Un ticket pour deux
L'excitation de découvrir "Brother Wang and brother Liu on the road in Taiwan" équivaut au moins celle de bientôt pouvoir visionner "White shadow"…sauf qu'au lieu de Hitchcock, c'est Lee Hsing (ou Li Hsing ou Li Xing) que l'on découvre faire ses premiers pas en tant qu'assistant / coréalisateur du dytique (avec Fang Zhen et Tien Feng). Lee, qui va "inventer" le genre du "Healthy Realism" avec "Beautiful Duckling" et "My silent wife", qui a fait les beaux jours du cinéma taïwanais durant les années 1960s. Lee, qui va finalement réussir à sortir de l'ombre de son célèbre mentor Tang Shao-hua pour être surnommé "le parrain du cinéma taïwanais" en accumulant les prix, dont les trois "Golden Horse" consécutifs pour "He never gives up", "The story of a small town" et "Good morning Taipei" à al fin des années 1970. Lee, qui a tourné son dernier film, "la fresque historique "The heroic pioneers" à l'âge de 56 ans en 1986, mais qui est toujours resté actif dans le monde de l'art, en mettant notamment en scène, à l'âge de 81 ans, "Summer Snow" en 2010 au Théâtre National de Taipei. Un très grand réalisateur, qu'un festival ou une Cinémathèque aura peut-être la bonne idée de faire redécouvrir à l'occasion pour rendre justice à son talent.
La déception est donc à la hauteur des espoirs fondés dans la découverte des deux films; d'autant plus que la série en neuf épisodes des "Brother Wang and brother Liu" compte parmi les franchises les plus populaires du pays et est même dite la toute première vraie comédie, qui avait enchaîné les mélodrames jusque-là !!!
Les Frères Wang et Liu du titre sont donc deux comparses inséparables, l'un petit et maigrichon, l'autre grand et très costaud, calqués sur le modèle des américains (Stan) Laurel et (Oliver) Hardy de la belle époque de la comédie américaine…mais la comparaison s'arrêtera là. A l'image de ce duo très, très, très loin du génie comique de leur modèle, tout semble n'être qu'ébauche d'idées sans jamais aller au bout: aucun (et je dis AUCUN) "gag" n'est abouti, à l'instar de cette scène où un personnage lance une peau de banane sur laquelle personne ne va jamais glisser…Le gag serait donc le fait de lancer une peau de banane par terre ? Ou à nos deux compères de se tromper de porte et de prendre un bain du côté des femmes…Ils batifolent et s'aspergent d'eau pendant cinq bonnes minutes avant d'entendre des voix de femmes et de paniquer…fondu au noir !!! Un parfait cas d'étude pour celui, qui voudra comparer les approches humoristiques dans les comédies asiatiques à travers le temps, mais deux films que je ne conseillerai à personne…sauf peut-être pour apercevoir quelques plans d'extérieurs de Taipei, Beitou, Kaohsiung, Chiayi, Tainan, etc, etc de l'époque préindustrielle.
Ce premier épisode permet donc d'introduire nos deux comparses à travers une série de vignettes tout sauf passionnantes, puis de leur faire commencer leur tour de Taiwan, après que Wang achète un ticket de loto gagnant et que Liu est dit n'avoir plus que 44 jours à vivre. Ce n'est donc qu'au bout d'une longue première partie pénible, que les deux comparses se mettent en route, ce qui nous vaut quelques jolis plans d'extérieur du verdoyant Taiwan de l'époque, sans qu'il ne se passe rien de bien folichon.
Le pompon est quand même atteint, lorsque l'action s'interrompt brutalement en plein milieu d'une course-poursuite mollassonne. Les deux héros s'adressent alors directement à leurs spectateurs pour les inciter à découvrir la suite de leurs aventures dans le second épisode, qui était sorti dans la foulée du premier (le premier épisode avait été trop long pour être exploité convenablement dans les cinémas de l'époque, les bobines ne passant pas sur les appareils de projection)…ce qui nous vaudra un résumé et la reprise de toute la fin du premier épisode au début du second…ARGH !!! Une pure curiosité, mais absolument pas indispensable.
