.
Que dire de plus sinon ce qui est indicible? Quand j'ai découvert ce film le choc a été terrible, dévastateur... je n'avais jamais vu ça.
Mais à la jubilation a succédé l'incompréhension :
comment un tel film, et qui plus est d'un réalisateur mondialement connu et reconnu, peut-il rester dans le purgatoire des invisibles (évidemment ici on est loin du consensus mou qui célèbre n'importe qui se dit, et se montre surtout, auteur, cf WongAlmodovonTriericaPark et compagnie, gloires du cinéma bourgeois pour le public des sorties culturelles, les "gros pleins d'être" comme dirait Eustache...)
Alors, messieurs les distributeurs, un petit geste, histoire de remettre les choses à leur place.
Et au moins une sortie dvd, par pitié !!!