Artistiquement hasardeux et sans intérêt
Premier essai catastrophique de la part de Kawase, qui s'essaya au documentaire en cette belle année 92. La raison? Difficile de la trouver. Portrait autobiographique filmé avec les panards, prétentieux et poussif dans ses intentions de reconstruire ses relations familiales, notamment avec son père qu'elle n'a jamais rencontré, Kawase plonge dans les tréfonds de l'autosatisfaction plus que de la satisfaction à l'encontre de son spectateur, et l'on pourrait caractériser
Dans ses bras de "mémoire" familiale et uniquement familiale, guère prêt à franchir les portes des distributions internationales, le fait à un manque cinglant d'intérêt. La mode du "je commente à peu près ce que vous voyez, c'est comme ça et puis c'est tout" agace, la direction artistique demeure absente et la symbolique mystérieuse des nombreuses photos est aussi légère qu'un trente tonnes sur la route 66. Cet ensemble contribue à la non-réussite de l'oeuvre, manquant d'humilité et de charme, la seule note touchante étant ce premier contact téléphonique entre Naomi-san et son père. Son hésitation naturelle s'avère même intense. En dehors de cet acte final vraiment réussi,
Dans ses bras est un documentaire qui a oublié l'essentiel : être regardable et un minimum instructif.
Déjà dès son premier film…
Kawase Naomi est une drôle de fille ; solitaire, taciturne, elle décide à 23 ans de tourner son premier film en 1992 sur … elle-même, à travers un journal intime retraçant ses hésitations à rencontrer son véritable père. Dans un registre similaire, Rémi Lange avait, avec Omelette (1999), tenté de décrire sa déclaration d’homosexualité à sa famille à l’aide de sa caméra super 8 : l’intérêt résidait dans la réaction potentiellement violente de ses parents, mais devant leurs remarques compréhensives et bienveillantes, cet intérêt retombait comme un soufflet. Kawase, elle, ne fait pas le moindre effort pour susciter l’attention de son spectateur : lorsqu’elle commente la situation en voix off, elle ne parle finalement qu’à elle-même, comme si elle seule était concernée par ce travail filmique expérimental. Alors, cette narration intime bascule inexorablement dans le narcissisme et le prétentieux. En entrecoupant la recherche de son père par des plans tremblants et maladroits censés matérialiser des souvenirs ou des pensées (photos d’enfance, fleurs, herbe, chaussettes sur la corde à linge,…), elle ne réussit qu’à créer la torpeur et l’ennui sans émouvoir pour un sou, avant de conclure son « œuvre » par une queue de poisson. Quant à son traitement très godardien de l’image et du son, il est très rapidement soûlant.
Lorsqu’on visionne ce petit « documentaire » amateur sans saveur, on se demande comment et surtout pourquoi il a réussi à quitter les fonds de tiroir pour atterrir sur une chaîne française une belle nuit d’août.