Xavier Chanoine | 2 | Histoire toujours aussi belle, mais une adaptation sans aucun intérêt |
Aurélien | 0.5 | Malgré un matériau de départ solide, réussit l’exploit d’être minable en tout p... |
Anel | 2.5 |
On pourrait poser la question des dizaines de fois à Jingle Ma quant à l’intérêt de faire une énième variation de la légende des papillons amoureux, il nous répondrait qu’au cinéma seul Tsui Hark s’en était réellement occupé jusque là et mettrait de côté toute allusion visant à adapter cette histoire tragique pour faire du pognon au détriment de tout surpassement artistique. Cette donne est tout à fait probable dans la mesure où il est difficile voir impossible de se surpasser sur ce plan avec une équipe pareille et des ambitions douteuses, la légende ayant été adaptée récemment par Chen Jun-Liang pour la télévision et diffusée sur GZTV en 2007 où elle connu un immense succès. D’où l’idée d’en causer de nouveau en format long-métrage, d’y faire jouer Charlène Choi dans le rôle de Zhu et le navet Wu Chun dans celui de Liang, en voilà qu’elle est bonne l’idée. Malheureusement il faut se rendre à l’évidence très rapidement, Butterfly Lovers est la définition même du film superficiel à tous les niveaux traitant son sujet sans une once d’émotion, accumulant les clichés romantiques les plus lourdingues et ricanant là où il ne faut pas : c’est officiel, le film ne dispose pas de vraie direction d’acteurs, en témoigne les pitreries enfantines insupportables de Charlène Choi qui n’est convaincante que lorsqu’elle est à l’horizontal les bras croisés, ou Wu Chun qui tente désespérément de montrer sa colère alors qu’il fronce les sourcils avec un sourire au coin. Ne parlons pas de Hu Ge, le grand amoureux Ma qui n’a de mauvais que son vilain comportement d’homme désirant à tout prix se marier avec la pauvre Zhu, qui elle, n’a rien demandé. Alors que ce dernier la menace de faire pendre ses parents, il lui confiera en larmes après qu’elle se soit suicidée : « tu croyais vraiment que j’allais tuer tes parents ? ». Voilà ce qu’est le grand vilain de l’histoire, un simple gosse incapable de tenir ses promesses !
Plus sérieusement, les amoureux de la légende des papillons in love peuvent passer leur chemin dans la mesure où ils n’apprendront strictement rien de plus. Du côté des fans de The Lovers de Tsui Hark, ils pleureront leur maman face à la stylisation tendance du film et son approche incroyablement naïve du sujet, reléguant les « clichés » du chef d’œuvre du barbichu à l’état d’expérimentations sensorielles. Alors que la belle naïveté touchante du duo Charlie Young/ Nicky Wu faisait mouche, la complicité des deux gugusses d’aujourd’hui ne reste qu’à l’état de bons potes un peu moqueurs dont on se fiche éperdument de leur sort puisqu’ils jouent mal et n’intéressent personne. Les scènes censées rapprocher les deux êtres n’ont aucun impact émotionnel (les dessins des papillons sur le sabre de Liang, l’espace fleuri multicolore, les soins prodigués sur Zhu…) et même le destin tragique des deux personnages, qui donne en temps normal tout la saveur à la légende, est amenée de manière bien trop brute parce qu’enfouie dans une intrigue de mariage arrangé elle aussi enfouie dans une sombre affaire criminelle orchestrée par le futur mari dont on ne saura pas grand-chose de plus si ce n’est qu’il a un mauvais fond. Voilà les ambitions de Butterfly Lovers, afficher un Roméo, un loup et une victime, les faire s’entredéchirer (Zhu s’obligeant à mentir sur ses sentiments pour sauver Liang), dérouler quelques scènes d’action plutôt bien fignolées par Ching Siu-Tung, tourner en scope en dressant de jolis paysages exotiques « typiquement chinois » en guise de background à l’identité immédiatement affichée, et bosser plutôt pas mal sur la lumière (superbes séquences de nuit) et la direction artistique d’ensemble pour faire croire à ce que Butterfly Lovers n’est pas, à savoir un bon film. La légende reste la même, toujours aussi belle et naïve, mais le traitement indigeste –dont une première demi-heure honteuse- et l’interprétation à côté de la plaque agacent, gênent, frustrent. Des papillons discount, un enrobage clairement trompeur, même le thème musical (créé par He Zhan-Hao et Chen Gang en 1958) intervenant lors de la dernière scène ne suffit pas à nous redonner un peu d’espoir, là où il nous avait fait fondre en larmes chez Tsui Hark. C’était mieux avant ma p’tite dame.