poésie et emotion valent ils mieux que la peur dans un film de fantôme?
Ce qu'il y a de chiant avec une film d'horreur c'est quand il ne fait pas peur, heureusement pour lui the coffin propose quelque chose d'autre, atmosphérique et touchant il propose de bien beaux moments. Ce qu'il loupe dans ses scènes d'horreur (mise à part une scène de crémation assez forte et certaines idées bien malsaines), il le gagne dans ses moments oniriques, dures et émouvants.
On y parle plus d'acceptation de la mort, de responsabilité fasse à nos fautes que de malédiction à lever. Réaliser avec classe, sobriété ettalent (hormis donc des scènes qui ne font pas peur), le film sait pousser à la larmichette en quelques plans simples accompagné de quelques notes lâchées en finesse. Bref the coffin est une petite pépite bien plus intéressante que toute les resucées de the ring.
Vite enterré
Le réalisateur thaïlandais UEKRONGTHAM Ekachai, basé à Singapore, a connu son heure de gloire avec le succès (mérité) de son premier film, "Beautiful Boxer", une chronique assez larmoyante adaptée de l'histoire vraie d'un champion de la boxe thaïe, qui va changer de sexe.
Son second long a pris tout le monde de court. Essai auteurisant, tourné clandestinement dans les quartiers chauds (censés ne pas exister dans la réalité) de Singapore, son approche documentariste, caméra à l'épaule et incluant une scène de sexe non dissimulée était à mille lieus de l'image hypra-lechée et des sentiments dégoulinants de son premier; malheureusement – et malgré sa sélection dans une section parallèle du Festival de Cannes 2007, le film n'aura fait aucun bruit et prend désormais la poussière dans les tiroirs d'un distributeur français; faut dire, que le film n'était pas une vraie réussite et manquait singulièrement d'un vrai parti pris ou du moins d'un point de vue engagé de la part du réalisateur.
C'est donc vers un cinéma plus commercial, que se tourne à nouveau UEKRONGTHAM. Il réussit étonnamment à décrocher une bourse au Festival de Rotterdam, bien que son projet ressemble déjà furieusement à une énième variation du film de fantômes toujours populaire en Thaïlande et dans la plupart des autres pays de l'Asie. Tout juste saluera-t-on le nouvel effort de faire de Singapore une nouvelle plaque tournante de l'industrie cinématographique asiatique en en faisant une coproduction entre Thaïlande, Singapore et Hong Kong; ce qui mène d'ailleurs à un casting fort intéressant opposant au générique la vedette thaïe montante Ananda Everingham à la toujours pétillante (et largement sous-employée) Karen Mok.
Le plan d'ouverture semble donner le ton à un film de fantômes réalisé par un metteur en scène en plein pouvoir de ses moyens: on y voit, pris de haut, un temple thaï de toute beauté avec des centaines de cercueils, qui serviront à une désormais traditionnelle cérémonie locale, qui fait que tous les participants montent pour un court moment dans un cercueil pour "tromper la mort" et demander la réhabilitation de la personne DANS le cercueil ou un proche. La suite n'en est pas moins alléchante avec la scène onirique d'Ananda tentant vainement de rattraper une mystérieuse jeune femme sur une butte avec – au loin – une mystérieuse bâtisse. Le parallèle avec la séquence du rêve du landau dans la mère de "Rosemary's Baby" n'est pas loin et les efforts du personnage masculin d'avancer, alors qu'il semble retenu par une force supérieure invisible rappelle furieusement un classique du cauchemar de la plupart des humains.
Hélas, la suite n'est pas du même acabit et tombe dans une intrigue du film de fantômes ultra classique; soit l'esprit tourmenté d'une morte, qui hante les personnages pour leur demander réparation d'une injustice. Il y a du long cheveu noir, il y a de l'abus de soudains inserts dans le cadre, rehaussés par une musique poussé à fond pour faire sursauter…il y a rien de nouveau à l'horizon. Les acteurs cabotinent rapidement, ne sachant plus comment rendre crédible des situations extrêmes tirées par les cheveux et le réalisateur bataille ferme pour tenir…110 minutes quand même !!
Devant l'accueil plus que réservé de la presse et de la critique, les producteurs ont tôt fait de retirer le film de l'affiche, réduisant les deux passages au marché à une seule – peau de chagrin. Il est sûr, que nombre d'autres productions auraient davantage mérité ce sort peu enviable; en revanche, il est clair, qu'UEKRONGTHAM est loin de révolutionner le genre.
Et de se mettre dorénavant dans la difficile situation d'intéresser d'autres éventuels investisseurs à ses prochains projets après s'être planté autant dans le domaine de l'art & essai (circuit festivalier, marché international) et commercial (marché asiatique / local / le plus de débouchés…).