Xavier Chanoine | 1 | Artistiquement hasardeux et sans intérêt |
Ghost Dog | 0.75 | Déjà dès son premier film… |
Kawase Naomi est une drôle de fille ; solitaire, taciturne, elle décide à 23 ans de tourner son premier film en 1992 sur … elle-même, à travers un journal intime retraçant ses hésitations à rencontrer son véritable père. Dans un registre similaire, Rémi Lange avait, avec Omelette (1999), tenté de décrire sa déclaration d’homosexualité à sa famille à l’aide de sa caméra super 8 : l’intérêt résidait dans la réaction potentiellement violente de ses parents, mais devant leurs remarques compréhensives et bienveillantes, cet intérêt retombait comme un soufflet. Kawase, elle, ne fait pas le moindre effort pour susciter l’attention de son spectateur : lorsqu’elle commente la situation en voix off, elle ne parle finalement qu’à elle-même, comme si elle seule était concernée par ce travail filmique expérimental. Alors, cette narration intime bascule inexorablement dans le narcissisme et le prétentieux. En entrecoupant la recherche de son père par des plans tremblants et maladroits censés matérialiser des souvenirs ou des pensées (photos d’enfance, fleurs, herbe, chaussettes sur la corde à linge,…), elle ne réussit qu’à créer la torpeur et l’ennui sans émouvoir pour un sou, avant de conclure son « œuvre » par une queue de poisson. Quant à son traitement très godardien de l’image et du son, il est très rapidement soûlant.
Lorsqu’on visionne ce petit « documentaire » amateur sans saveur, on se demande comment et surtout pourquoi il a réussi à quitter les fonds de tiroir pour atterrir sur une chaîne française une belle nuit d’août.