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Dark Water
les avis de Cinemasie
1 critiques: 3/5
vos avis
4 critiques: 2.25/5
Un remake qui fait honneur à son original
Evidemment, l’intérêt d’un tel film est forcément limité lorsqu’on a comme moi encore bien en tête l’original japonais de Nakata : on connaît l’histoire, les personnages, les rebondissements, la fin, dur de se passionner. Pourtant, Walter Salles, plutôt habitué aux films d’auteur (Central do Brazil, Carnets de Voyages), parvient à recréer une tension comparable à celle de son modèle, ce qui n’est pas un mince exploit.
Pour ce faire, il s’est tout d’abord entouré d’acteurs confirmés et convaincants : Jennifer Connelly est parfaite en mère courage qui croule peu à peu sous l’accumulation des difficultés, John C. Reilly traîne sa tête frisée rassurante pour mieux masquer l’incompétence de son personnage, Tim Roth est un avocat efficace mais malheureux en amour, Douglas Scott un ex-mari revanchard et Pete Postlethwaite un vieux briscard qui garde l’immeuble en dilettante.
Ensuite, il reste fidèle à l’histoire d’origine, à la manière de la raconter et de faire monter l’angoisse comme Nakata avait su le faire ; ici, pas besoin de gros fantômes qui sortent du placard avec des violons stridents et des effets spéciaux onéreux, mais avant tout une description ancrée dans la réalité sociale de la vie d’une jeune mère divorcée qui suffit en elle-même à provoquer la peur : plus de repères familiaux autre que sa fille de 5 ans, obligation de déménager dans un immeuble sordide de New York à cause de prix du m2 exubérants, petit boulot déprimant et mal payé, problèmes de fuite et travaux qui n’avancent pas, menace d’un divorce qui pourrait lui coûter la garde de sa fille… Rien à dire, le charme du 1er film est bel et bien conservé.
Mes seules réserves iront sur le final : contrairement à Nakata, Salles a préféré éludé tout mystère en expliquant explicitement ce qui est advenu de la mère, simplification un peu dommageable. Sinon, les relations entre cette mère et sa fille sont poignantes et emportent les suffrages. Même si ça ne reste qu’un remake…
Pas convaicant
« Une belle réussite de Nakata, en espérant qu'Hollywood n'en signe pas un remake de plus! » ça, c’était ce que je disais lors de la sortie du « vrai » DARK WATER de NAKATA, mais depuis les producteurs américains ont bien exploité le filon des remakes de films d’horreur nippons, débauchant au besoin les cinéastes originels. Là par contre, c’est Walter SALLES qui s’y colle, précédé par réputation flatteuse de son CARNETS de VOYAGE en 2003.
La qualité première du long-métrage japonais était son grand pouvoir émotionnel, les scénaristes de ce second opus l’ont bien compris, privilégiant à leur tour la force du lien unissant Dahlia Williams à sa fille Cecilia. De même, l’intrigue originelle est respectée, évoluant selon un schéma proche de son homologue nippon.
Mais si cette version se laisse regarder sans déplaisir, on ne peut pas dire qu’elle soit franchement passionnante : le traitement de l’histoire est rarement convaincant.
Si le décor pluvieux d’un quartier oublié de la mégapole new-yorkaise demeure un choix crédible, le ton général est ici bien différent du premier film.
Plus mélodramatique dans son approche, beaucoup plus centré sur le comportement de la mère névrosée à outrance (en n’évitant pas les pièges de la psychologie de supermarché), plus agressif dans les rapports humains à l’image du lieu, mais surtout beaucoup plus explicite, voire explicatif, EAUX SOMBRES (sous-titre français) fait donc dans le plus, pas dans le mieux. Le scénario éprouve ainsi le besoin d’insérer du politiquement correct par le biais de l’avocat, montrant par exemple du doigt l’attitude du gardien de l’immeuble, indigeste digression inutile au déroulement général. Nouvelle preuve de ce besoin américain de désigner un coupable, de préférence à la sale gueule, le pauvre Pete Postelthwhaite jouant alors les affreux de service.
De même, la petite revenante intervient directement dans la vie des deux femmes, d’abord par la voix puis pour de bon, là ou elle ne faisait que planer mystérieusement autour des deux japonaises, cette personnification voulant créer un effet choc qui tombe vite à plat, devenant quasiment un zombie revanchard de plus.
Quant au gimmick du sac rouge Hello Kitty de la morte, il est certes ici utilisé tel quel, mais d’une manière bien moins subtile.
On pourrait continuer longtemps, on aura compris qu’il vaudrait mieux ne pas avoir vu l’original pour éventuellement apprécier celui-là. La quantité ne remplaçant malheureusement pas forcément la qualité, et les américains n’étant pas vraiment réputés pour leurs ellipses scénaristiques, exit donc la poésie macabre et la pudeur émouvante qui baignait le film de Nakata. On se retrouve avec un mélo manichéen vaguement angoissant, mais ne faisant quand même pas bien peur, gommant de surcroît le final originel sans raison valable. L’interprétation repose sur les épaules de Jennifer Connelly, dont le beau visage fatigué ne quitte guère l’écran. Elle assure sans problème dans le registre torturé, habituée aux personnages en marge (voir REQUIEM for a DREAM par exemple), Tim Roth s’est lui fait une tête d’avocat démocrate pour une composition loin d’être inoubliable. Quant à la petite Ariel Gade, loin des insupportables pestes habituelles du cinéma US, elle interprète Cecilia avec une belle fraîcheur, la bonne surprise de cette production.
Dans l’échelle des valeurs des remakes du même genre, DARK WATER se situerait nettement au-dessus des calamiteux LE CERCLE I & II, mais loin derrière THE GRUDGE niveau réussite.
Peut-être DARK WATER, film un peu plus personnel au départ pour Hideo Nakata que ses RING, s’avère-t-il encore plus délicat à retranscrire dans un contexte différent ? EAUX SOMBRES peine en effet tellement à retrouver la beauté sombre de son modèle que l’on peut se demander si ce projet était artistiquement judicieux.