Enchaîné par la violence, libéré par la musique, Duris the Dog.
Sur le même concept que
Danny the Dog, Jacques Audiard livre un film fort donnant à Romain Duris un rôle assez intense dont il se tire avec beaucoup de talent. La comparaison avec le film de Jet Li est évidemment assez absurde, mais quelque part fondée. Les deux personnages principaux y vivent dans un univers de violence, et finissent par en sortir grâce à la musique. La démonstration de Besson est bien sûr complètement irréaliste, celle d'Audiard beaucoup plus ancrée dans la réalité. On appréciera au passage la bonne interprétation de PHAM Linh Đan, et on remarquera l'intelligente absence de sous-titres lors de ses dialogues en chinois. Les mots n'ont alors plus de sens, seule l'émotion dégagée par l'actrice permet de saisir son message. Une scène intéressante dans un film qui ne l'est pas moins. A voir donc.
D’ennui mes yeux se sont fermés
J’avais bien aimé le ton singulier du Jacques Audiard de Regarde les Hommes tomber et d’un Héros très Discret, sans doute grâce à un Kassovitz des plus attachants. Mais ce film-là m’a profondément gonflé. Gonflé d’abord et avant tout parce que ça parle de piano, et qu’après La leçon de piano, Le palanquin des larmes, Le pianiste, La pianiste, ou Danny the Dog, ça commence à bien faire. Le gang des profs de piano a-t-il fait main basse sur la profession de scénariste ? Allez les profs de guitare, on se réveille ! Gonflé aussi parce que je n’ai jamais cru une seule seconde à cette histoire : le personnage incarné par Duris est plutôt crédible en agent immobilier véreux, mais plus du tout lorsqu’il se met au solfège ; la romance avec Aure Atika est traitée de manière totalement superficielle malgré une jolie déclaration d’amour, et n’aboutit à rien sans que l’on comprenne vraiment pourquoi.
Surtout, la vanité du propos m’a irrité. Audiard emploie les grands moyens, les caméras à l’épaule, les dialogues violents, les scènes de castagne, pour faire croire qu’il se passe quelque chose dans son film. Mais il ne se passe rien. Constamment, on se dit « Très bien, et alors ? » et on ne comprend jamais où il veut en venir. C’est usant. Et bien sûr, il est applaudi par « l’élite » comme un film incontournable, très représentatif du cinéma français, qui ose même récompenser du César du meilleur espoir une Pham Linh Dan - au rôle très secondaire - déjà nominée 13 ans plus tôt pour le même titre, et qui n’a quasiment rien fait depuis. Non, le plus représentatif à mes yeux, c’est ce titre, « De battre mon cœur s’est arrêté », monument de prétention dont on ne sait même pas à quoi il fait référence dans le film…
(Pas une) Fausse Note
Incontestablement LE film français de l'année 2005. JAcques Audiard poursuit son étude de moeurs d'âmes écorchées sur la Terre et ne connaît toujours aucune condescendance pour ses personnages. Roamin Duris tient donc son meilleur rôle (et sa plus belle prestation à l'écran) en interprétant une véritable pourriture ré-découvrant un sens à sa vie au contact de la musique. Bien loin des stéréotypes de Besson, son personnage devra apprendre à ses dépens, qu'il est loin d'être le meilleur partout et que les années perdues ne s'attrapent en quelques leçons de piano.
Magistrale (bien que douloureuse) leçon de la vie, le film supporte facilement plusieurs visions pour pleinement apprécier toute l'étendue du scénario et des dialogues finement ciselées et de l'habituel sens du détail d'Audiard.
Tous les rôles sont magistraux, à commencer par Niels Arestrup en (pourriture de) père, Emmanuelle Devos, jusque dans la courte apparition (improvisée) de Mélanie Laurent (Rice Rhapsody), un futur grand talent à suivre!!!
Une bien belle relecture du classique "Fingers" de James Toback.