Un film trop long, trop linéaire, sans tensions dramatiques, aux effets spéciaux ratés et de piètre qualité...Bref une grosse déception. Reste Chow Yun Fat qui fait de son mieux pour sortir la tête haute de ce naufrage, mais cela ne suffit pas.
De la confusion des sentiments
Une biographie (romancée) de Confucius ? Pourquoi pas, les occidentaux adorant remettre eux aussi au goût du jour nombre de figures historiques parmi les plus influentes des siècles passées, un réservoir potentiel inépuisable également pour les chinois…
Et pour "vulgariser" le personnage de Confucius, les chinois ont mis les moyens. Un casting 4 étoiles, dont Chow Yun-Fat, obligé ces dernières années de multiplier les incursions dans le cinéma chinois et hongkongais pour continuer à pouvoir se payer le train de vie américain, un budget digne des plus gros blockbusters, des milliers de figurants et la réalisatrice chevronnée Mei Hu derrière la caméra.
Le résultat ? Un biopic, comme on était en train de s'y attendre, worldwide public friendly avec une bonne dose de sirop et de glucose pour faire passer la bouillie…J'en veux pour preuve toute la première partie du film, qui en jette plein la gueule…Le premier plan est également la fin du film avec un Chow Yun-Fat grisonnant, presque aussi ridicule dans son accoutrement que dans celui de son personnage de "Dragonball Evoplution", mais qui réussit instantanément à charmer son public avec son petit sourire narquois au coin des lèvres. Décidemment, il pense tenir là le rôle de sa vie et vise l'Oscar (chinois) en fixant intensément un paysage que l'on dirait tout droit sorti de chez "Avatar" avec chute d'eau et bestioles qui volent au loin…
Ensuite on s'en prend plein la gueule (sur grand écran) avec une multiplication de décors, costumes et personnages grandioses…Et à Mei Hu de prouver une nouvelle fois, qu'elle est bien meilleure plasticienne, que conteuse d'histoires…Curieusement, la première partie est pleine de bruit et de fureur et un instant on pourrait se poser la question, si on ne s'est pas trompé de salle: ça spécule et gesticule, ça complote et ça manigance et on assiste même à des attroupements de nombreuses forces militaires pour la conquête du territoire chinois…Les affrontements restent (malheureusement) chiches et l'on apprend, que Confucius, avant d'avoir été le sage érudit, s'est fait un nom en tant que conseiller militaire et a même su remporter des grandes batailles par la seule force de ses mots…et quelques subterfuges malicieuses…Soit…
Démarre finalement la seconde partie, du coup beaucoup plus mollassonne. Confucius est forcé à l'exil et va sillonner les routes en compagnie de ses disciples pour prêcher la bonne parole…La partie plus attendue, quoi, sauf qu'à force d'en mettre plein la vue dans la première partie, on trouve rapidement le temps trop long, surtout qu'aucun des personnages ne soit suffisamment bien esquissé pour que l'on puisse s'y attacher vraiment. Confucius…eh bien…est habité par Chow Yun-Fat, qui n'a jamais été un grand acteur, mais juste un personnage extrêmement charismatique, surtout quand il tient deux flingues dans chaque main…Désolé, mais je n'ai jamais pu voir au-delà de son personnage de scène, comme je n'arrive pas à me détacher de la "bête de scène" Depardieu pour voir en lui un Dumas…
Du coup, toute cette partie dramatique tombe curieusement à plat et notamment dans cette impressionnante scène de la traversée d'un lac gelé (vu mieux dans un récent film russe de heroic-fantasy) avec un énorme rebondissement, qui se serait voulu émouvant, mais est tué dans l'œuf par l'absence de tout pôle identificateur et la surenchère des gros sentiments pathologiques…
La promesse d'un combat titanesque est désamorcé en deux plans, trois mouvements avant de s'achever sur le plan "Avatatr-esque" et des nombreux tableaux explicatifs, célébrant "Confucius" comme LE philosophe le plus grand de tous les temps, connu dans le monde entier, célébré dans le monde entier, admiré dans le monde entier, essentiellement parce qu'il est…chinois…Bref, le type de martelage assez mignon, lorsqu'on le prend au 2nd degré, mais qui peut également donner quelques frissons dans le dos à force de matraquage de bonne pensée…même si les américains sont également très forts en la matière…
A noter, que le film a été loin d'avoir convaincu ses patriotes et ce malgré les gros efforts du gouvernement chinois, qui sont même allés jusqu'à retirer "Avatar" (version 2D) dans la plupart des cinémas pour tenter de promouvoir massivement la sortie de leur propre film…mais peine perdue. Le public chinois a tranché en plébiscitant largement le mega-blockbuster ricain…La leçon d'Historie ne revient finalement pas à celui que l'on pensait…Peut-être que si les faiseurs de "Confucius" avaient su davantage miser sur la force des mots, plutôt que les actes vains auraient-ils pu perpétuer plus sagement la parole de leur philosophe…
