ma note
-/5

moyenne
2.96/5

China Girl

nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 2nombre de notes: 3nombre de notes: 4nombre de notes: 1nombre de notes: 0nombre de notes: 0

les avis de Cinemasie

1 critiques: 2.75/5

vos avis

9 critiques: 2.78/5



Ordell Robbie 2.75 un Ferrara moyen mais intéréssant
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


un Ferrara moyen mais intéréssant

A l'époque de China Girl, Abel Ferrara n'est plus le cinéaste qui avait offert un portrait noirissime de la condition de la femme newyorkaise dans son superbe Ange de la Vengeance et un polar d'action eighties réussi avec un New York Deux Heures du Matin le plus souvent impersonnel qui aura en tout cas immortalisé la Mélanie Griffith pré-liftings dans un rôle stripteaseuse. Il venait juste de faire le mercenaire pour la télévision américaine afin de pouvoir financer des projets plus personnels. China Girl marque donc les retrouvailles de Ferrara et de son scénariste Nick St John dans une oeuvre pas totalement aboutie mais annonciatrice de ce qui fera ses chefs d'oeuvre des années 90. En apparence, le film sacrifie pourtant à l'air du temps eighties: acteur principal entre Rob Lowe et Matt Dillon avec look "marcel" afférant, combats de rue et reprise de clichés West Side Story avec une photographie très vidéoclip, donc rien qui ne le distingue du tout-venant de la série B commerciale. Sauf que Ferrara, sous couvert de satisfaire à un cahier des charges, réussit à faire ressortir la dimension politique derrière les clichés, chose déjà faite dans l'Ange de la Vengeance avant d'être transcendée par King of New York: le plan d'ouverture est hautement ferrarien, montrant au travers de la transformation d'un restaurant italien en restaurant chinois la passation de pouvoir symbolique entre deux clans mafieux newyorkais, qui plus est au travers d'une lame effaçant une inscription italienne sur la vitre. Lorsque Ferrara descend dans une boite de nuit qui est un lieu de croisement des communautés de New York, on pourrait encore croire aux clichés eighties sauf qu'au travers de la rencontre du jeune Italien et de la Chinoise sur la piste et des réactions qu'il suscite Ferrara pose cet amour naissant et vital comme un élément perturbateur de deux ordres communautaires. Plus loin, Ferrara fera de cette relation un défi aux mafias des deux communautés mais au travers de ces deux mafias renvoyées dos à dos Ferrara vise ce qui selon lui la source de ces systèmes claniques refermés sur eux-mêmes, la famille, anticipant en cela Nos Funérailles (très évident dans la scène du recueillement devant le cadavre d'un mafieux mort annonciatrice de l'ouverture de cer dernier film). Côté chinois, la jeune fille est victime d'un système patriarcal perpétué par son frère qui joue les protecteurs posessifs et l'empêche de sortir, hostile qui plus est aux amours interraciales. Côté italien, son jeune amoureux se révolte contre le mépris de ses proches pour les Asiatiques et refuse un monde où la mort d'un membre de la famille est lavé par le sang. Sauf que les personnages ne sont pas pour autant caricaturés: de chaque côté, les clans mafieux sont partagés entre les adeptes de la guerre urbaine et ceux qui préfèrent une certaine forme de paix sociale entre communautés et de travail "propre", le film problématisant ainsi la question de la transmission entre les générations de gangs des codes d'honneur. La vision ferrarienne est de ce point de vue assez pessimiste côté chinois vu que ceux qui en sont chargés réagissent soit par le refus d'assumer l'héritage, soit par le désir de retourner au pays. Côté italien, elle est prise en charge par le personnage du jeune amoureux. Outre ses clichés visuels très datés, la limite du film est qu'il lui manque ce qui fait la force des meilleurs Ferrara: le cinéaste n'adhère pas à la passion amoureuse de ses personnages comme il le fera pour la rédemption de son Bad Lieutenant, le score eighties plombe le potentiel lyrique des situations, il y a quelques fulgurance formelles mais beaucoup moins que par la suite, les combats de rue sont filmés correctement mais sans génie et surtout les acteurs qui ne jouent que bien empêchent le film de décoller comme peuvent le faire les collaborations du cinéaste avec Harvey Keitel et Christopher Walken.

Au final, le film n'est ni un Ferrara impersonnel mais réussi (New York Deux Heures du Matin, Body Snatchers), ni un chef d'oeuvre (King of New York, Bad Lieutenant, Nos Funérailles), ni navrant (the Blackout, Cat Chaser), ni excellent (le reste de sa filmographie). Seulement un Ferrara moyen. Mais le film a malgré tout le mérite de faire un vrai commentaire social critique vis à vis du communautarisme là où l'Année du Dragon est plutôt un film sur la rapport de l'Amérique et de ses minorités aux mythes fondateurs de la nation.



19 mai 2003
par Ordell Robbie


info
actions
plus
  • liens
  • série/remake
  • box office
  • récompenses
  • répliques
  • photos
  • bande annonce
  • extrait audio