L'heureux élu
LA révélation du dernier Festival de Berlin.
C'est par le biais d'amis en commun, que le réalisateur Kazuhiro Soda a appris – depuis New York – la candidature sous les couleurs du parti libéral démocratique d'un ancien camarade de classe. Il n'arrive pas à croire ses oreilles, ayant partagé force nuits et moment avec ce qu'il considère un bohémien, en marge du système conservateur. Débarquant de suite au Japon avec sa caméra, il obtient autorisation de suivre le candidat Kazuhiko "Yama-san" Yamauchi dans son incroyable périple électoral.
Le documentaire es incroyablement drôle – mais également terrifiant: comment ne pas rester insensible à cette naïveté candide de celui qui avoue lui-même ne rien connaître à la politique, n'a aucune idée quant à comment s'y prendre pour améliorer les choses et rêve de pouvoir exposer sa collection de timbres et de pièces de monnaie une fois élu. Il est la risée de ses aînés, mais surmonte toutes les épreuves les plus humiliantes pour tenter de décrocher son poste. Il n'a pas peur de se lancer dans des discours politiques enflammés devant une assistance…nulle ou uniquement constituée de jeunes enfants; à serrer toutes les mains et à courir partout à la fois.
Terrifiant, car il fait froid dans le dos de croire – en ces temps d'élections – que des telles personnes puissent effectivement arriver à nous gouverner. Et l'écrasante (et l'implacable) "machine" mise en place par l'actuel gouvernement japonais, le LDP.
Le documentaire n'épargne rien, ni personne et réussit à s'immiscer jusque dans le lit (et l'intimité) du couple constitué par le candidat et de sa femme (au foyer…). Un édifiant témoignage, jusque dans son incroyable dénouement, faite de nouvelles réprimandes.