aurait pu être une bonne surprise - dommage
J'avoue que j'attendais vraiment rien de ce film, dont j'avais acheté le DVD par pur fan-service (y a
Tian Yuan dedans, ça me suffit). En plus, faut dire ce qui est, à la vision de la jaquette et du titre, ça sent quand même le film d'horreur à la mords-moi-le-noeud. Et dire que j'ai failli avoir tout faux.
Parce que l'entame est extrêmement prometteuse. Sur le plan de la mise en scène tout d'abord, les premières scènes sont vraiment bien foutues, dynamisées par un montage qui ne confond pas vitesse et précipitation tout en insufflant un rythme à l'ensemble. Et la photo est plutôt jolie. Et bon point pour le film et sa capacité à capter l'interêt du spectateur : cette mise en place des personnages est délicieusement ambigue, parsemée de hors-champs et d'ellipses. C'est donc dans un climat de méfiance généralisée que commence à s'épanouir le film et que se dévoilent progressivment les enjeux.
Curse of Lola est donc un thriller. Et si sur ce plan là les chausse-trappes qui habitent son scénario ne font pas figure originale (même si comme dit plus haut elles sont parfaitement mises en place),
Curse of Lola adopte en tant que thriller une esthétique fort intéressante : à contre-pied de ces films d'horreur (asiat' entre autres) récents qui font tout pour se contruire une apparence de réalité et épousant donc une esthétique de thriller par dessus une mécanique horrifique (hum... vous voyez où je veux en venir),
Curse of Lola revet le temps de plusieurs scènes la parrure du fantastique, tout en conservant sa narration de thriller. Ce visage fantastique prend plusieurs formes, de l'esthétique quasi-victorienne (les couloirs de l'opéra aux allures de manoir hanté ou encore les rues nimbées de brume éclairées par de rares lampadaires) à une horreur plus stylisée rappelant parfois le théatre d'ombres (en particulier lors des parties théâtrales) en passant par les apparitions furtives du "tueur" qui évoquent un fantôme. C'est finalement annecdotique, mais donne incontestablement du relief à l'ensemble.
Mais c'était trop beau pour être vrai, et sur sa seconde moitié le film va perdre une à une ses qualités, et finalement sombrer dans le quelconque. La mise en scène se fait moins engagée, moins affirmée. C'est quand même un comble de voir le nombre de réalisateurs qui laissent tomber la mise en scène au moment où il faut commencer à expliquer le film et démeler les fils de l'intrigue. Surtout que cette intrigue commence à montrer quelques signes de faiblesses. Par exemple le passé qui hante l'héroïne se révèle totalement inutile, et son explication tombe comme un cheveux sur la soupe. Dans une moindre mesure, l'aboutissement du climat paranoïaque mis en place tombe un peu à plat, alourdi par une grande répétitivité des interactions entre les personnages (elles sont toutes jalouses les unes des autres, chacunes leur tour, c'est lassant). Et finalement le dernier dénouement est expédié à la va-vite, en deux trois plans trop mal conçus pour réelement toucher au but.
Reste quand même une avant-dernière scène (en fait un unique plan d'une demi douzaine de seconde) adorablement troublante, artificielle et belle. Mais comme si elle devait symobliser le film dans son ensemble, elle ne peut s'empêcher de se vautrer dans ses deux dernières secondes.
C'est vexant.
Pas si mal...
On s'attend à un petit film tout convenu et on a une bonne petité surprise. Le film se parrant d'une musique et d'une ambiance "léchée" on se prend vite dans ce scénario tout simple qui sans fioriture ni prétention nous fait passer un moment plus qu'agréable. La réalisatrice, mérite certainement de bien meilleurs projets, et de scripts un peu plus épais pour montrer l'étendu de son talent indéniable. On attend impatiemment la suite...
Fantôme hitchcockien de l'opéra
Voilà les prémisses du futur cinéma chinois en devenir : écrit, réalisé et tourné en Chine, seuls quelques fonds, membres de l'équipe technique et Francis Ng dans le rôle titre font de ce film une production HK. Or, le résultat à l'écran ressemble à 100 % à un pur produit chinois…
Ou plutôt un drôle de mélange; car force est de constater, que le sujet et la réalisation semblent relativement novateurs pour un cinéma autrement plus stylisé.
La réalisatrice Li Hong fait partie de cette nouvelle génération de cinéastes en devenir, cherchant à insuffler un renouveau dans le cinéma du grand Continent. Si son histoire de mystérieux tueur sévissant dans les coulisses d'une revue de danse n'est pas très original pour les occidentaux, il constitue pourtant une sorte de mini-révolution au sein du cinéma chinois : la réalisatrice ose montrer des meurtres, du sang et même une esquisse de scène d'amour.
Construit sur la base d'un "whodunit" (qui est le coupable ?), elle réussit à emballer un classique thriller aux maints rebondissements pour tenter de dévoiler petit à petit l'identité du vrai coupable.
Relativement classique dans sa forme parmi les nombreux exemples du cinéma (voire de la télé) occidental, il est en revanche beaucoup plus rare de voir une telle production au sein du cinéma chinois.
Pour une première, le résultat est tout à fait honorable : tous les ingrédients nécessaires au genre sont présents; la réalisation et les acteurs sont impeccables; ne manque juste un semblant d'originalité pour distinguer ce produit des nombreuses autres productions de même acabit.
La réalisatrice se permet même d'emballer quelques séquences, comme si les meurtres étaient le fait d'un fantôme – genre strictement interdit en Chine à l'heure actuelle !!!
"Curse of Lola" est donc un honnête thriller sans grande surprise, mais réussi dans sa forme et sa résolution; en revanche, il constitue un nouveau pas en avant dans la progression actuelle de la cinématographie chinoise…
(Dans le rôle titre – et interprète de la chanson de générique de fin – la chanteuse du groupe "Hopscotch", précédemment vue dans "Butterfly" de Yan Yan Mak).