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Corbeaux et moineaux
les avis de Cinemasie
1 critiques: 2/5
vos avis
2 critiques: 3.75/5
Oiseau trop vieux...
Corbeaux et Moineaux n'est pas indigne d'intéret d'un point de vue historique en tant que témoignage de la Chine de l'immédiat avant-Communisme. Tout en n'étant pas directement pro-communiste, le film dépeint le Parti Nationaliste comme un fléau social tout en voyant dans n'importe quel changement une voie vers des jours meilleurs. D'où sans doute les démelés du film avec la censure de l'époque. Une fois la portée politique évacuée, passons au cinéma. Et malheureusement de ce coté-là le film a pris un énorme coup de vieux. Il a parfois été comparé au courant néoréaliste. Si ceci peut se défendre d'un point de vue du sujet abordé, c'est beaucoup moins le cas en terme de traitement. La mise en scène fait ainsi souvent dans un classicisme planplan, usant par exemple à répétition de caméras s'approchant ou s'écartant des personnages pour souligner l'émotion au point que ça vire au procédé artificiel. Quant à la direction d'acteurs, elle n'est pas catastrophique mais se caractérise par un vrai manque de naturel. Considéré comme un classique du cinéma chinois, Corbeaux et Moineaux serait finalement à nos yeux un script néoréaliste filmé comme du cinéma de papa.
En avant le communisme !
Rare témoignage de la trouble époque de l'immédiat après-guerre d'une Chine secouée par la misère et l'instabilité économique.
En montrant le combat mené par les habitants d'un immeuble face à leurs propriétaires les menaçant d'une prochaine expulsion, les réalisateur montre les différentes couches sociales sous un même toit :
Les propriétaires (dont la femme n'est pas sans rappeler un prototype des futures mégères dans "72 Tenants" et "Crazy Kung-Fu") caractérisent les vilains nationalistes corrompus, abusant de l'état de confusion et de leur position de hauts fonctionnaires et tentant même d'abuser - le cas du mari - d'une pauvre locataire.
Ensuite, les commerçants, tentant de racheter l'immeuble et se faisant irrémédiablement "avoir" par leurs propriétaires nationalistes (et - par extension - capitalistes, puisque doué en matière d'affaires).
Viennent ensuite les couches sociales un peu plus pauvres, jusqu'à l'honnête enseignant, accusé de batifoler avec les idées communistes.
Ce qui surprend est le ton faussement enjoué au sein d'une comédie dramatique que l'on devine entièrement ciblée à un vaste public. Les accusations fusent, la Chine (et ses habitants) ne sont certainement pas montrés sous leur meilleur jour et les scènes de foule sont impressionnantes. Un rare témoignage donc de l'état de confusion de la Chine dans l'immédiate après-guerre, où un chacun tente de survivre tant bien que mal.
Passionnant également le portrait (indirect) du communisme : l'enseignant (représentant de la culture et de l'enseignant des générations à venir) paye le prix fort pour avoir (prétendument) sympathisé avec les idées communistes, mais survivra à son emprisonnement (par les méchants nationalistes) pour avoir su garder foi en sa famille. La communauté constituée par les habitants de l'immeuble très partageurs représente en elle-même tous les signes d'une communauté communiste; et le slogan en fin de film semble réserver un chaleureux accueil au communisme prêt à déferler (libérer) sur la ville.
Discours quelque peu douteux connaissant la suite de l'Histoire à venir; mais c'est avant tout les quelques raccourcis scénaristiques enjolivées, qui nuisent le plus à l'ensemble. D'une dramaturgie tire-larmes à toute épreuve, une crise de pneumonie, une servante accusée de vol, un vieux menacé d'expulsion et un père emprisonné sont tous résolus en moins d'une minute pour ne pas laisser le spectateur trop dans une représentation trop déprimante. Tellement surréaliste, que cela en devient risible et entache un film qui prenait une réelle tournure et noirceur inattendues.
Effectivement, la réalisation académique dessert également un propos autrement plus engageant.
Reste un film, qui a pourtant étonnamment bien vieilli et présente une Chine encore loin du conformisme et de l'endoctrinement dont elle sera victime très peu de temps après.